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Bagarres organisées, fumigènes cachés dans le stade: les révélations impressionnantes d'un ancien hooligan belge

Deux jours après les incidents violents qui ont marqué le match Standard-Anderlecht, un ancien supporter ultra prend la parole. Il explique comment il déjouait les contrôles pour faire entrer des fumigènes dans les stades. Il a raconté aussi le quotidien d'un groupe passionné de football autant que de violence.

Il nous a donné rendez-vous dans un café à l'abri des regards. Robert a été un Ultra durant 30 ans. "Etre Ultra, c'est une façon de penser, une philosophie, un style de vie", dit-il.

Il donnait sa vie pour son clan, sa famille. D'ailleurs, devenir membre est très difficile. "En cas de confrontation, avec un club adverse ou une équipe adverse, après le match ou avant le match, c'est aller au charbon. Il faut un peu aimer la bagarre ou sinon vous n'êtes pas pris. On vous prend pour un larbin", ajoute-t-il.

Ce supporter se considère comme un hooligan mais avec des valeurs. "En général, ce sont les réseaux sociaux qui sont les intermédiaires. On se donne rendez-vous sur tel parking, à Anvers, à Bruxelles ou à Gand. On se retrouve là et quand une personne est par terre, on arrête", souligne-t-il.

Ils seraient aujourd’hui entre 1.000 et 1500 hooligans en Belgique. Plus de 600 feraient l’objet d’une interdiction de stade. Mais comment comprendre cet amour infini pour un club et son territoire au point de se battre ? "C'est quelque chose qui est important dans leurs vies, en dehors du contexte du foot. Le foot est aussi un sport de contact. Quand on écoute le discours des joueurs et des entraîneurs, on va au combat. Peut-être que certains retrouvent là-bas une réussite dans cette violence démontrée, qu'ils ne trouvent pas dans la société", explique Michael Dantinne, criminologue à l'Université de Liège.

Personne ne sait où ça se trouve

Né en Angleterre dans les années 60. L’hooliganisme prend son expression la plus violente en Belgique avec le drame du Heysel. Depuis, le phénomène n’a jamais disparu car très difficile à contrôler.

La preuve à Sclessin dimanche dernier, des dizaines de fumigènes de supporters bruxellois sont à nouveau lancés interrompant le match. Robert était présent sur le jour-là.

"C'est hyper facile. On fait les tifos un jour à l'avance donc on a accès au stade avant. On rentre les fumigènes dans des caisses, des cartons de chaussures. Il y a peut-être jusqu'à 100 fumigènes. On les met en-dessous des sièges du stade. On les met dans des endroits stratégiques. Il y a trois places où on sait les récupérer facilement après et personne ne sait où ça se trouve, même pas les stewards", indique Robert.

Même à l’entrée des stades, ils passent sans la moindre difficulté. "Les vigiles n'ont pas le choix, car on leur fait comprendre que si ils fouillent telle personne ou telle personne, ça se passera mal après. Un vigile a fouillé un de nos gars, qui avait des banderoles sur lui avec des fumigènes cachés, et à la fin du match, on lui a fait comprendre qu'il ne fallait pas que ça se reproduise. Il a quelques petites dents cassées, c'est tout", conclut Robert.

Selon plusieurs spécialistes, les actions répressibles semblent avoir aujourd’hui atteint leur limite. Pour certains, il faut instaurer un système de récompense, avec des points pour les bons élèves. Pas sûr que l’approche convienne à tous les clubs.

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