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"Disparues de l'A26": un homme mis en examen 34 ans après le meurtre de Christel Oudin

Rebondissement dans un "cold case", 34 ans après les faits, un suspect vient d'être mis en examen pour le meurtre de l'adolescente Christel Oudin, une des "disparues de l'A26" dans l'Aisne, dossier parmi les plus anciens non élucidés en France.

Aujourd'hui âgé de 66 ans, cet homme avait déjà été entendu dans ce dossier et avait nié son implication. Lors de nouvelles auditions jeudi par la section de recherche de la gendarmerie d'Amiens, "il a maintenu être étranger au crime" mais des "indices concordants" ont conduit à sa mise en examen et à son placement sous contrôle judiciaire, a annoncé dans un communiqué le procureur de la République à Laon, Baptiste Porcher.

Le suspect travaillait sur le chantier d'un tronçon de l'autoroute A26 où avait été retrouvé le corps de l'adolescente de 13 ans disparue en novembre 1985. Malgré d'importants moyens, l'enquête n'avait pas abouti et deux non-lieux successifs avaient été prononcés.

Après la réouverture du dossier, en 2012, le juge d'instruction avait ordonné en 2017 la jonction du dossier à une autre affaire: le meurtre de Sophie Borca, 16 ans, dont le corps avait été découvert quelques mois plus tôt dans un bois, à Homblières, dans le même secteur. Les deux jeunes filles étaient scolarisées dans le même lycée de Saint-Quentin.

"Je pense que c'est un suspect très sérieux", a réagi auprès de l'AFP l'avocate des familles, Me Corinne Herrmann, qui a confié avoir "une pensée pour la famille et M. Oudin, décédé, sans savoir, il y a quelques mois…"

- "On lui doit justice" -

Et de saluer "le travail remarquable du chef d'enquête" de la SR d'Amiens, "qui ne se met pas de limite". "Pour les familles, c'est considérable d'avoir des enquêteurs et des magistrats qui ont envie de découvrir la vérité. Cette petite, elle a été découpée, placée dans une fosse septique, une partie d'elle est encore dans l'autoroute... On lui doit justice, vraiment".

Après trois décennies sans avancée, les familles avaient vu leurs espoirs renaître en 2014 avec le lancement d'un appel à témoins, la création d'une cellule spéciale de cinq enquêteurs et la possibilité de nouvelles analyses scientifiques grâce au progrès des techniques de recherches d'ADN.

Outre Christel Oudin et Sophie Borca, deux autres femmes, Marie-Thérèse Borde, 55 ans, et Ghislaine Charlier, la quarantaine, avaient été retrouvées mortes dans le même secteur en 1988, après avoir elles aussi disparu. Le parquet avait rouvert une information judiciaire dans le dossier Borde en 2016, tout en assurant qu'aucun "rapprochement formel" ne pouvait être établi avec les deux premiers dossiers.

Selon Me Herrmann, des "investigations" sont désormais nécessaires pour déterminer si le suspect peut aussi être l'auteur de ces crimes.

Spécialisée dans les "cold cases" et les tueurs en série, cette avocate criminologue n'exclue pas non plus un rapprochement avec le dossier Jacques Rançon, le "tueur de Perpignan" qui a avoué la semaine dernière le viol et l'assassinat en 1986, près d'Amiens, d'Isabelle Mesnage.

"On va évidemment demander au magistrat, au fur et à mesure de l'avancée des vérifications, de vérifier si les trois autres dossiers non résolus ne sont pas le fait de l'un ou l'autre de ces deux tueurs", a expliqué Me Herrmann, qui défend également la famille d'Isabelle Mesnage.

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