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Incendie à Rouen: le gouvernement prêt à dévoiler la liste des produits brûlés

La liste des produits brûlés dans l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen sera dévoilée par le préfet de Normandie, a annoncé Edouard Philippe devant l'Assemblée nationale, où le gouvernement a essuyé un feu roulant de questions. Le préfet "rendra publique" également "la quantité des produits qui ont brûlé", a précisé le Premier ministre, cinq jours après l'incendie sur ce site classé Seveso. M. Philippe a rappelé que "depuis fin 2017 et pour des raisons de sécurité que chacun peut comprendre, la liste complète des substances présentes sur les sites Seveso n'est plus rendue publique", même si "elle est connue" par les autorités.

Le détail des produits entreposés dans l'usine cristallise les interrogations et les récriminations des oppositions qui ont multiplié mardi les demandes d'enquête parlementaire. "Nous sommes cinq jours après cette catastrophe. Comment cela se fait que vous avez attendu cinq jours pour dévoiler cette liste", s'est ainsi insurgé le député LFI François Ruffin, appelant le gouvernement à dire si figurent dans la liste de "l'hydroxyde de potassium" ou de "l'acide chlorhydrique, principe actif du gaz moutarde utilisé lors de la première guerre mondiale".


La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne sera par ailleurs auditionnée mercredi par la commission du développement durable à l'Assemblée, ce dont l'intéressée s'est félicitée mardi après avoir répondu à quatre des cinq questions posées dans l'hémicycle sur ce dossier sensible. Des rapports officiels consultés mardi par Mediapart évoquaient en 2016 la présence dans l'usine Lubrizol de produits "très dangereux pour l'environnement" et "nocifs", et estimaient qu'un incendie pourrait donner lieu à la "formation de substances toxiques". Mme Borne a indiqué mardi qu'une partie des produits avait pu être évacuée jeudi lors de l'incendie par les services de secours. Le média en ligne écrit également qu'un mur couvre-feu demandé en 2010 à Lubrizol par arrêté préfectoral n'avait pas été construit en 2016. Enfin, une augmentation, début 2019, de l'autorisation de stockage de produits inflammables dans l'usine n'aurait pas, selon Mediapart, fait l'objet d'une procédure spécifique et obligatoire d'autorisation.




Assurant que les analyses actuelles faisaient "apparaître un état habituel de la qualité de l'air", M. Philippe a précisé que des "premiers résultats" seront disponibles "dans la journée" concernant des "analyses complémentaires" engagées "pour vérifier si des fibres d'amiante sont présentes dans l'air (...) dans un rayon de 300 mètres". Le préfet sera épaulé par une "cellule nationale d'appui scientifique" composée du "directeur général de l'Ineris qui est l'organisme chargé en France de l'expertise en matière de risques industriels, un expert de Santé publique France, l'organisme qui est chargé de protéger la santé des populations, et le chef du service de pneumologie du centre hospitalier universitaire de Rouen", a ajouté M. Philippe.

De même, M. Philippe a réaffirmé la volonté du gouvernement de faire une "transparence absolue", assurant que les résultats des prélèvements "dans l'eau, dans l'air, dans les sols (...) sont rendus publics au fur et à mesure de leur arrivée". Le Premier ministre était interpellé par le député de Seine-Maritime Christophe Bouillon, qui lui demandait notamment "la reconnaissance de l'état de catastrophe technologique", "une mesure concrète pour faciliter l'indemnisation des habitants".  "Ce régime vise à traiter les accidents avec un très fort impact sur les biens immobiliers", a répondu Edouard Philippe. "Et je ne suis pas sûr au moment où je vous parle que les conditions d'applications précises soient réunies en l'espèce", a-t-il dit, en qualifiant sa réponse de "provisoire".

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