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Quinze points de pénalité! La Juventus Turin a été lourdement sanctionnée vendredi par la justice sportive italienne qui l'accuse d'avoir enregistré dans ses comptes des plus-values artificiellement gonflées lors de transferts de joueurs.
Son ex-patron Andrea Agnelli, qui a officiellement été remplacé cette semaine à la présidence du club, a écopé d'une suspension de deux ans, avec d'autres ex-dirigeants, mais aussi un responsable actuel, de l'équipe la plus titrée du football italien (36 titres de champion), selon le communiqué de la Fédération italienne de football.
La Juve avait été acquittée avec dix autres clubs dans ce dossier au printemps 2022 mais la cour d'appel de la Fédération a accepté la demande du procureur fédéral de rouvrir le dossier, uniquement pour le club turinois, au vu des éléments transmis par la justice italienne qui enquête aussi sur les comptes de la "Vieille dame".
En infligeant à la Juve cette pénalité de quinze points, "à purger dans la saison en cours" selon les termes du communiqué, l'instance est allée au-delà des réquisitions du procureur qui avait préconisé un retrait de neuf points lors de l'audience vendredi.
La voilà désormais repoussée de la troisième place (avec 37 pts) à la dixième (avec 22 pts) de la Serie A. Cette sanction en l'état, compromet grandement ses chances de finir dans les quatre premiers de la Serie A et donc de disputer la saison prochaine la lucrative Ligue des champions.
Le club bianconero a précisé attendre "la publication des motivations" de la décision mais a "pré-annoncé d'ores et déjà" qu'il déposerait un recours devant le collège d'arbitrage du Comité olympique italien (Coni), dans un communiqué sur son site.
La cour d'appel a en outre infligé de longues suspensions à l'encontre des ex-dirigeants du club: deux années et demie à l'encontre de l'ex-directeur sportif Fabio Paratici, aujourd'hui à Tottenham, et deux années pour l'ex-président Andrea Agnelli.
L'ex-gloire du club Pavel Nedved, ancien vice-président, écope lui d'une suspension de huit mois.
- Pertes financières -
A noter que le directeur sportif actuel, Federico Cherubini, figure également parmi les responsables sanctionnés avec une suspension de seize mois.
Là aussi, les sanctions sont plus fortes que les réquisitions du procureur fédéral Giuseppe Chinè.
Si d'autres clubs avaient été poursuivis à l'origine, la Juventus a toujours été en première ligne dans ce dossier: elle était accusée d'avoir notamment surévalué les prix de vente de certains joueurs, dans le cadre de ventes croisées avec d'autres clubs principalement, pour enregistrer des plus-values artificiellement gonflées dans ses comptes.
La Juve fait également l'objet d'une enquête judiciaire sur de possibles fraudes comptables pour limiter artificiellement ses pertes dans ses bilans présentés aux investisseurs, entre 2018 et 2021.
Le parquet de Turin a demandé début décembre le renvoi en procès d'Andrea Agnelli et de onze autres ex-dirigeants. Cette demande doit être examinée fin mars.
Andrea Agnelli a annoncé sa démission fin novembre, sous la pression judiciaire. Son successeur, Gianluca Ferrero, a été officiellement intronisé mercredi.
La nouvelle direction aura pour mission de redresser la situation sportive de la Vieille Dame, sans titre la saison dernière pour la première fois depuis onze ans, mais surtout la situation financière inquiétante: le club a enregistré des pertes supérieures à 200 millions d'euros ces deux dernières saisons et est aussi surveillé par l'UEFA en raison de ses finances fragiles.
Des heures sombres qui plongent le club dans ses pires turbulences depuis le scandale du "calciopoli" (influence sur les arbitres) qui avait entraîné sa relégation administrative en deuxième division et la perte sur tapis vert des titres de 2005 et 2006.