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"Les doigts dans le nez en Ligue des Champions": après l'arrivée des stars, que vaut vraiment le championnat saoudien ?

L'arrivée de grands noms du football mondial en Arabie Saoudite a de quoi susciter la curiosité. Le championnat saoudien est désormais scruté et nombreux sont ceux qui s'interrogent sur le niveau réel de la compétition, qui a vu certains clubs s'offrir les services de joueur du top niveau. Yannick Ferrera, qui a entraîné là-bas ces dernières années, nous aide à y voir plus clair.

Selon lui, clairement, la tendance est à la hausse pour le championnat, qui y gagne avec l'arrivée de joueurs comme Neymar, Ronaldo ou encore Mané, par exemple. "Le niveau du championnat saoudien est en train d’augmenter, très très vite", confirme Ferrera. "Il y a quelques années, les clubs avaient droit à 3 joueurs étrangers, puis c’est passé à 7, à 8 et l’année prochaine, à 10. On peut avoir quasiment l’entièreté des titulaires qui sont étrangers. Les stars sont très bien accueillies, le peuple saoudien est très fier d’accueillir des stars comme ça", nous précise-t-il, évoquant notamment des cohues aux aéroports à l'annonce de tels transferts.

Selon lui, avec ce système financier qui permet à des grands clubs de s'offrir des cadres sans compteur leur argent, notamment avec l'aide de l'état qui a investi dans le football, il y a aujourd'hui concurrence avec le football européen. Les clubs saoudiens ne feraient pas tâche contre nos meilleurs représentants. "Al-Hilal, qui est le plus grand club là-bas, qui a gagné 2 des 4 dernières ligue des champions asiatiques, quand on a joué contre eux avec Al Riyad, on a perdu 6-1", rigole par exemple l'entraîneur. Avant de détailler. "Au but, ils ont Bounou, leurs défenseurs centraux, c’est un international saoudien et Koulibaly, l'un des 4-5 meilleurs défenseurs du monde. Leurs latéraux, deux internationaux saoudiens. Leurs milieus de terrain, Ruben Neves et Milinkovic-Savic, des gars qui peuvent jouer dans n’importe quel club qui joue en Ligue des Champions en Europe. Leurs ailiers ? Malcolm, de l’autre côté Neymar avec Mitrovic en pointe. Cette équipe-là, elle joue les doigts dans le nez en Ligue des Champions européenne", précise-t-il.

Il ne faut d'ailleurs pas se leurrer, tout cela fait partie d'une stratégie, qui vise à augmenter le niveau global pour justifier l'obtention d'une Coupe du monde, en 2030. "Je pense qu’ils veulent montrer au monde entier qu’eux aussi peuvent avoir un championnat de qualité. Ils sont en train de réaliser cela pour le moment. Ils ont créé 4-5 équipes de très haut niveau", confirme Ferrera.

Mais le revers de la médaille, c'est le déséquilibre qui se crée, du coup, entre les meilleurs clubs et le reste. "Il y a de grosses différences de budget entre ces clubs et les autres, même si ça va se rééquilibrer un petit peu. Les budgets sont très différents. On parle, pour ces grands clubs, d’un budget de 500 millions d'euros. Le budget que mon club avait (Al Riyad, ndlr), alors que l'on venait de monter de D2, c’était 8 millions. Donc il y a une énorme différence ! Je pense que ça va se rééquilibrer un petit peu avec le temps, c’est la première année. Ils veulent construire un truc solide qui va durer et ne pas s’affaisser comme en Chine il y a quelques années", analyse l'entraîneur belge. 

Il y voit d'ailleurs un projet bien plus solide que celui de la Chine, qui a rapidement renoncé en limitant à nouveau l'arrivée de joueurs étrangers. "Ils paient beaucoup plus qu’en Chine. C’est aussi beaucoup plus proche de l’Europe, on est à 6h de vol de la Belgique par exemple. C’est plus facile de s’adapter en Arabie Saoudite qu’en Chine, probablement. Je crois que le projet peut durer beaucoup plus longtemps que le projet chinois", conclut Yannick Ferrera. L'avenir nous le dira. 
 

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