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Le président turc accuse l'Allemagne de protéger un journaliste "terroriste"

(Belga) Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est pris vendredi à l'Allemagne en des termes peu diplomatiques, reprochant au pays de protéger un journaliste condamné pour "acte de terrorisme" en Turquie.

"Quand des journalistes sont impliqués dans des actes terroristes et qu'un tribunal turc les a condamnés, comment peut-on encore les défendre?", s'est emporté le président turc, déviant de son discours lors d'un dîner donné en son honneur à Berlin. "L'un d'entre eux a été condamné à 5 ans et 10 mois de prison. Il est soi-disant un journaliste. Il a réussi à s'enfuir de Turquie pour chercher refuge en Allemagne", a-t-il martelé, furieux, en référence au journaliste Can Dündar qui vit en exil depuis 2016 dans le pays. "Et ici on lui donne le beau rôle", a-t-il encore critiqué. M. Erdogan a réaffirmé vouloir l'extradition du journaliste et critique du pouvoir turc, l'accusant d'être un "agent" ayant divulgué des "secrets d'Etat". "Je ne suis pas un agent, je suis un journaliste", avait déclaré Can Dündar, ancien rédacteur en chef du quotidien d'opposition Cumhuriyet, au cours d'une conférence de presse vendredi soir. Il s'est dit poursuivi par la justice turque uniquement "pour avoir écrit un article de presse" et accusé le président turc de mentir. M. Erdogan, en visite jusqu'à samedi en Allemagne, a réagi aux propos du chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier, qui avait exprimé lors du même dîner ses inquiétudes sur le sort de journalistes, syndicalistes, scientifiques ou intellectuels emprisonnés en Turquie depuis le putsch manqué de 2016. "Je crois que vous avez reçu de fausses informations", a-t-il lancé. "Nous n'avons pas le devoir de protéger les terroristes", a-t-il ajouté, ni en Turquie, ni en Allemagne ni dans aucun autre pays. "J'aurais préféré ne pas avoir à dire cela, nous en avions déjà parlé ce matin", a-t-il déclaré à l'attention de M. Steinmeier, qui avait accueilli M. Erdogan avec les honneurs militaires. Ce dernier est venu en Allemagne avec l'intention déclarée d'entamer un rapprochement diplomatique après deux ans de brouille entre Berlin et Ankara. La chancelière Angela Merkel avait souligné vendredi que "beaucoup de choses" unissaient les deux pays, tout en soulignant les "profondes différences" notamment sur la liberté de la presse et le respect des droits de l'homme en Turquie. Le président turc doit se rendre samedi à Cologne pour inaugurer une mosquée. (Belga)

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