Accueil Sport Football Football Etranger

Mondial: Rabiot, bon tempo et belle histoire

Réserviste boudeur en 2018, contraint à une longue traversée du désert ensuite, Adrien Rabiot a réussi ses débuts en Coupe du monde, mardi au Qatar, avec un but et une passe décisive qui ont permis aux Bleus de renverser l'Australie (4-1).

"Ca fait du bien, je suis content. Mais c'est surtout un bon travail d'équipe", a-t-il savouré sobrement devant les journalistes. "On était bien compacts, on a su gérer ce match, on n'a pas paniqué après le but".

Les champions en titre ont en effet été sonnés par le but précoce des "Socceroos" (9e) et la sortie sur blessure de Lucas Hernandez. Rabiot a remis les siens sur les rails en moins de cinq minutes, d'une égalisation rageuse (27e) et d'une offrande libératrice pour Olivier Giroud (32e), qui l'a remercié d'un bisou.

Le N.14 n'était pas forcément celui sur lequel les projecteurs s'étaient tournés, tout accaparés qu'ils sont par le joyau Kylian Mbappé (buteur du 3-1 à la 68e). Mais c'est bien du milieu de la Juve qu'est (re)venue la lumière.

L'ancien "Titi" du Paris SG, élément stabilisateur de l'entrejeu bleu, aime pourtant davantage rester dans l'ombre, du moins lorsqu'il n'est pas sur les terrains de football, où il excelle ces dernières semaines.

"Si mon image est floue, c'est parce que je le désire, je ne m'étale pas énormément, je ne me montre pas tellement en dehors du terrain", a-t-il confessé vendredi en conférence de presse, questionné sur l'opinion que les Français ont de lui.

Le joueur de 27 ans a longtemps traîné comme un boulet son divorce douloureux avec le PSG, en 2019 après dix ans de vie commune, et surtout son refus d'être réserviste lors de la Coupe du monde en Russie, remportée il y a quatre ans par ses compatriotes.

- "Ne pas nous sous-estimer" -

Son image? "Elle changera certainement si la compétition se déroule bien", glissait-il avec malice devant les médias à Doha. "Quand ça se passe bien, tout le monde a une belle image, tout le monde est fort. Mais je suis pas focus là-dessus", a-t-il pris soin d'ajouter.

Le "Duc" a été écarté pendant plus de deux ans des listes de Didier Deschamps. Mais il s'est rappelé au bon souvenir du sélectionneur grâce à ses prestations abouties à Turin. Rappelé en août 2020, il n'a plus manqué à l'appel depuis et collectionné les sélections, jusqu'à sa 30e cape mardi.

La statistique parle d'elle-même: depuis son comeback international, Rabiot a été titularisé 20 fois lors des 24 matches qu’il a disputés.

Le gaucher élancé s'est faufilé dans un entrejeu français trop souvent orphelin de Paul Pogba et N'Golo Kanté, aux corps plus fragiles et encore contraints au forfait pour cette Coupe du monde. Sans eux, le Bianconero fait office de cadre, notamment auprès de son binôme Aurélien Tchouaméni (22 ans).

"Il ne faut pas nous sous-estimer même si les absents sont très importants. On a démontré ce soir qu'on avait de la qualité", a-t-il réagi après la rencontre.

Après des premières minutes un brin poussives, mardi, Rabiot a mis le turbo et renversé une situation bien mal embarquée pour les Bleus. Il a ratissé les ballons qui traînaient, stabilisé le bloc du milieu et, surtout, été décisif dans la surface de vérité.

Il y a d'abord ce but si précieux, son troisième depuis ses débuts en 2016, à la réception d'un centre de Theo Hernandez (27e), qu'il a célébré la bouche ouverte, harangueur et le poing rageur.

Puis il y a cette prise en chasse du latéral droit Nathaniel Atkinson, un pressing qui permet à Mbappé de récupérer la balle et de lui redonner d'une subtile talonnade. Centre en retrait décisif pour Giroud qui, en guise de remerciement, lui dépose un baiser sur la tête.

Ne pas vivre le Mondial-2018, "c'était une grosse déception", disait-il la semaine passée. "Je ne prends pas ça comme une revanche, je suis reconnaissant de tout ce qu'il s'est passé depuis mon retour, je prends ça comme une chance". Il l'a saisie.

À lire aussi

Sélectionné pour vous