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Victime de violences, vous pouvez commander un "masque 19" dans des pharmacies: un nom de code pour signaler votre situation en toute discrétion

Conséquence dramatique du confinement, l'isolement des victimes de violences conjugales. Ces personnes se sont retrouvées avec leur agresseur et très peu de moyens de prévenir leurs proches. Pour leur venir en aide, un système d'alerte anonyme a été mis en place dans certaines communes. C'est notamment la cas à Schaerbeek.

Vous ne connaissiez pas le masque 19? C’est normal, il n’existe pas. Il s'agit d'un nom de code destiné à votre pharmacien. Le but: signaler que vous êtes victime de violences conjugales.

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"Ça permet de renvoyer la personne qui a besoin d'aide vers des services d'aide", explique Anne Herzeel, co-présidente de l'Union des pharmaciens de Bruxelles. 

L’initiative vient du CPAS de Schaerbeek et s’étend à la soixantaine de pharmacies de la commune. Un nom de code pour libérer la parole des victimes tout en garantissant la discrétion. "C'est difficile de parler quand on est victime de violences familiales. On n'a pas envie de le dire. Les pharmacies, comme tous les  commerces, sont pris d'assaut. Il y a souvent des files et parfois, on se retrouve à 2 ou 3 devant le comptoir. Ce nom de code permettra à toute personne victime de violences de faire part de sa détresse", éclaire Sophie Querton, présidente du CPAS de Schaerbeek.

Lorsqu'on lui demande un masque 19, le pharmacien éclaire alors sa victime sur les organismes auxquels elle peut faire appel pour qu'on lui vienne en aide. Le numéro d’urgence francophone pour les victimes de violences : 0800 30 030.

La frustration de ne pas pouvoir constater ces faits de violence

Depuis le début du confinement, les appels ont doublé. 93% des appelants sont des femmes. Victimes de violences, ces dernières se retrouvent isolées avec leur bourreau. "Les assistants sociaux ne peuvent plus rendre visite dans les domiciles des citoyens bénéficiaires. Or, ces visites permettent de constater et de voir ce qu'il ne peut pas se dire. Donc là, il y a une frustration de ne pas pouvoir constater ces faits de violence", déplore la présidente du CPAS de Schaerbeek.

L’ambition est d’élargir ce dispositif à l’ensemble du territoire bruxellois. 

Les services d'urgence à travers l'Europe ont enregistré une hausse allant jusqu'à 60% des appels de femmes victimes de violences conjugales pendant le confinement lié à la lutte contre le nouveau coronavirus, a alerté jeudi l'OMS Europe.

Selon l'OMS, les violences intrafamiliales, envers un conjoint ou un enfant, tendent à augmenter en période de crise, notamment avec les mesures de restriction et de confinement mises en place pour limiter la propagation du nouveau coronavirus.

La branche Europe de l'OMS, qui s'étend de l'Atlantique au Pacifique et comprend 53 pays aussi hétéroclites que la Russie et Andorre, compte 1,6 million de cas officiels de maladie Covid-19 et près de 150.000 décès liés au virus, selon les chiffres de l'organisation. Avant l'épidémie, un quart des femmes et un tiers des enfants dans la région avaient été sujets à des violences au cours de leur vie.

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