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Paul Romer, un Nobel de l'économie flamboyant

L'Américain Paul Romer, qui s'est vu décerner lundi le prestigieux prix Nobel d'économie aux côtés d'un de ses compatriotes William Nordhaus, est un économiste flamboyant à la carrière mouvementée, connu pour ses travaux mesurant la part de l'innovation dans la croissance.

A 62 ans, il est actuellement professeur à l'Université de New York où il dirige des recherches sur l'urbanisation et la croissance des villes, plus précisément "sur la manière dont les politiques des pays émergents peuvent utiliser la croissance rapide des villes pour créer des opportunités de croissance économique et s'attaquer aux réformes sociales", selon une biographie officielle.

Il avait quitté en octobre 2016 le monde universitaire pour occuper le poste de chef économiste de la Banque mondiale (BM). Mais ses critiques à peine voilées de l'institution de Washington l'ont contraint à démissionner en janvier dernier et il est retourné à ses travaux académiques à New York.

En cause, ses prises de position sur un rapport phare de la BM, "Doing business", publié chaque année, qui passe au crible le cadre réglementaire s'appliquant aux PME dans 190 économies pour évaluer quels sont les pays les plus favorables au lancement d'une entreprise.

Paul Romer laisse entendre que ce classement est influencé par des considérations politiques, citant un changement de méthodologie pénalisant par exemple le Chili, qui, depuis 2013, dégringole dans le classement uniquement par un effet mécanique.

Avant cela, le bouillant économiste avait déjà suscité la polémique avec un article retentissant, "The trouble with macroeconomics", dans lequel il critiquait ses collègues macroéconomistes, leur reprochant de "faire tourner" des modèles mathématiques sans rapport avec le réel.

Né le 7 novembre 1955 à Denver (Colorado), Paul Romer avait décidé de suivre la voie des sciences économiques pour se distinguer de son père, Roy Romer, "une star montante de la politique dans le Colorado", explique-t-il sur son site.

"Comme de nombreux jeunes qui ont grandi dans l'ombre d'un parent célèbre, je me suis efforcé de prendre une direction différente, étudiant les mathématiques, la physique et la cosmologie", écrit-il.

Passé par les universités de Rochester (New York), Chicago et Berkeley (Californie), l'économiste est aussi connu pour avoir théorisé la "croissance endogène".

Selon lui, considérer la connaissance et l'information comme une ressource crée de la croissance économique. Contrairement aux autres ressources, la connaissance n'est pas seulement abondante, elle est infinie.

Paul Romer, chevelure blanche et larges lunettes noires, se présente aussi comme un entrepreneur. Il a créé en 2001 une start-up proposant des exercices en ligne aux étudiants américains, baptisée Aplia, qu'il a revendue après un certain succès.

En 2002, M. Romer avait par ailleurs reçu le prix Horst Claus Recktenwald en économie. On lui a également décerné le prix Distinguished Teaching de la Stanford University's Graduate School of Business en 1999.

Bien que son nom ait été cité plusieurs fois parmi les potentiels lauréats du Nobel, Paul Romer a expliqué qu'il n'avait pas décroché son téléphone aux premiers coups de fil reçus au petit matin, croyant à des appels commerciaux. C'était l'Académie royale des sciences.

"Je ne le voulais pas, mais je l'accepte", a-t-il alors déclaré, dans un sourire.

William Nordhaus et Paul Romer ont été récompensés pour leurs travaux qui répondent "à des défis parmi les plus fondamentaux et pressants de notre temps: conjuguer croissance durable (...) et bien-être de la planète", a indiqué l'Académie.

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