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Chronique du bivouac du Dakar: "j'ai dû dormir dans les dunes", raconte Sara Jugla

Plus jeune pilote moto du paddock de cette 43e édition du Dakar, Sara Jugla, 28 ans, participe pour la première fois au célèbre rallye-raid qui se termine samedi en Arabie saoudite.

Elle a terminé plusieurs fois dernière des étapes, rentrant exténuée et très tard au bivouac. Lors de la spéciale de l'étape 5 entre Riyadh et Al Qaisumah, longue de 450 km, Sara Jugla a dû se résigner à passer une nuit dans les dunes, comme d'autres concurrents. En raison de son retard, la direction de course l'a déclassée et l'a faite passer dans la catégorie "Dakar experience", ultime joker pour les amateurs qui ne peuvent suivre le rythme de la course: ils sont sortis du classement principal, mais peuvent continuer à rouler lors des étapes pour engranger de l’expérience. Elle profite de la journée de repos à mi-course pour raconter sa mésaventure à l'AFP.

"L'étape commence et très vite on se perd, on tourne en rond sur un grand plateau. Je decide de m'arrêter pour faire le point. Je ne suis pas la seule a être perdue d'ailleurs. A un moment donné une voiture rouge vient à ma hauteur, la portière s'ouvre et là je vois Sebastien Loeb qui me demande le chemin qu'il faut suivre! Je n'en croyais pas mes yeux! Puis il part dans une direction, fait demi-tour et revient à côté de moi pour me dire que ce n'était pas la bonne direction! Grand moment dans mon Dakar! Beaucoup plus tard en arrivant au dernier CP il faisait nuit. La direction de course nous a dit qu'on avait le choix: soit on dort dans les dunes et on essaye de rejoindre le départ de l'étape 6, soit on arrête le Dakar et on bascule en +Dakar experience+, celui de ceux qui ont abandonné l'idée de figurer au classement général, en rentrant par la route. Pour moi passer en +Dakar experience+ ce n'était pas un problème, après tout l'essentiel est d'arriver au bout, c'est ça mon objectif. Mais Alex Bispo avec qui je roule depuis plusieurs étapes et qui m'a aidée à plusieurs reprise voulait rester sur le Dakar normal coûte que coûte. Alors j'ai décidé d'être solidaire et de rester avec lui. Donc on repart du CP 5 de nuit et 10 km plus loin on arrive dans les dunes. Et là ça devient vraiment compliqué, mon éclairage est cassé, et rapidement on se rend compte que rouler comme ça est impossible. En plus on était épuisés. Alors on s'arrête et on décide de bivouaquer dans le désert saoudien. Avec quelques rations et une couverture de survie avant qu'un 4x4 médical de l'organisation nous apporte une tente qui nous a protégés du vent. Mais on a dormi par terre, dans le sable, il faisait hyper froid, on en tremblait. Nuit très courte, pas reposante. Et à six heures quand le soleil s'est levé derrière les dunes, on est remonté sur les motos pour essayer de terminer, il restait une centaine de kilomètres pour rejoindre l'arrivée de l'étape 5 qui était par chance à côté du départ de la 6. Notre espoir était d'enchaîner les deux, d'autant que la direction de course avait repoussé l'heure du départ. Mais malgré tout, nous sommes arrivés trop tard. Je n'ai pas de regrets, pas de déception, parce que j'ai vraiment tout donné. J'ai donné tout ce que j'avais et cette étape va rester gravée dans ma mémoire. La nuit dans les dunes, le lever de soleil, le retour au bivouac avec la lumière du matin, tout ça c'était vraiment très beau.

Aujourd'hui ça va plutôt bien, malgré la petite frustration, quand on a finalement réussi à rejoindre le départ de l'étape 6, mais qu'on nous a refusé le départ parce qu'on était arrivés trop tard. Il a fallu rentrer sur le bivouac, faire la liaison, et là c'est sur qu'on y repense, on gamberge et c'est difficile de se faire à l'idée. Mais finalement avec du repos, moins de fatigue on se dit qu'on a la chance d'avoir cette catégorie +Dakar experience+ pour aller au bout. Donc on garde le sourire et en avant pour la dernière ligne droite de l'aventure jusqu'à Jeddah".

Propos recueillis par Boris DESCARGUES

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