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Une élue musulmane du Congrès américain tente d'apaiser une nouvelle controverse

Une élue démocrate du Congrès américain, Ilhan Omar, cherchait jeudi à apaiser la tempête provoquée au sein même de son parti par ses déclarations sur les "atrocités impensables" perpétrées aussi bien par l'Etat hébreu et les Etats-Unis que le Hamas et les Talibans.

Face au tir croisé de critiques, l'élue de la Chambre des représentants a tenu à clarifier ses déclarations, sorties selon elle de leur contexte: une audition parlementaire du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

"Nous avons vu des atrocités impensables perpétrées par les Etats-Unis, le Hamas, Israël, l'Afghanistan et les Talibans", avait-elle tweeté lundi avec une vidéo de leur échange plus large portant sur la Cour pénale internationale (CPI).

"Pour être claire: la conversation portait sur la responsabilité" de chacun de ces quatre acteurs dans des enquêtes déjà ouvertes par la CPI, a écrit cette réfugiée somalienne et de confession musulmane, qui avait déjà par le passé été épinglée pour des propos sur Israël.

"Je ne faisais en aucune façon une comparaison entre des organisations terroristes et des pays démocratiques comptant sur des systèmes juridiques bien établis", a poursuivi l'élue de 38 ans, qui avait dit plus tôt voir dans la pluie de critiques des attaques "islamophobes".

Ses précisions ont été rapidement saluées par les chefs démocrates de la Chambre, qui ont toutefois pris soin de dénoncer ses propos.

"Etablir de fausses comparaisons entre des démocraties comme les Etats-Unis et Israël avec des groupes qui se livrent à du terrorisme comme le Hamas et les Talibans nourrit les préjugés et sape le progrès en direction d'un avenir de paix et de sécurité pour tous", ont-ils écrit.

La polémique avait enflé avec un fait rare: mercredi soir, c'est un groupe d'élus démocrates de confession juive de la Chambre qui avait publiquement, et durement, critiqué leur collègue, déjà cible régulière de l'ire des républicains et de Donald Trump.

Si les deux nations sont "imparfaites, méritant parfois les critiques", les "fausses équivalences couvrent les groupes terroristes", avaient écrit la douzaine de parlementaires.

Les confondre "au mieux discrédite l'argument qu'elle avait l'intention de présenter, et au pire reflète des préjugés profondément ancrés".

- "Danger" -

Jeudi, un autre élu démocrate, John Garamendi, avait estimé sur CNN qu'Ilhan Omar devait "revenir" sur ses propos: "Le problème, c'est que ce type de langage incite des violences ici aux Etats-Unis."

Les actes antisémites avaient nettement augmenté en mai aux Etats-Unis, sur fond de conflit entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, selon l'Anti-Defamation League (ADL).

Les explications d'Ilhan Omar n'ont en tout cas pas fait taire les critiques des républicains, qui continuaient d'appeler les chefs démocrates à "agir" pour la sanctionner après ses remarques "abjectes".

Certains pourraient réclamer un vote de censure ou pour l'évincer de son siège à la commission sur les Affaires étrangères, dès leur retour à la Chambre la semaine prochaine.

Tout dépendra du nombre de démocrates, qui contrôlent une étroite majorité à la Chambre, prêts à soutenir ces initiatives.

Ilhan Omar a elle confié avoir reçu une "avalanche de menaces de mort" depuis lundi et estimé que le premier communiqué des démocrates contenait des "stéréotypes islamophobes (...) insultants". Elle s'est aussi indignée qu'ils n'aient pas répondu à ses appels téléphoniques avant de le publier.

"Citer un dossier ouvert" par la CPI "ne revient pas à faire une comparaison et ne vient pas de +préjugés profondément ancrés+", s'est-elle défendue.

Plusieurs élus de l'aile gauche du parti à la Chambre la défendaient jeudi, en dénonçant une "diabolisation".

"Marre de la calomnie, de la caricature malintentionnée et des critiques publiques constantes d'Ilhan Omar venant de notre groupe parlementaire", a tweeté Alexandria Ocasio-Cortez. "Ils n'ont aucune idée du danger qu'ils font peser sur elle", en faisant remonter l'affaire dans les médias sans lui en parler "en privé".

En 2019, Ilhan Omar avait été épinglée à la Chambre pour son soutien à la campagne internationale de boycott d'Israël, que certains partisans de l'Etat hébreu assimilent à une forme d'antisémitisme, puis pour ses propos sur le lobby pro-Israël Aipac.

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