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Le père d'une victime et celui d'un terroriste du Bataclan écrivent un livre ensemble: "Ils étaient anxieux, mais sont heureux de l'avoir fait"

Notre journaliste Antoine Schuurwegen revient sur le livre écrit par deux hommes endeuillés: le père d'une victime et celui d'un terroriste du Bataclan. Alors que tout pourrait les opposer, les deux pères ont décidé de dialoguer et de collaborer.

Nos journalistes et cameramen Antoine Schuurwegen, Denis Caudron et Thomas Decupere ont rencontré Georges Salines et Azdyne Amimour, respectivement père d'une victime et père d'un terroriste du Bataclan. Les deux hommes ont écrit un livre ensemble, intitulé "Il nous reste les mots" et la rencontre avec notre équipe a eu lieu à Paris, chez l'éditeur du livre, Robert Laffont.

Un jour, Azdyne prend contact avec Georges et demande à le rencontrer

Cela fait plusieurs mois que ces deux pères dialoguent. "Au départ, c'est Azdyne, le père du terroriste qui a pris contact avec Georges, raconte notre journaliste. Il voulait parler de ce qu'il vivait puisqu'au sein de sa famille, il ne trouvait pas de réponse à ce qu'a fait son fils". Georges a accepté, mais avec une pointe d'appréhension. "Il ne savait pas comment il allait réagir émotionnellement et appréhendait la réaction des autres proches des victimes et des rescapés, relate Antoine Schuurwegen. Certains ne comprennent pas sa démarche. Mais il ne voulait pas faire porter à Azdyne la faute de son fils".

Georges et Azdyne savaient tous les deux que l'entreprise était risquée, mais ils ne regrettent pas d'avoir tenté l'expérience puisqu'une histoire de confiance, voire d'amitié est née.


Pour comprendre, Azdyne Amimour est prêt à rencontrer Salah Abdeslam

Les deux hommes reconnaissent que leur rencontre a eu une force thérapeutique. "Azdyne Amimour a besoin de comprendre comment ce fils qu’il a tenté d’élever dans le respect de l’autre a pu basculer et commettre de telles atrocités, raconte Antoine Schuurwegen. Il se dit même prêt à rencontrer Salah Abdeslam. Georges aussi a besoin de comprendre comment des jeunes du même âge que sa fille (28 ans, ndlr) ont pu en arriver là".

Georges et Azdyne disent qu'entre eux, il n’y a pas de sujet tabou. Ils pensent aussi l’un et l’autre au procès à venir. Azdyne en attend beaucoup. Georges, lui, se prépare à ce que les accusés gardent parfois ou souvent le silence.


Dépasser la mort de leurs enfants pour faire évoluer les mentalités

Ce qui a touché notre journaliste est "leur force à surmonter la mort d'un enfant" et la différence de traitement dont l'un et l'autre ont bénéficié lorsqu'il a été question de les épauler dans la douleur. "C'est vrai que leur deuil n'est pas le même, mais ça reste la perte d'un enfant, rappelle notre journaliste. George a perdu sa fille d'un coup, brutalement, Azdyne a perdu son fils par étape, il s'est progressivement éloigné de son père. Un père qui a tout de même tenté d'aller rechercher son fils en Syrie, en vain".

"Ce qui m'a touché aussi, c'est leur pudeur et leur volonté de faire de leur malheur, un tremplin pour tenter de faire évoluer certaines mentalités", conclut notre journaliste.

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