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Mer de Chine: manoeuvres militaires entre Manille et Washington

Les forces philippines et américaines ont simulé mercredi une opération de débarquement sur une plage de mer de Chine méridionale, dans le cadre de manoeuvres annuelles que le président philippin Rodrigo Duterte avait menacé d'annuler.

Ces exercices que les deux pays réalisent ensemble depuis des décennies semblaient l'an passé promis à disparaître, quand le nouveau président philippin paraissait réorienter vers Pékin sa diplomatie, au détriment de l'ancien colonisateur américain auquel l'archipel est lié par un traité de défense mutuel.

Mais le nombre de militaires y participant a augmenté d'un tiers cette année, pour un effectif total de 8.000 personnes plus conforme à l'ampleur que ces manoeuvres avaient auparavant.

En 2017, les exercices dits "Balikatan" (épaule contre épaule) avaient rassemblé 5400 soldats, soit moins de la moitié du nombre de soldats qui avaient participé à l'édition 2015, la plus importante du genre, sous le règne du prédécesseur de M. Duterte, Benigno Aquino.

Pour certains experts, les généraux philippins pourraient être parvenus à faire rentrer le président philippin dans le rang.

Le gouvernement Duterte "a une meilleure compréhension de l'équation en termes de sécurité", a déclaré à l'AFP le politologue Victor Andres Manhit.

Le gros des manoeuvres -et notamment un exercice à balles réelles qui n'avait pas eu lieu l'an passé- a beau se dérouler sur une base navale à 180 km à l'est du récif de Scarborough -contrôlé par la Chine mais revendiqué aussi par les Philippines- l'état-major philippin évite soigneusement de parler de Pékin.

"Nous sommes une Nation insulaire, ce qui explique qu'il nous faut améliorer nos capacités amphibies", a déclaré aux journalistes le général philippin Emmanuel Salamat.

"Nous ne nous préoccupons pas de Scarborough. Nous nous préoccupons de ce que nous faisons ici."

La Chine revendique pour des raisons historiques la majorité de la mer de Chine méridionale où des pays riverains ont des prétentions rivales. Elle a fait renforcer des récifs qu'elle contrôle afin d'y construire des installations, notamment militaires (pistes d'atterrissage, armements).

Les manoeuvres "Balikatan" ont longtemps été perçues comme une démonstration de force face aux prétentions de Pékin.

Mais M. Duterte avait pris le contrepied de son prédécesseur qui se heurtait de front à la Chine sur cette question, préférant chercher à améliorer les relations économiques, politiques et militaires avec Pékin.

Avant une visite à Pékin en 2016, M. Duterte avait déclaré que les exercices militaires conjoints avec les Etats-Unis étaient une "humiliation", menaçant de couper entièrement les ponts avec Washington en matière de défense.

D'autres manoeuvres ont depuis été annulées.

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