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En 2019, en Chine, ses mots rageurs avaient libéré les Bleus avant la victoire sur les États-Unis en quart de finale du Mondial. Dimanche c'est sur le parquet qu'Evan Fournier les a guidés vers un nouvel exploit (83-76) contre Team USA aux Jeux de Tokyo.
Auteur de 28 points, dont un tir primé plein de sang froid qui a définitivement fait basculer la rencontre en faveur de l'équipe de France à 57 secondes du buzzer, l'arrière a sorti une performance majuscule qui l'assoit un peu plus dans son statut de leader d'attaque, au sein d'un groupe dont le génome principal de l'ADN est défensif.
"Il a été incroyable... Il a mis de gros shoots, il faut des joueurs qui savent mettre des paniers que les autres ne peuvent pas mettre. Il s'en est créé, mais ses coéquipiers ont aussi joué pour lui et l'ont trouvé. C'était très important pour moi", s'est félicité Vincent Collet, l'entraîneur des Français, qui affronteront la République tchèque mercredi dans leur deuxième match.
"Il a réalisé une prestation d'autant plus fantastique qu'elle a mené à une victoire. Il n'y a pas de grande victoire sans un ou deux joueurs qui font ce genre de matches", a-t-il insisté.
Auteur de la deuxième meilleure performance de l'histoire aux JO pour un joueur français, derrière les 29 points inscrits par Antoine Rigaudeau contre la Chine à Sydney-2000, "Vavane" a été prépondérant, mais a aussi inspiré l'équipe sur la façon d'aborder ce premier rendez-vous face à des Américains qu'il savait prenables.
- Souffre-douleur des Américains -
"L'un de mes rôles, c'est de montrer à mes coéquipiers comment jouer ces mecs-là. Il faut leur faire sentir qu'on ne va pas reculer, comprendre qu'ils sont comme nous, et qu'avec la bonne approche, même s'ils sont individuellement plus forts, ils peuvent être battus", a-t-il expliqué.
Un discours suivi d'actes qui a fait de Fournier le bourreau de Team USA, comme il y a deux ans à Dongguan en Chine, avec 22 points inscrits dans un quart de finale resté par son caractère inédit et sa valeur - une qualification dans le dernier carré mondial (89-79) - comme un des plus grands exploits du basket français.
À l'époque, c'est avant même d'en découdre sur le terrain qu'il avait marqué les esprits. Au lieu de prononcer un discours que ses coéquipiers attendaient au milieu d'une mêlée formée, il s'était tourné vers l'équipe américaine, rassemblée non loin, et avait déversé sa rage dans un langage fleuri qui interloqua tout le monde.
Vincent Collet compara ce coup de sang à cet épisode inoubliable "où les joueurs du quinze de France avaient défié le haka néo-zélandais en venant coller leur nez à celui des All Blacks" en quart de finale du Mondial-2007 de rugby. Là aussi avec la victoire au bout (20-18).
- "En mode scoring" -
À Saitama, c'est en tueur silencieux qu'il est apparu ballon en mains. Face à plusieurs stars réputées pour leur capacité à être "clutch" (décisifs dans les derniers instants), tels Damian Lillard ou encore Kevin Durant, avec lequel il s'est récemment pris le bec en play-offs, le Français s'est acquitté de cette tâche de façon remarquable.
"J'ai un rôle différent par rapport à la NBA. Là l'équipe veut que je score. Je dois être plus agressif, je dois chercher mes tirs. Quand j’étais à Boston, je jouais avec Jayson Tatum et Jaylen Brown et j'avais simplement un autre rôle. Ici, je suis en mode scoring", a-t-il fait observer.
Après sa performance, susceptible d'influer sur son avenir en club, alors qu'il sera libre sur le marché dans une semaine, les journalistes américains ont tenté d'en savoir plus. En vain. Pour l'intéressé, l'heure est aux JO? auxquels il a toujours rêvé de participer.
Au pays du soleil levant, la lumière olympique brille même la nuit, mais Fournier a semblé trouver la voie pour ne pas se laisser aveugler, sachant très bien que la ruée vers l'or sera longue. "Stoïcisme: l’art de ne pas se laisser contrôler par ses émotions ou ses impulsions", a-t-il ainsi écrit sur son compte Instagram.