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A Amman, un skate-park offre une bouffée d'oxygène aux enfants réfugiés

Cheveux au vent et sourire aux lèvres, Manar, Amniya et Farida dévalent joyeusement les pistes du "7Hills Skate Park" au coeur d'Amman, un espace à l'air libre où se retrouvent des enfants soudanais, syriens ou irakiens réfugiés en Jordanie.

L'espace en béton de 650 m² a été construit en décembre 2014 par des bénévoles du monde entier passionnés de skateboard, grâce à une campagne de levée de fonds lancée par une ONG allemande et une association locale. L'objectif: offrir aux enfants des réfugiés des cours gratuits, plusieurs fois par semaine.

Mohammed Douma, un Soudanais de 40 ans qui a fui la guerre au Darfour, regarde avec fierté --et une pointe d'appréhension-- ses deux filles de huit et quatre ans apprendre à utiliser un skateboard avec leur entraîneur.

"Nous venons ici tous les lundis. La vie en Jordanie est très chère, c'est le seul endroit où je peux emmener mes filles jouer et s'amuser gratuitement", explique M. Douma, dont la femme a été renvoyée au Soudan il y a deux ans.

Lui, attend toujours une réponse du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour une relocalisation aux Etats-Unis, au Canada ou en Grande-Bretagne.

Plus loin, Salima Issa, une mère de famille de 26 ans, est assise sur une pelouse avec son petit dernier de deux ans, occupé à grignoter des biscottes. Du haut de leur quatre et huit ans, son fils Mohammed et sa fille Amniya glissent, heureux, sur leur skate.

Elle aussi a fui le Darfour, où le conflit déclenché en 2003 a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, selon l'ONU.

- 'Tomber pour réussir' -

Le nom du parc, "7Hills Skatepark", s'inspire de la topographie de la ville d'Amman, bâtie sur sept collines.

"Ce parc est une bouffée d'oxygène pour les petits réfugiés du Soudan, de Somalie, du Yémen, d'Irak, de Syrie et de Palestine, qui viennent toutes les semaines avec leurs parents profiter des cours de skateboard et de l'air pur, et se mêler aux enfants du quartier", indique Mohammed Zakaria, l'un des responsables de l'espace.

Le skateboard "est un sport difficile, qui permet de prendre confiance en soi et d'apprendre que tomber n'est pas la fin du monde, et qu'il faut essayer une deuxième et une troisième fois pour réussir", explique-t-il.

"La vie est comme ça et nous apprenons tous de nos erreurs", ajoute ce Jordanien de 32 ans, précisant que quelque 140 garçons et filles suivent toutes les semaines des cours gratuits donnés par des bénévoles, étrangers pour la plupart.

Il existe en Jordanie des réfugiés de plus de 40 nationalités, dont plus de 650.000 venant de la Syrie voisine, selon le porte-parole du HCR en Jordanie, Mohamed al-Hawari.

Youssef Khaled, 14 ans, a perdu son père dans la guerre en Somalie. Il est arrivé en Jordanie il y a six ans avec sa mère et sa soeur, et ne rate pas une occasion pour venir s'entraîner au skate-park.

"Il n'y a pas beaucoup d'endroits pour s'amuser à Amman, et s'il y en avait, nous n'aurions de toute façon pas l'argent pour y aller", dit l'adolescent.

"Cet endroit me fait oublier que je suis un réfugié", ajoute-t-il, après avoir fait quelques sauts avec sa planche de skate.

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