Accueil Sport

Maxime, un Brainois de 25 ans, s'est lancé comme agent de joueur: il raconte le métier

Souvent dépeintes comme des personnes aisées et prêtes à tout pour réaliser une belle affaire financière aux dépens de leurs joueurs, les agents ne bénéficient pas de prime abord d'une image positive auprès de l'opinion publique. Pour découvrir l'envers du décor et en savoir plus sur les coulisses de cette profession, nous avons rencontré Maxime Kongo, un jeune agent de joueur brainois de 25 ans, qui tente de se faire une place dans un domaine très fermé en Belgique.

Baignant dans le football depuis son plus jeune âge, Maxime Kongo, originaire de Berchem-Sainte-Agathe en région bruxelloise, a trouvé sa reconversion dans le milieu du ballon rond. Après avoir connu les joies du terrain au poste de gardien, dans les équipes de jeunes du RWDM, il a évolué quelques années en tant que milieu de terrain au RCS Brainois et à Tubize (où il faisait partie du noyau espoirs et u19), à Etterbeek, à Watermael-Boitsfort et dernièrement à Grez-Doisceau, où il a mis un terme à son parcours de footballeur en octobre 2017.

Avec son diplôme en marketing décroché à l'Institut Supérieur Economique d'Ixelles (ISE), Maxime Kongo s'est à présent mis en tête de tout faire pour percer dans le milieu fermé des agents de joueurs en Belgique.


"Il faut avoir des pistons, être le fils de quelqu’un ou être un ancien joueur pro"

"C’est un projet que j’avais depuis longtemps dans ma tête, mais je ne savais pas comment le développer car c’est un domaine assez complexe dans lequel, pour se faire un nom, il faut avoir des pistons, être le fils de quelqu’un ou être un ancien joueur pro", confie-t-il.  

Grâce à son parcours footballistique, il a pu bénéficier de ce petit coup de pouce. Quand il a rejoint Tubize à l'âge de 16 ans lors de la saison 2009-2010 en tant que joueur, il a été encadré par l'agent Luc Mangala (ancien agent de Benjamin Mokulu, Dedryck Tshimanga et Samatta qui ont tous évolué en Jupiler Pro League). Si leur collaboration n'a pas duré longtemps, car Maxime Kongo n'est pas parvenu à percer au niveau professionnel, les deux hommes se sont revus "par hasard" à Braine-l'Alleud en septembre 2015. 

"Je lui ai alors simplement parlé de mon projet d'être agent de joueur et il m'a promis de me rappeler. Ce qu'il a fait en mars 2016, pour me dire qu'il avait décidé de me prendre sous son aile pendant un an", raconte-t-il. "J’étais tous les jours avec lui et on allait à des rendez-vous à Anderlecht, au Standard,… J’ai ainsi rencontré des dirigeants de club. A présent, ils savent qui je suis. Grâce à cela, j’ai certainement gagné cinq ans", souligne-t-il. 

Maxime peut s'appuyer sur son mentor

Le Brainois a pu ainsi s'appuyer sur son mentor pour gravir les premiers échelons de la profession. "Il a directement pris en charge mon inscription à l'Union belge (il faut débourser minimum 500 euros par an pour pouvoir être agent en Belgique + 800-850 euros par an d'assurance RC), mais aussi mes différents frais (téléphone, déplacements,…)", indique Maxime qui est devenu officiellement agent de joueur en juillet 2017. 

Depuis quelques mois, il exerce son nouveau métier pour Vista Sport Management, une agence de management active dans le football et créée en 2016 en association avec Luc Mangala. Dans sa quête de reconnaissance en Belgique, Maxime va pouvoir par ailleurs bénéficier du carnet d'adresses et du réseau de son patron qui est agent depuis le début des années 2000. "Il lui a fallu du temps pour se faire connaître des grands clubs. A une époque, la plupart des joueurs congolais arrivaient en Belgique via lui et Fabio Baglio, l’agent de Dieumerci Mbokani et Chancel Mbemba. C’était les deux ponts entre le Congo et la Belgique", précise Maxime. "Les clubs belges se sont intéressés aux joueurs congolais et c’est comme ça que les contacts se sont très bien établis en Belgique."

Grâce à la structure Vista Sport Management, Maxime Kongo va servir de relais pour Luc Mangala qui lui demandera de s'occuper des joueurs congolais qu'il transférera en Belgique dans les prochains mois et prochaines années. "Il y a donc un réseau congolais que Luc Mangala gère là-bas et de mon côté, je règle leur situation avec mes partenaires, Jakimo Kimbulu et Gaël Boven, un conseiller juridique qui apportera son expertise dans différents dossiers", ajoute-t-il.


"Tout se joue dans la tête"

Maxime a réalisé son rêve en devenant agent de joueur, mais pas à n'importe quel prix. Il compte bien lutter contre le cliché du représentant de joueur prêt à tout pour empocher un maximum d'argent. Il dit également vouloir s'efforcer d'aider au mieux ses jeunes protégés afin qu'il puisse évoluer le plus haut possible. 

"L’idée est d’accompagner les joueurs durant leur carrière ou leur formation avec un management sportif et de la gestion de leur image", explique-t-il. "Nos joueurs sont également suivis par des coaches sportifs et mentaux. Pourquoi? Est-ce que ce sont les plus talentueux qui percent? Pas forcément. Tout se joue dans la tête (80% selon lui). On s’est dit qu’il y avait un trou à combler et on travaille donc avec deux coaches mentaux. Une fois ou deux fois tous les dix jours, on envoie un joueur chez eux. On aimerait qu’ils travaillent tous les jours pour se remettre en question. On veut leur permettre de jouer au minimum à un bon niveau" poursuit-il. "On prend souvent comme exemple, le parcours d'Olivier Deschacht. Tout le monde aime se moquer de lui car il est limité techniquement mais s’il est là et s’il reste au haut niveau malgré les critiques, c’est qu’il est fort dans sa tête."

Au-delà de l'aspect mental, Maxime Kongo veut également apporter un soutien au niveau sportif  (préparations physiques et entraînements spécifiques) à ses "poulains" qui en auraient besoin tout en proposant d'autres services (gestion de carrière, sponsoring, assistance juridique, gestion de patrimoine,...).

Actuellement, Vista Sport Management s'occupe de 15 joueurs dont les plus "connus" sont Beni Badibanga (prêté au Lierse par le Standard), Edo Kayembe (un espoir du Sporting d'Anderlecht) et Jonathan Bolingi (prêté cette saison par le Standard à Mouscron).


"Le terme "agent" est très mal vu par les parents"

Mais comment Maxime Kongo compte-t-il accueillir d'autres joueurs dans son écurie? Le métier d'agent, est aussi un métier humain et un métier de contact. Il parcourt donc chaque semaine plusieurs kilomètres pour trouver les perles rares sur les terrains des différentes provinces. "Pour les jeunes, cela représente des heures de scouting. On va voir les matches sur de nombreux terrains en Belgique. La différence avec les gros agents, c’est qu’ils ne vont pas aller voir des rencontres de U14 à Braine-l'Alleud, à Saint-Michel ou à Stockel. Moi, c’est ça que j’adore. Le marché est tellement bouché qu'on préfère aller dans les petits clubs. Quand on approche un jeune joueur, on préfère dire qu'on est des conseillers sportifs. Le terme agent est très mal vu par les parents. Une fois qu'ils ont accepté de faire un bout de chemin avec nous, on progresse ensemble", indique-t-il. 


La première question des parents est "Qui avez-vous comme joueur?" 

En attendant de se faire un nom sur le marché belge, Maxime Kongo doit parfois faire face à des refus de certains parents. "La première question des parents est "Qui avez-vous comme joueur?". Chez nous, les seuls joueurs références sont Edo Kayembe d’Anderlecht, qui vient de jouer avec les pros, et Beni Badibanga (le joueur qui appartient au Standard). Donc certains parents préfèrent aller voir d’autres agents", confie-t-il. "Le problème pour nous, c'est que les gros agents vont inviter des gamins de 15-16 ans et leurs parents chez eux pour leur vendre du rêve. Ils vont dire qu’ils ont de très bons contacts en Angleterre, en France, en Italie,… Nous voulons pénétrer le marché différemment en offrant des services adaptés à chaque joueur, on ne dit pas qu’ils feront tous une grosse carrière mais on va faire notre maximum. On ne veut pas miser sur la quantité de joueurs mais sur la qualité."


Combien lui rapporte son activité d'agent?

Tout ce travail en amont ne rapporte actuellement pratiquement pas d'argent à Maxime Kongo, qui gagne sa vie en étant conseiller financier dans l'entreprise française OVB, qui délivre des conseils en patrimoine.

La réalité de la vie d'un agent qui débute est donc loin des strass et des paillettes mais le dernier mercato hivernal va peut-être permettre à Maxime de franchir un pallier, grâce au transfert du joueur du Standard, Beni Badibanga, qui a été prêté au Lierse jusqu'en fin de saison. "Sur ce transfert, on a pris une belle somme d'argent", confie-t-il.

Une transaction qui a permis de remplir un peu les caisses de son entreprise dans les dernières minutes du marché des transferts le 31 janvier dernier. "On a reçu plusieurs offres provenant d'Italie, des Pays-Bas et de Belgique pour Beni et on a analysé les différentes propositions pour trouver le meilleur projet sportif pour Beni", précise Maxime. "Nous avons ainsi tout fait pour qu'il puisse rejoindre le Lierse en prêt. Les négociations ont été très longues (jusqu'à 10-15 minutes de la fin du mercato), à cause des derniers détails à régler afin de trouver un accord final qui conviendrait à toutes les parties." 

Ce transfert constitue le premier "coup" de Maxime Kongo et de son fidèle bras droit Jakimo Kimbulu en Belgique. "Un vrai boost" pour leurs affaires. "Des joueurs nous ont contactés par la suite en voyant l'info tomber dans les médias. Il y a eu le premier boost avec Luc Mangala pour les contacts avec les clubs et le second, c’est ce transfert. A présent, on est davantage sollicités."

À lire aussi

Sélectionné pour vous