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Toulouse-Seysses, une prison surpeuplée et des matelas au sol

Détenus dormant sur des matelas au sol dans des cellules surpeuplées où la chaleur devient étouffante, ordures le long de la cour de promenade: les conditions de détention à Toulouse-Seysses, jugées "indignes" il y a moins d'un an par la contrôleure des prisons, restent peu enviables.

Le député d'opposition Sébastien Nadot (ex-LREM) longe les grillages coiffés de barbelés entourant l'imposant ensemble. Il annonce ensuite aux surveillants postés derrière une vitre blindée être venu exercer son droit de visite, de façon inopinée.

Peu après, un surveillant portant sur son uniforme bleu un gilet de protection, "surtout contre les coups de couteaux" explique-t-il, ouvre la porte métallique d'une cellule. Prévue pour deux personnes, la pièce d'une dizaine de mètres carrés, surchauffée par le soleil, en héberge trois.

Un gardien de prison met en avant les efforts pour placer dans les cellules surpeuplées "des gens qui s'entendent bien" car "dans ces conditions de promiscuité, certaines situations deviennent vite explosives".

L'un des prisonniers se tient debout, pieds nus, sur le bout de sol qui reste entre un matelas posé à terre et deux lits superposés. Il vient d'être changé de cellule car dans la précédente, les choses "se passaient mal", dit le gardien sans plus de détails.

Un journaliste et un photographe de l'AFP ont pu suivre le député de Haute-Garonne dans la maison d'arrêt, sans pour autant pouvoir poser des questions aux détenus.

- WC dans la cellule -

En juillet 2021, après une visite à Seysses, la contrôleure des prisons Dominique Simonnot avait qualifié d'"indignes" les conditions de détention dans cette maison d'arrêt de quelque 600 places où sont enfermées plus de 1.000 personnes.

Début octobre, le tribunal administratif avait ordonné au ministre de la Justice de prendre "dans les meilleurs délais" plusieurs "mesures d'urgence" pour améliorer la situation.

Certaines injonctions étaient très précises: il fallait par exemple séparer les sanitaires sans porte du reste de la cellule.

Dans la cellule des trois détenus, ainsi que dans une autre, vide, des rideaux opaques séparent les sanitaires de la chambrée. Selon la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP), la "mise en place de portes battantes" est à l'étude.

- Cafards "partout" -

En descendant vers une cour de promenade, les agents racontent leurs difficultés dans la lutte contre les cafards et d'autres "nuisibles". Le tribunal demande le "renforcement" de cette lutte.

Aline, une mère de prisonnier dont le prénom a été modifié à sa demande, raconte que son fils et deux autres détenus vivent "les uns sur les autres" dans une cellule "remplie de cafards".

"Il y en dans les draps, dans les vêtements, partout", affirme-t-elle lors d'une conversation avec l'AFP en dehors de la prison.

Certains détenus "introduisent du papier toilette dans leurs oreilles pour empêcher que ces insectes y pénètrent pendant leur sommeil", avait noté Mme Simonnot en juillet 2021.

D'autre part, selon Aline, "les douches sont souvent bouchées" et les cabines téléphoniques en panne.

Au bord de la cour de promenade, l'espace d'un mètre et demi entre le grillage et un bâtiment avec des cellules est jonché de détritus. Selon les agents, ils se sont accumulés en une seule journée car certains prisonniers jettent leurs ordures par la fenêtre.

Un détenu en t-shirt jaune arrive avec un râteau pour nettoyer. C'est l'un des dix "auxiliaires" recrutés dans la prison, selon la direction de l'administration pénitentiaire (DAP), comme l'avait demandé le tribunal.

Quant aux promenades, elles ont lieu à nouveau deux fois par jour, assure la DAP.

Or, nuance Aline, des promenades sont souvent annulées sans explication.

Pour l'Observatoire international des prisons (OIP), qui rappelle aussi des injonctions concernant les prisonniers handicapés ou l'accès aux soins, la décision du tribunal "est encore loin d'avoir été entièrement exécutée".

Les droits des détenus "ne sont pas respectés", regrette le député.

Ces prisonniers "ont une peine, mais une peine ne veut pas dire qu'ils partent au bagne".

Le problème, souligne-t-il, vient du système et non pas des agents. A Seysses, il a rencontré "des personnels attentifs à essayer de faire au mieux pour leurs prisonniers avec ce qu'ils ont. Mais il n'ont pas ce qu'il faut".

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