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Dmitri Medvedev, un Premier ministre resté dans l'ombre de Poutine

Marginalisé et impopulaire après un passage peu fécond à la tête de la Russie, l'ex-Premier ministre Dmitri Medvedev, qui a quitté son poste mercredi, n'a jamais cherché à sortir de l'ombre de son mentor Vladimir Poutine.

Dmitri Medvedev, 54 ans, s'était progressivement effacé de la scène politique durant ses huit années à la tête du gouvernement.

Considéré comme l'un des meneurs de l'aile "libérale", il a été marginalisé par la montée en puissance du clan rival des "siloviki" (militaires et services de sécurité) et occupait une place limitée aux questions techniques.

Depuis plusieurs mois, son taux d'approbation était tombé sous les 30%. En 2017, une enquête de l'opposant Alexeï Navalny sur son supposé empire immobilier avait même été l'élément déclencheur de manifestations à l'ampleur inattendue de l'opposition, qui avait pu voir jadis en lui le vecteur d'une inflexion du pouvoir.

Ses nombreuses maladresses verbales lui ont valu l'aversion des Russes. "Il n'y a pas d'argent mais tenez bon", avait-il par exemple répondu en 2016 à des retraités qui se plaignaient de la baisse de leur niveau de vie.

- "Peu de succès" -

La carrière politique de Dmitri Medvedev a décollé quand il fut propulsé à la présidence en 2008. A ses débuts, ce petit brun souriant, n'hésitant pas à afficher son goût pour la musique rock, voulait se donner l'image d'un dirigeant moderne, bien différente de celle de M. Poutine.

Adepte des nouvelles technologies, il avait fait de la modernisation de la Russie son leitmotiv.

Son autre fer de lance était la corruption, mal endémique. Juriste de formation, Dmitri Medvedev limogea nombre de généraux et de hauts responsables. Mais il a lui-même reconnu en 2011 le "peu de succès" obtenu et à l'issue de son mandat, l'économie russe n'était toujours pas parvenue à se libérer de ses problèmes structurels.

Une des rares fois où il dévia de la ligne de son prédécesseur fut en 2011, quand il s'abstint d'apposer un véto russe à une résolution de l'ONU ayant, dans les faits, permis à l'OTAN de mener son intervention militaire en Libye. Cette décision fut plus tard largement critiquée.

En temps de crise, comme lors de la guerre d'août 2008 contre la Géorgie ou lorsqu'il admonestait publiquement ses subordonnés, Medvedev reprenait avec un succès inégal le style cinglant de son mentor. L'opposition n'eut pas plus droit à la parole sous sa présidence et la télévision est resté un porte-voix du pouvoir.

Pour beaucoup, la désillusion fut totale quand il accepta en 2012 de ne pas briguer de second mandat au Kremlin et de permuter son poste avec celui de M. Poutine, selon un scénario décidé à l'avance.

- "Vieux camarade" -

Né en 1965 à Leningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg) dans une famille d'enseignants, Dmitri Medvedev a grandi dans un quartier populaire de l'ancienne capitale impériale.

Il fait ses études de droit avant d'entrer au Comité des relations extérieures de la municipalité, alors dirigé par un certain Vladimir Poutine.

Sa carrière se construit dans le sillage de l'ex-officier du KGB, qui le fait transférer à Moscou en 1999. Élu président en 2000, Vladimir Poutine le nomme bientôt chef de l'administration présidentielle.

En 2005, il devient soudain vice-Premier ministre, une promotion perçue comme visant à l'amener sur le devant de la scène avant d'être propulsé au Kremlin.

Lorsqu'il était président, sa côte de popularité ne dépassa jamais celle de son Premier ministre Vladimir Poutine, qui prenait en main toutes les grandes crises intérieures et n'hésitait pas à s'exprimer sur la politique internationale.

Plusieurs fois annoncé sur le départ après son retour comme Premier ministre, Dmitri Medvedev était toutefois resté à son poste. Il devrait rester dans les cercles du pouvoir en devenant vice-président du Conseil de Sécurité russe, un poste créé sur mesure pour lui.

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