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Pour sauver son moulin, Christian est obligé de recourir à une ultime solution: "Ce n'est pas très ecolo, mais c'est une question de survie"

Après des soucis avec un gros client, les moulins de notre témoin de la région de Herve subissent aussi la crise énergétique. Il a fait ses comptes: utiliser un groupe électrogène, soit un moteur thermique qui transforme du carburant en électricité...

Particulier ou professionnel, petite ou grande entreprise, la crise énergétique n’épargne personne. Christian est meunier et il est bien placé pour dire que la situation est catastrophique.

Dans un métier très particulier et essentiel, Christian joue un rôle clé dans le pain en Wallonie. Jusqu’en 2020, il détenait le moulin du Val-Dieu, dans le pays de Herve, qui produit de la farine pour les animaux. Depuis juillet de cette même année, il détient également l’un des deux derniers moulins de Wallonie qui fabrique encore de la farine comestible pour le pain.

En deux ans, Christian a considérablement augmenté la production de son moulin passant de 2.000 à 8.000 tonnes produites. Aujourd’hui, la farine de Christian se retrouve dans près de 300 boulangeries et pâtisseries pour leurs préparations.

Mais face à l’inflation galopante de cette année, les choses se compliquent lourdement. Le premier coup dur survient au printemps, lorsque son fournisseur (la firme Elexis) rompt brusquement son contrat. Sans savoir la raison de cette décision, Christian apprend que son fournisseur ne distribue plus en Wallonie ni à Bruxelles, mais toujours en Flandre.  

Le meunier refuse d’accepter la situation si facilement et prend des renseignements auprès d’un avocat pour savoir quelles actions peuvent être introduites en justice. Aujourd’hui, il cherche d’autres entreprises dans le même cas que lui "pour faire un groupe qui pèse plus lourd et les attaquer en justice".

35.000€ d'électricité par mois

Obligé de continuer à travailler, Christian prend un nouveau contrat chez TotalEnergies. "À ce moment, le montant qu’on payait était similaire", rapporte-t-il. Mais depuis cette période, qui correspond au début de la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie sont montés en flèche. "On est passé d’une facture de 8.500 euros par mois à 35.000 mensuels", déplore-t-il.

Avec une consommation qui varie de 50.000 à 60.000 kWh, les factures du moulin sont soumises "aux prix du jour".

Comme les prix sont encore loin d’être stabilisés et que le prix des factures de Christian (comme des autres) risquent de continuer d’augmenter, le meunier n’a plus le choix et s’est tourné vers sa dernière solution : s’offrir un groupe électrogène.

"Mon associé a compté que ça nous coûtera moitié prix. Ce n’est pas très écolo ni dans le respect des tendances actuelles, mais c’est une question de survie", regrette Christian. "Il tournera à l’essence et malgré l’augmentation du prix du fuel, ça nous coûte quand même moins cher."

Si le prix de nombreuses denrées alimentaires a augmenté à cause des céréales russes et ukrainiennes qui n’étaient plus exportées, les moulins de Christian n’étaient pas concernés puisqu’il ne travaille qu’avec des agriculteurs locaux. Mais l’augmentation du prix de l’énergie se répercute inévitablement sur la farine et donc le pain des consommateurs. 

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