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France: les sentiers de la gloire

En 1998, le petit Antoine Griezmann courait après les champions du monde pour se faire dédicacer un ballon; vingt après, c'est lui qui défile sur les Champs-Elysées avec la Coupe du monde, après plus de sept semaines d'une folle aventure, dont voici quelques étapes:

. 5 juin: "La deuxième étoile, hein !"

C'est à Clairefontaine que le rassemblement démarre, le 23 mai. Finalistes de l'Euro-2016, les Bleus visent officiellement le dernier carré à la Coupe du monde en Russie. Mais dans les têtes, le rêve de décrocher une deuxième étoile mondiale est clairement présent. Olivier Giroud le dit à l'AFP: "Entre nous, on se dit qu'une compétition comme celle-là, tu ne peux pas te dire que tu feras mieux la prochaine fois..."

Le 5 juin, les Bleus reçoivent la visite d'Emmanuel Macron. L'ambiance est décontractée et le président lance, en souriant: "Je compte sur vous. La deuxième étoile, hein!".

. 26 juin: les champions de l'ennui

Le 26 juin, l'équipe de France, déjà qualifiée pour les 8e de finale, joue contre le Danemark à Moscou. Ce 0-0 est une terrible purge. Certains supporters sortent dégoûtés d'avoir fait le voyage pour assister à ça et la presse étrangère présente la rencontre comme la pire du Mondial.

Sur le plan comptable, les Français terminent en tête de leur groupe, sans briller mais sans non plus paniquer. Devant les micros, ils ne cessent de défendre leur bilan, sur le thème "il n'y a que le résultat qui compte", mais le doute s'installe.

. 30 juin: le match fondateur

En 8e de finale à Kazan, c'est l'Argentine de Lionel Messi qui se présente. La sélection sud-américaine arrive en bête blessée, en pleine crise interne, mais compte dans ses rangs l'un des deux meilleurs joueurs du monde.

Didier Deschamps sait qu'il risque gros et le président de la Fédération française, Noël Le Graët, se démultiplie dans la presse pour protéger son sélectionneur.

Le match est un thriller à grand spectacle. Il commence par une folle chevauchée de 70 mètres d'un minot de 19 ans et demi, Kylian Mbappé, qui obtient un penalty transformé par Griezmann (13e). L'Argentine réplique par une superbe frappe lointaine d'Angel Di Maria (41e) puis assomme la France juste après la pause sur un but de Gabriel Mercado (48e).

L'Equipe de France a-t-elle les ressources pour réagir ? Oui, grâce à une reprise de volée venue d'ailleurs du latéral droit Benjamin Pavard, qui réveille les souvenirs des buts de Lilian Thuram en 1998. Dans la foulée, le prodige français Mbappé inscrit un doublé (4-3), avec les compliments de la légende brésilienne Pelé. Le Mondial est vraiment lancé.

. 10 juillet: le coup de tête

Le 6 juillet en quart à Nijni Novgorod, les Bleus maîtrisent l'Uruguay, privé de son attaquant vedette Edinson Cavani, blessé à un mollet. La France contrôle la partie (2-0), bien aidée par une superbe prestation d'Hugo Lloris, auteur d'une des plus belles parades du Mondial face à l'Uruguayen Martin Caceres.

Le 10 juillet à Saint-Pétersbourg, la marche s'annonce plus haute encore contre la Belgique, la plus belle attaque du tournoi avec son trident diabolique Eden Hazard, Kevin de Bruyne et Romelu Lukaku. L'équipe de France fait preuve d'une incroyable solidarité défensive, avec un Raphaël Varane impérial. Et c'est son compère Samuel Umtiti qui se hisse dans les airs, à la 51e minute, pour marquer de la tête, servi par Griezmann sur corner. Les Belges enragent: "Je préfère perdre avec la Belgique que gagner avec la France", lance Hazard. Mais c'est la France qui est en finale.

. 15 juillet: l'étoile de Moscou

Vingt ans après la première étoile, les Bleus ont rendez-vous avec leur destin au stade Loujniki de Moscou, contre la Croatie. "A eux de rendre la France très fière. il y aurait une passation de pouvoir. C'est à cette nouvelle génération d'écrire sa propre histoire", s'enthousiasme le champion du monde 98, Robert Pires, auprès de l'AFP.

La finale, pleine de suspense et de stress, est grandiose, avec une pluie de buts (4-2). Dans une première période très difficile, Griezmann tient à bout de bras les siens en étant à l'origine du but contre son camp de Mario Mandzukic (18e), avant de marquer sur penalty (38e). Les Français mènent 2-1 à la pause.

Au retour des vestiaires, il faut attendre le superbe but du patron Paul Pogba pour sentir la rencontre basculer (59e). Mbappé conclut le spectacle à la 65e: à 19 ans et demi, il devient le deuxième plus jeune buteur de l'histoire en finale de Coupe du monde, après Pelé en 1958 (17 ans).

Sous une pluie battante, le capitaine Hugo Lloris soulève le trophée tant convoité.

Le lendemain, vingt ans après la génération Zidane, c'est celle de Griezmann qui défile sur les Champs-Elysées. Avec plein de gamins qui rêvent d'en faire autant dans une vingtaine d'années.

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