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Urgences de Mulhouse cherchent désespérément médecins

Les urgences de l'hôpital Emile Muller de Mulhouse (Haut-Rhin) recherchent désespérément de nouveaux médecins après de nombreux départs qui mettent à mal le fonctionnement du service, voire sa survie, en dépit du plan de "refondation" des urgences annoncé par la ministre de la Santé.

"Début octobre, nous compterons 7,3 équivalent temps plein d'urgentistes. Jusqu’à cet été, les services d’urgence de Mulhouse fonctionnaient avec 24 urgentistes", a indiqué à l'AFP la direction du Groupement hospitalier régional Mulhouse Sud-Alsace (GHRMSA).

"La situation est dramatique", résume Fabrice Jaugey, secrétaire général FO, estimant qu'il faudrait 34 urgentistes "pour faire fonctionner le service de manière optimale".

La promesse par la ministre de la Santé Agnès Buzyn de débloquer "plus de 750 millions d'euros" pour les urgences d'ici 2022 ne va rien changer, selon lui. "C'est se moquer du monde", considère le syndicaliste.

"C'est un cataclysme et on ne sait pas où on va", s'alarme Mauricette Kieffer, agent d'accueil aux urgences et porte-parole des non-médicaux.

"Il y a eu une hémorragie: des médecins partent, petit à petit les conditions de travail pour les médecins restants se dégradent et les jeunes médecins ne se voient pas continuer de travailler à bloc comme ça pendant des années", analyse Fabrice Jaugey.

Selon la direction, s'ajoute à cela "l'accroissement de l'activité", avec des patients "dont l'état ne justifie pas le recours aux urgences", "une augmentation préoccupante de la violence" et "des locaux qui ne sont plus adaptés" même s'ils sont en voie de rénovation.

Bruno Fuchs, député (Modem) du Haut-Rhin, avait alerté le ministère de la Santé avant l'été, mais, selon lui, "la ministre a réagi un peu tard et l'ARS (Agence régionale de santé) gère cela de manière trop administrative".

Dès octobre, "s'ils n'arrivent pas à trouver des vacataires, ils ne peuvent pas fonctionner 24H/24", alerte l'élu, selon lequel "il y a un vrai risque" de fermeture des urgences. "Il faut agir dans les 15 jours" si on veut régler cette situation "extrêmement grave", insiste-t-il.

- Appel à la réserve sanitaire -

Comme 250 services d'urgences en France, les urgences de Mulhouse sont en grève depuis des mois, ce que signalent des banderoles et de ponctuels rassemblements à l'extérieur, comme mardi midi, le personnel, des sacs sur la tête, tenant des pancartes "urgences asphyxiées".

Le point de départ du mouvement de grève était de "dénoncer les conditions de travail, la prise en charge des patients qui n'est plus sécuritaire, le manque de lits d'aval, les locaux non adaptés, le manque de personnel", rappelle Mauricette Kieffer. Mais quatre mois et 18 embauches de non-médecins plus tard, la problématique de la fuite des médecins a pris le dessus.

"Il faut qu'on trouve des médecins et on ne sait pas où les chercher. On avance à l'aveugle, au jour le jour. Des médecins viennent nous aider, des médecins des étages, des traumatologues, des médecins de l'armée, des intérimaires, des médecins généralistes, mais il nous faut des médecins urgentistes et un chef de service", poste occupé actuellement par un intérimaire, explique Mme Kieffer.

"On a envie de pleurer tous les jours", ajoute l'agent d'accueil, évoquant un personnel "soudé" qui "se bat pour sauver (son) service".

Pour la première fois, quatre médecins de la réserve sanitaire sont venus aider, une mesure exceptionnelle normalement mise en oeuvre lors de crises sanitaires.

Au-delà du plan à moyen terme de la ministre, la direction du groupe hospitalier considère devoir "déployer des actions à court terme pour sortir de la crise". Elle multiplie les annonces pour attirer les médecins et tente de désengorger les urgences par une meilleure orientation des patients.

Faisant également partie du GHRMSA, les urgences d'Altkirch, plus petites, ont été fermées "provisoirement et exceptionnellement" de samedi dernier en fin d'après-midi à lundi matin, par manque de médecins.

"Nous mettons tout en œuvre pour pérenniser le fonctionnement des urgences là où elles se trouvent", assure la direction. Mais à Mulhouse, cette première fermeture ponctuelle sonne comme un signal d'alarme.

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