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Jacques Chirac, l'ancien président français, est mort

Jacques Chirac, l'ancien président de la république française est décédé jeudi matin à l'âge de 86 ans, a annoncé son gendre Frédéric Salat-Baroux. "Le président Jacques Chirac s'est éteint ce matin au milieu des siens. Paisiblement", a déclaré M. Salat-Baroux, époux de Claude Chirac.

Grand fauve de la politique française, l'ancien président Jacques Chirac s'est éteint jeudi matin à l'âge de 86 ans, "paisiblement" et "au milieu des siens", a annoncé son gendre Frédéric Salat-Baroux. Devant le dernier domicile parisien de Jacques Chirac, au 4 rue de Tournon près du Sénat, un camion de CRS est arrivé vers 12H20 tandis que la rue était en train d'être bloquée des deux côtés par des effectifs de police. Les journalistes commençaient à arriver.

Une minute de silence a été aussitôt observée à l'Assemblée nationale, ainsi qu'au Sénat, où le décès a été annoncé en séance. Le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a réagi en indiquant que "Jacques Chirac fait désormais partie de l'Histoire de France". "Une France à son image: fougueuse, complexe, parfois traversée de contradictions, toujours animée d'une inlassable passion républicaine", a-t-il ajouté, en estimant que la France avait "perdu en lui un héros d'Alexandre Dumas: charmeur, batailleur et beaucoup plus profond qu'il ne voulait paraître."

Santé précaire depuis plusieurs années

En septembre 2016, Jacques Chirac avait dû rentrer en urgence du Maroc, où il était en villégiature avec son épouse Bernadette, afin d'être hospitalisé à Paris pour une infection pulmonaire. Il avait séjourné à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière pendant près d'un mois avant de pouvoir regagner son domicile parisien. Depuis son départ de l'Elysée, M. Chirac -victime d'un accident vasculaire cérébral en 2005 après avoir été connu pendant des décennies pour sa santé de fer et son naturel bon vivant- avait dû être soigné à plusieurs reprises.

L'ex-chef de l'Etat était un des grands fauves de la droite française dont la longévité, entre succès brillants et échecs cuisants, a démontré une exceptionnelle capacité de rebond. Celui qui n'apparaissait plus en public depuis plusieurs années fut président de la République pendant douze ans (1995-2007), deux fois Premier ministre, trois fois maire de Paris, créateur et chef de parti et ministre à répétition.



Ses mandats élyséens resteront marqués par son "non" à la deuxième guerre d'Irak, la fin de la conscription militaire, la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans les crimes nazis, le passage au quinquennat, le cri d'alarme ("notre maison brûle") face à la dégradation de l'environnement, une première victoire importante sur l'absurde mortalité routière.

Jacques Chirac était parvenu à conquérir l'Elysée - rêve d'une vie pour ce fils unique - en 1995 après deux défaites (1981 et 1988).

En 2007, affaibli par un accident vasculaire cérébral qui l'a frappé deux ans plus tôt, il doit voir triompher Nicolas Sarkozy pour lequel il est loin de manifester la ferveur indéfectible de son épouse Bernadette.

"Perte de mémoire", "absences", surdité: Jacques Chirac apparaîtra ensuite de plus en plus rarement en public.

Sa dernière sortie publique remonte à novembre 2014, au Musée du Quai-Branly consacré aux arts premiers, et qui porte depuis son nom.

L'ancien président, affaibli mais souriant, était aux côtés de l'un de ses successeurs, François Hollande. Ironie de l'histoire, l'ancien chef du RPR avait indiqué trois ans plus tôt qu'il allait voter pour le socialiste à la présidentielle, contre le sortant Sarkozy.

Particulièrement populaire depuis qu'il avait quitté le pouvoir, Jacques Chirac avait pourtant essuyé de cuisants échecs. En 1988, sèchement battu par François Mitterrand, son épouse Bernadette s'était désespérée que "les Français n'aiment pas (son) mari".

Douze ans plus tard, la dissolution qui devait conforter sa majorité à l'Assemblée a provoqué une humiliante déroute de la droite.

C'est enfin sur le terrain judiciaire que l'animal politique s'était abîmé: protégé par l'immunité attaché au mandat présidentiel, il avait été rattrapé par les juges après son retrait de la politique. En 2011, il devint le premier ancien chef de l'Etat condamné au pénal, à deux ans d'emprisonnement avec sursis, pour une affaire d'emplois fictifs à la Mairie de Paris.

Après avoir quitté les ors de l'Elysée, Jacques Chirac vivait à Paris, avec son épouse Bernadette, dans un appartement des bords de Seine, prêté par la famille de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, l'une des amitiés tissées au fil des ans. Il se rendait régulièrement en vacances au Maroc.

Il avait eu deux filles, Laurence, anorexique depuis sa jeunesse décédée en avril 2016, et Claude, qui fut sa conseillère en communication.



Une longue carrière politique

Né le 29 novembre 1932 dans le Ve arrondissement de Paris, il était physiquement affaibli depuis quelques années. Jacques René Chirac, de son nom complet, a été président de la République durant 12 années, après avoir remporté l’élection présidentielle face à Lionel Jospin, le 7 mai 1995, avant d’être réélu le 5 mai 2002 face à Jean-Marie Le Pen.

Figure de la droite française, il a successivement été membre de l’UDR (1971-1976), du RPR qu’il a créé (1976-2002) et de l’UMP (2002-2007). Il a terminé sa carrière dans la vie publique en tant que membre du Conseil Constitutionnel, privilège réservé aux anciens chefs de l’État français, où il ne siège plus depuis le 9 décembre 2010.

Acteur majeur de la politique française, Jacques Chirac a lancé sa carrière politique en Corrèze où il est devenu conseiller municipal de Sainte-Féréole en 1965, avant de connaître une ascension rapide. Il a ensuite été député de la 3e circonscription de Corrèze en 1967 avant d’entamer une carrière ministérielle à partir de 1971 (Relations avec le parlement, Agriculture puis Intérieur avant de devenir premier ministre en 1974 sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing). Jacques Chirac quitte ensuite l’exécutif pour accéder à la maire de Paris en 1977, avant de revenir en tant que premier ministre lors de la première cohabitation de la Ve République avec François Mitterrand en 1986 et d’accéder à la fonction suprême en 1995.

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