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En Californie, certains soldats du feu sont des pompiers privés au service des plus riches

Chris Brandini et son équipe viennent de passer quatre jours éreintants à lutter contre les incendies en Californie, mais contrairement aux pompiers traditionnels, ils ne sauvent pas toutes les maisons: ce sont des pompiers privés, des mercenaires du feu qui ne protègent que leurs riches clients.

Que ce soit dans les villas chics des collines de Los Angeles, comme celles évacuées lundi par l'acteur Arnold Schwarzenegger ou la star du basket LeBron James, ou pour le brasier qui a menacé la bibliothèque Ronald Reagan, Chris Brandini "n'intervient pas au hasard". "Je ne protège que les maisons qui sont sur ma liste. C'est ça la différence entre moi et les pompiers de l'Etat", explique-t-il à l'AFP.

"Eux vont protéger chaque maison. Moi je ne protège que les maisons qui sont inscrites dans notre programme", poursuit le chef d'entreprise.

Des sociétés privées comme celle qu'il a créée en 2006, Firebreak Protection Systems, ont fait la Une des journaux l'an dernier lorsque Kim Kardashian a révélé avoir utilisé leurs services pour empêcher les flammes, qui dévastaient la banlieue de Los Angeles, d'envahir sa villa à 60 millions de dollars.

Un camion spécialisé dans la lutte contre les incendies et son équipe de professionnels peuvent coûter jusqu'à 25.000 dollars par jour, un luxe que seuls les plus fortunés peuvent se permettre. Certains se sont d'ailleurs indignés de l'existence d'opérateurs privés dans un domaine aussi sensible.

Mais cela n'émeut pas outre mesure M. Brandini. "D'accord, c'est beaucoup d'argent, mais si vous avez une villa de 10 millions de dollars qui n'est pas assurable, ce n'est rien du tout, pas vrai?", estime-t-il.

"Je suis là pour eux... S'il y a un incendie dans leur coin, je m'équipe et je m'y rends pour m'assurer qu'ils sont en sécurité jusqu'à ce que le feu soit passé", assure l'expert.

- "Sans garanties" -

L'essor des compagnies de pompiers privés est poussé par les sociétés d'assurances elles-mêmes, qui ont fait leurs calculs: il revient parfois moins cher de payer pour leur protection que de devoir financer la reconstruction de maisons de luxe coûtant des millions.

Kris Brandini indique d'ailleurs que l'essentiel de son activité provient des assureurs.

"Lorsque les gens disent +oh, vous les gars, vous servez les riches+, je réponds +non, les riches sont déjà riches, et ils ont pris une compagnie d'assurance qui est riche pour couvrir leur maison+", juge-t-il.

Echaudés par les indemnisations versées l'an dernier après les feux qui ont détruit de nombreuses maisons à Malibu, des compagnies refusent en revanche aujourd'hui d'assurer certains propriétaires. Ces derniers ont donc naturellement tendance à se tourner vers des pompiers privés.

"J'ai eu plus d'appels pour ces deux derniers feux que depuis les trois dernières années", affirme M. Brandini.

Il ne dispose pour l'instant que de six employés et trois camions mais il prévoit de se développer dès l'an prochain à la faveur de ce marché en pleine expansion.

Plus au nord de la Californie, Don Holter emploie 25 personnes dans la société qu'il a fondée voici déjà près de trente ans. Il travaille principalement pour le gouvernement, par contrats de trois ans renouvelables, mais il a lui aussi de plus en plus de clients à titre privé.

"Je travaille pour tous ceux qui ont besoin de moi", dit-il.

Pour les particuliers, il en coûte 5.000 dollars par jour pour un camion. Mais même en cas d'urgence, M. Holter n'envoie jamais une équipe sans avoir fait signer une clause bien précise à ses clients: "Je ne peux jamais garantir à quelqu'un que sa maison sortira intacte de l'incendie. Je ferai de mon mieux pour l'empêcher de brûler, mais c'est la nature qui décide."

"Si le vent souffle à 130 ou 140 km/h, personne ne pourra rien faire", souligne-t-il.

Don Holter reconnaît que ses services ne sont pas à la portée de tous, mais promet qu'ils sont facturés au juste prix.

"Si je dois nourrir quelqu'un, le faire dormir au motel toutes les nuits, lui donner trois repas par jour et le payer, c'est difficile de faire moins cher", assure-t-il.

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