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Risques naturels au Japon: après le Mondial de rugby, les JO?

La décision inédite prise jeudi par World Rugby d'annuler deux matches de la Coupe du monde souligne la difficulté pour le Japon, confronté aux typhons comme aux tremblements de terre, d'organiser des événements sportifs majeurs comme les jeux Olympiques, prévus en juillet 2020 à Tokyo.

L'archipel nippon est l'une des régions du monde les plus régulièrement frappées par des catastrophes naturelles: une vingtaine de typhons et des milliers de séismes d'intensité variable chaque année, sans oublier ses volcans en activité comme le mont Fuji, plus célèbre d'entre eux.

On peut ajouter une chaleur lourde et humide l'été, particulièrement à Tokyo, pour donner des maux de tête aux organisateurs qui prévoient d'accueillir des centaines de milliers de visiteurs pour les JO.

Les critiques n'ont pas tardé à fuser après la décision historique d'annuler les rencontres Angleterre - France et Nouvelle-Zélande - Italie, prévues samedi à Yokohama (banlieue sud de Tokyo) et Toyota (centre du pays) mais menacées par l'arrivée du typhon Hagibis, potentiellement le plus puissant de l'année.

Francois Pienaar, ancien capitaine de l'Afrique du Sud qui a reçu le trophée Webb-Ellis en 1995 des mains de Nelson Mandela, estime que la météo ne devrait pas affecter le rêve des joueurs de disputer un Mondial. "Tout le monde a travaillé tellement dur, tout ça pour laisser la météo avoir une influence sur le résultat d'un match?", s'interroge avec dépit l'ancien flanker.

Avant le tournoi, les organisateurs avaient affirmé avoir de solides plans de contingence pour parer aux risques naturels. Qui n'ont pas cependant pas résisté à la perspective de voir Hagibis, typhon d'un diamètre de près de 1.400 km, toucher une grande partie du pays samedi. "Nous avons regardé de manière assez exhaustive toutes les options ces derniers jours" mais "nous ne pouvions pas garantir des plans de contingence suffisants pour tous ces matches, en toute sécurité, pour les équipes et les supporters", a expliqué le directeur du tournoi Alan Gilpin.

- "Pas du tout de regrets" -

Pays prospère et à la pointe de la technologie, le Japon a trouvé des solutions - système d'alerte, constructions antisismiques - pour parer aux désastres naturels, et subit habituellement beaucoup moins de dégâts que d'autres pays face à des situations similaires.

Mais il n'aurait pas dû être choisi pour accueillir le Mondial, estime l'ancien ouvreur du XV de la Rose Stuart Barnes. "Dans un plan, il faut envisager le pire des scénarios. Si un typhon mortel est trop compliqué à gérer, ils auraient dû regarder ailleurs", a déclaré l'Anglais.

World Rugby n'a "pas du tout de regrets" d'avoir attribué le tournoi au Japon, a affirmé Gilpin. Jusqu'ici, les acteurs du tournoi avaient salué l’enthousiasme des supporters et la qualité de l'organisation. "Ce que vous avez tous vu au cours des trois dernières semaines valide en tous points la décision d'accueillir une Coupe du monde ici au Japon", a assumé Gilpin. "C'est un Mondial formidable, sur et en dehors de la pelouse."

L'annulation des deux matches a des conséquences sportives, notamment pour l'Italie, qui voit son mince espoir de qualification pour les quarts de finale s'évanouir.

L'Ecosse, qui doit battre dimanche le Japon pour accéder au tableau final, craint de subir le même sort: si le match prévu à Yokohama est également annulé, Finn Russell et Greig Laidlaw rentreront en Europe.

Le chroniqueur du New Zealand Herald, Dylan Cleaver, a ainsi clamé: "La Coupe du monde de rugby 2019 est désormais officiellement inéquitable."

Le Mondial de rugby est vu comme un test en vue des Jeux olympiques (24 juillet-9 août 2020), la préoccupation principale portant sur les fortes chaleurs qui ont déjà obligé les organisateurs à avancer l'heure de départ de l'épreuve du marathon.

Mais cela reste du sport, pas grand-chose en comparaison des dangers qu'apporte l'une des tempêtes les plus puissantes de ces dernières années, ont rappelé certains observateurs.

"Toutes ces personnes qui pleurent sur l'annulation des matches. On parle de vents moyens de 250 km/h et des pluies diluviennes. Il va y avoir des morts, des dizaines, mais non ça ne pense qu'à l'annulation d'une rencontre", a relativisé Akimoto Hinato, spécialiste du rugby japonais. "Vous êtes fous, sérieusement."

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