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Droits TV: fébrile, la Ligue 1 espère un diffuseur sauveur

Le football français croise les doigts pour qu'un diffuseur solvable vienne refermer la crise des droits TV et s'offre lundi l'essentiel des matches de Ligue 1, mais le climat actuel et la stratégie défiante de Canal+ laissent redouter un appel d'offres infructueux.

La Ligue de football professionnel (LFP), qui a lancé une consultation de marché dans l'urgence le 19 janvier pour réattribuer les matches délaissés par son diffuseur défaillant Mediapro (80% de la Ligue 1 et de la Ligue 2), espère fébrilement des offres suffisamment élevées pour soulager les clubs, en pleine crise.

Celles-ci sont attendues entre 10h00 et 12h00 au siège parisien de la Ligue, avant d'être étudiées dans l'après-midi en vue d'une réattribution expresse des droits TV du cycle 2020-2024, effective dans l'idéal dès le week-end prochain, pour le "Classique" OM-PSG du 7 février. Le président de l'Olympique de Marseille, l'Américain Frank McCourt, avant le match de L1 contre Nice, le 10 mars 2019 au Stade Vélodrome

Le scénario rêvé par les dirigeants du foot français ? Canal+ se pose en sauveur du secteur en raflant l'essentiel des rencontres "premium" à bon prix. BeIN Sports s'offre des matches de second rang et, pourquoi pas, un nouvel acteur de l'audiovisuel, comme Amazon, fait son entrée en proposant une coquette somme de complément. De quoi clore définitivement le fiasco automnal de Mediapro, vainqueur initial de l'appel d'offres de 2018 pour plus de 800 millions d'euros par an.

Malheureusement pour le président de la LFP Vincent Labrune et les gros patrons de clubs comme Jean-Michel Aulas (Lyon) ou Jacques-Henri Eyraud (Marseille), ce bel épilogue risque de rester une douce illusion, tant les circonstances actuelles n'invitent pas à l'optimisme.

- "Acte désespéré" -

Le marché des droits audiovisuels sportifs est en net recul partout en Europe, et la situation en France est encore pire: seule Canal+ s'est publiquement montrée intéressée pour un éventuel rachat des droits TV, quand d'autres acteurs, tels SFR et sa chaîne RMC Sport, rechignent depuis plusieurs mois à poursuivre leurs acquisitions.

"Le marché n'a rien à voir avec celui de 2018, la concurrence est quasiment réduite à néant", constate Pierre Maes, consultant et auteur du "Business des droits TV". "Le plus important dans un appel d'offres, c'est le choix du timing. Se retrouver à devoir en lancer un maintenant, cela équivaut à commettre un acte désespéré".

Cerise sur le gâteau, la LFP et Canal+ sont en plein conflit juridique sur les modalités de l'appel d'offres. La chaîne cryptée, qui diffuse les 20% restants de la Ligue 1 pour 330 millions d'euros par an, estime avoir "surévalué" la valeur de ces matches dans le contexte de 2018 et souhaite que l'intégralité des rencontres soit remise en concurrence dans un appel d'offres global. Elle a même porté un recours devant le tribunal de commerce de Paris en ce sens, avec une audience programmée le 19 février qui pourrait invalider la procédure a posteriori.

Dans ce contexte, le groupe de Vivendi, dirigé par Vincent Bolloré, boycottera-t-il la consultation de marché, quitte à la faire annuler en justice après coup si un autre diffuseur venait à sortir du chapeau ? Ou prévoit-il tout de même une offre au rabais en espérant avoir découragé les autres concurrents ?

- Marché calme -

En parallèle, la Ligue espère l'irruption d'un acteur nouveau. Amazon, le géant du web qui commence à investir dans les droits sportifs, est le plus cité, mais ses incursions ailleurs en Europe ne se sont souvent résumées qu'à une poignée de rencontres par saison pour une somme mesurée.

Ailleurs sur le marché, c'est le calme plat. TF1 et M6 ont confirmé à l'AFP qu'ils n'avaient pas vocation à acquérir des matchs de L1, tandis que France Télévisions n'a fait aucun commentaire. Orange, un temps cité par certains médias, n'en sera pas non plus: "On est à l'écart de ce processus", a indiqué son PDG Stéphane Richard.

Quant à la plateforme DAZN, le "Netflix" du sport, elle n'a pas souhaité faire de commentaires mais semble plus intéressée par la sécurisation de ses droits actuels en Italie.

Conséquence: l'hypothèse d'un processus infructueux ou d'offres n'atteignant pas le prix minimal "de réserve" est réelle. La Ligue devrait alors ensuite négocier de gré à gré avec les candidats potentiels, tout en trouvant une solution intermédiaire pour diffuser ses rencontres.

Téléfoot, la chaîne de Mediapro, a prévu d'émettre jusqu'au 3 février et est prête à prolonger l'aventure. Canal+ est aussi intéressée, comme plusieurs chaînes gratuites. Mais aucune de ces options n'assurera de gros revenus aux clubs. Et l'inquiétude reprendrait de plus belle.

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