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Arsenal-CSKA Moscou: un match sur fond de crise diplomatique

Le club londonien d'Arsenal affronte jeudi soir le CSKA Moscou en quart de finale d'Europa League, un match aller dans la capitale britannique qui pourrait transposer sur le terrain sportif les relations diplomatiques tendues entre le Royaume-Uni et la Russie.

L'empoisonnement avec un produit innervant d'un ex-agent double russe et de sa fille début mars en Angleterre domine l'actualité britannique depuis plusieurs semaines. Mais certains fans d'Arsenal assistant à la rencontre choc jeudi soir disent en faire fi, préférant se concentrer sur l'enjeu sportif.

"Comme la plupart des supporters de football, vous mettez des oeillères et vous vous intéressez seulement à l'aspect sportif", confie Barry Dixey, membre de l'Association des supporters indépendants d'Arsenal (Arsenal Independent Supporters Association ou AISA). "La victoire est plus importante, je pense".

Sergueï Skripal et sa fille Ioulia ont été retrouvés inconscients sur un banc de la paisible ville de Salisbury, dans le sud-ouest de l'Angleterre, après une attaque dont la responsabilité est attribuée à la Russie par Londres et ses alliés. Moscou nie toute implication dans cette affaire, qui a débouché sur une vague d'expulsions croisées de diplomates.

Il n'empêche, le match est placé sous surveillance de crainte d'incidents. Quelque 500 fans du CSKA Moscou sont attendus à l'Emirates Stadium et des médias russes ont évoqué la possibilité qu'ils portent des t-shirts arborant le slogan "Novitchok tour - 2018", du nom de l'agent innervant d'origine soviétique utilisé selon Londres.

L'ambassade de Russie à Londres a aussi prévenu la semaine dernière que les fans russes seraient confrontés à une "forte probabilité d'attitudes anti-Russe" en raison "de la rhétorique de plus en plus menaçante du côté britannique".

- 'La politique aux politiciens' -

Le vice-Premier ministre russe chargé des Sports Vitali Moutko a affirmé jeudi qu'en raison de l'affaire Skripal, les services de sécurité russes et britanniques ne coopéraient pas sur les problèmes sécuritaires dans le cadre de la rencontre, ni pour le match retour la semaine prochaine.

"D'habitude, nous nous préparons (conjointement) pour de tels matches en coulisses", a-t-il dit. "Mais maintenant, bien sûr, cela ne se produit pas. Notre ministère de l'Intérieur n'a reçu aucune réponse à nos demandes de visiter (Londres)".

Interrogé par l'AFP, le ministère de l'Intérieur britannique a renvoyé vers la police londonienne, la Metropolitan Police. Un porte-parole de cette dernière a répondu avoir mené "une évaluation complète des risques" et avoir mis "en place une stratégie policière proportionnée".

John Williamson, un fan inconditionnel d'Arsenal de 58 ans, suit le club partout dans le monde depuis 1969. Il a dit ne pas avoir hésité une seule seconde avant de réserver son billet pour le match retour à Moscou, avec un groupe d'une dizaine de supporters. Ce sera sa quatrième visite dans la capitale russe.

"Je sais donc à quoi m'attendre là-bas", explique-t-il. "D'habitude il n'y a pas de problème" mais "il y a bien sûr un peu d'appréhension à cause de ce qui se passe entre les deux pays", concède-t-il.

Les tensions ont toutefois une répercussion sur son portefeuille: le manque de personnel à l'ambassade de Russie à Londres après l'expulsion de diplomates signifie qu'ils doivent demander des visas d'urgence leur coûtant 186 livres (environ 213 euros) au lieu des 108 livres habituels (123,5 euros).

Avant le match, l'entraîneur français d'Arsenal, Arsène Wenger, avait dit espérer que les relations diplomatiques "compliquées" entre le Royaume-Uni et la Russie n'affecteraient pas les deux rencontres. Son homologue au CSKA Moscou, Victkor Goncharenko, a abondé: "Laissons la politique aux politiciens".

La crise a également soulevé des craintes sur la sécurité des supporters anglais en Russie, qui organisera la Coupe du monde du 14 juin au 15 juillet. Londres a prévu de la boycotter diplomatiquement. Le responsable football de la police, Mark Roberts, a assuré à l'AFP que le Royaume-Uni resterait "engagé à travailler avec la police russe pour assurer un tournoi sûr et sans heurts".

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