Accueil Actu

Arménie, une histoire mouvementée depuis 1991

L'Arménie, où la crise politique s'aggravait dimanche avec l'échec d'une rencontre entre le Premier ministre Serge Sarkissian et son principal opposant, Nikol Pachinian, est un petit pays du Caucase devenu république parlementaire à l'issue d'une réforme controversée.

- Indépendance -

Le 23 septembre 1991, l'Arménie, devenue république soviétique en 1922, proclame son indépendance après un référendum plébiscitant le "oui" à 99,31%.

En octobre 1991, l'ex-dissident Levon Ter-Petrossian remporte la première élection présidentielle.

Deux mois plus tard, l'Arménie adhère à la Communauté des Etats indépendants (CEI, qui rassemble d'anciennes républiques soviétiques), avant de rejoindre l'ONU en 1992.

Le 16 mai 1994 est signé à Moscou un accord sur le cessez-le feu au Nagorny-Karabakh, région azerbaïdjanaise en majorité peuplée d'Arméniens que se disputent l'Arménie et l'Azerbaïdjan turcophone et qui a proclamé son indépendance (non reconnue par la communauté internationale).

Le conflit du Nagorny-Karabakh a fait plus de 30.000 morts et des centaines de milliers de réfugiés entre 1988 et 1994. Aucun traité de paix n'a été signé à ce jour entre Bakou et Erevan et des heurts sur la ligne de front se produisent régulièrement.

Isolé dans ses efforts en vue d'un règlement du conflit du Karabakh, Levon Ter-Petrossian démissionne en février 1998 et Robert Kotcharian est élu fin mars pour lui succéder.

- Elections contestées -

Le 27 octobre 1999, un commando armé fait irruption dans le Parlement, tuant huit personnes, dont le Premier ministre et le président de l'Assemblée. Cette tuerie, qualifiée par les autorités de tentative de coup d'Etat, provoque plusieurs mois de crise politique.

En mars 2003, Robert Kotcharian est réélu pour un deuxième et dernier mandat de cinq ans au cours d'un scrutin entaché d'irrégularités, selon l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l'opposition.

Le 20 février 2008, le Premier ministre Serge Sarkissian, un ancien officier de l'armée et prorusse, remporte la présidentielle dès le premier tour, tandis que l'opposition dénonce des fraudes. Le 1er mars, des manifestations dégénèrent en affrontements entre policiers et manifestants. Les émeutes font dix morts.

- Turquie : l'impossible réconciliation -

Le 10 octobre 2009, l'Arménie et la Turquie signent à Zurich des accords historiques visant à normaliser leurs relations, hantées par le souvenir des massacres d'Arméniens pendant la Première guerre mondiale. L'Arménie qualifie de "génocide" ces massacres qui ont fait selon elle quelque 1,5 million de morts.

Ces accords ne seront jamais ratifiés et ont été désavoués en mars 2018 par Erevan.

- Révision constitutionnelle controversée -

En février 2013, Serge Sarkissian est réélu après une écrasante victoire de son parti aux législatives de 2012.

Six mois plus tard, alors que son pays s'apprêtait à conclure un accord de libre-échange avec l'UE, le président Sarkissian annonce à la surprise générale que l'Arménie rejoint l'Union douanière menée par la Russie.

En été 2015, des manifestations quotidiennes paralysent Erevan pendant deux mois après l'annonce d'une hausse des tarifs de l'électricité.

En décembre, un référendum constitutionnel transforme le pays en république parlementaire, une réforme contestée par l'opposition qui dénonce une manoeuvre du président Sarkissian pour rester au pouvoir après la fin de son second et dernier mandat en 2018.

- Manifestations -

En juillet 2016, des opposants réclamant la démission du président Sarkissian prennent des otages dans un commissariat d'Erevan, faisant deux morts parmi les policiers et provoquant des manifestations qui rassemblent des milliers de personnes hostiles au pouvoir.

Début avril 2017, le Parti républicain du président Sarkissian remporte une large victoire aux législatives au terme d'un scrutin contesté.

Un an plus tard, le 2 mars 2018, les députés élisent Armen Sarkissian nouveau président, des fonctions devenues protocolaires depuis la révision constitutionnelle de 2015.

Le 17 avril, l'ex-président Serge Sarkissian est élu Premier ministre, malgré des protestations secouant depuis plusieurs jours la capitale Erevan.

Le 22 avril, la rencontre entre Serge Sarkissian et le chef de la contestation Nikol Pachinian a échoué, au dixième jour des protestations. Après cet échec, des heurts ont immédiatement éclaté entre manifestants antigouvernementaux et policiers qui ont utilisé des grenades assourdissantes. M. Pachinian a lui été "évacué de force" de cette nouvelle manifestation, selon la police.

À lire aussi

Sélectionné pour vous