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Montpellier: vive tension à Paul Valéry après deux mois de blocage et un "sabotage"

Dans une ambiance houleuse, personnels et enseignants réunis autour du président de l'établissement ont fait face jeudi aux étudiants opposés à la loi Vidal sur le campus de l'université Paul Valéry de Montpellier, bloquée depuis deux mois, au lendemain du "sabotage" de ses serveurs informatiques.

Devant la maison des étudiants, au sein du vaste campus "bloqué" mais "ouvert", environ 200 personnels et enseignants se sont rassemblés autour du président de l'université Patrick Gilli, sous le regard des étudiants et militants participant au blocage. Jeudi, la bibliothèque universitaire gardait portes closes, au grand dam des étudiants et employés qui y trouvaient jusque-là refuge pour réviser ou travailler.

Le "sabotage" des serveurs de l'université, réalisé par "une trentaine d'individus encapuchonnés et/ou cagoulés" selon M. Gilli, a entraîné la suspension des examens en ligne mis en place par la présidence.

L'université (Arts, Lettres, Langues, Sciences Humaines et sociales) compte 20.000 étudiants et quelque 1.600 personnels.

L'événement marque "un seuil dans la gestion de la mobilisation" et a "entâché le mouvement étudiant", dénonce au micro Laurent Fauré, un enseignant et syndicaliste FSU, sous les huées d'étudiants et militants. "La mobilisation contre la loi ORE (réformant l'accès à l'enseignement supérieur, ndlr) reste pour nous un objectif majeur", tente-t-il de poursuivre dans le vacarme, "mais nous sommes tous attachés à la continuité du service public".

Le syndicaliste précise que le personnel considère les services administratifs "ouverts". "La moindre provocation physique" engendrerait "un droit de retrait", prévient-il: "si le campus est déserté, la responsabilité de ce qui s'y déroulera incombera au ministère".

Augustin, un représentant du comité de mobilisation des étudiants, s'empare du micro. "C'est très important que les étudiants, les personnels, les enseignants restent unis", lance-t-il, soulevant le mécontentement des personnels qui lui tournent le dos et s'éloignent.

- " Les révoltes d'antan" -

"Pour un dialogue, il faut être deux", ironise dans la foulée Hélène, une étudiante qui lit un texte collectif dénonçant pêle-mêle une présidence qui "entretient les tensions en refusant le dialogue avec les étudiants en lutte", "l'importante pression exercée sur les professeurs et personnels, instaurant un climat de divisions (...) exacerbé par la mise en place de partiels dématérialisés, entrainant confusion et injustice".

"Le comité de mobilisation ne revendique pas cet acte", souligne-t-elle ensuite, à propos du sabotage: "Néanmoins nous soutiendrons toute personne inquiétée par la justice ou l'université dans le cadre de cette affaire".

"Il est évident que dans la continuité de la politique gouvernementale de répression sociale, cet acte est utilisé pour préparer une intervention policière sur l'Université, comme cela a été le cas ces derniers jours, à Nanterre et Lille, ou précédemment à Bordeaux et Grenoble", estiment encore les étudiants.

Interrogé sur ce point précis, Patrick Gilli a estimé qu'il "pourrait demander" une intervention policière. "Les conditions de sécurité se sont dégradées", a-t-il ajouté. "Je suis en contact avec la préfecture, on y réfléchit, ce n'est pas la seule solution envisagée."

Dans une atmosphère surréaliste, les personnels ont tenté d'improviser un dialogue avec les étudiants dans l'Amphi A, dont les murs et les tables sont recouverts d'inscriptions. Devant le refus des étudiants de leur donner la parole et leur obstination affichée à suivre le programme des "cours substitutifs", mis en place depuis le début du blocage, ils ont fini par s'isoler dans une autre salle à l'autre bout du campus.

Dans l'amphi A, le cours s'est poursuivi. Au programme jeudi, une conférence sur "les révoltes d'antan", donnée par un vieux soixante-huitard américain.

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