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Basket: Tony Parker, l'homme qui a changé le basket français

Tony Parker, intronisé samedi au "Hall of Fame", est le meilleur joueur de l'histoire du basket français, l'homme qui l'a porté à des niveaux inconnus avant lui, autant sur la scène internationale qu'en NBA, où il a évolué pendant dix-huit saisons, dont 17 à San Antonio.

Une consécration supplémentaire. Salué par ses pairs au point de voir son nom intégré au panthéon de son sport, une première pour un basketteur français, Tony Parker, aujourd'hui âgé de 40 ans, a écrit une nouvelle ligne de sa merveilleuse carrière de basketteur.

Cette date s'ajoute à deux autres qui disent tout de son importance. La première est 2003, lorsqu'il fut le premier Français à passer à son doigt la fameuse bague de champion NBA, le trophée le plus convoité dans son sport, avec les Spurs de San Antonio. Trois autres allaient suivre (2005, 2007, 2014), ainsi qu'un titre de "MVP" (meilleur joueur) de la finale en 2007 et six sélections pour le "All Star Game".

L'autre est 2013, quand les Bleus gagnèrent leur première grande compétition internationale, l'Euro. C'était la récompense d'une fidélité exemplaire au maillot tricolore pour lequel il n'a cessé de clamer son amour.

De ce sacre, on retiendra surtout la victoire en demi-finale contre les rivaux espagnols, vaincus par les Bleus au prix d'une remontée fantastique. Alors que Tony Parker et ses coéquipiers sont menés 34 à 20 à la mi-temps, le meneur prend la parole dans le vestiaire et se mue en guide: "Je me fous de ce qui arrive en deuxième mi-temps, même si on perd, au moins on joue avec notre fierté. (...) Je préfère perdre en me battant", tonne-t-il.

Crucial dans la conquête du titre, ce discours a été "le plus grand moment de (s)a carrière en équipe de France", a jugé plus tard, dans un documentaire de Canal +, ce Français par choix.

Né à Bruges (Belgique) d'un père basketteur américain et d'une mère néerlandaise, arrivé nourrisson à Denain (Nord), il a passé son enfance près de Rouen (nord-ouest) et opté pour la nationalité française à l'âge de quinze ans.

- Un bourreau de travail -

Son influence chez les Bleus a été énorme. Entre sa première sélection, en 2000, et sa dernière seize ans plus tard en quarts de finale des Jeux de Rio, le génial meneur de jeu a conduit une douzaine de campagnes, enchaînant sans rechigner les olympiades et les Euros avec des saisons américaines exténuantes (plus d'une centaine de matches). Il compte 181 capes (pour 2.741 points, soit plus de 15 de moyenne par match) lors desquelles il a été à la fois le leader, l'inspirateur, l'organisateur et le finisseur de l'équipe.

S'il n'était pas le tout premier Français en NBA à son arrivée au Texas, en 2001, à l'âge de 19 ans, c'est bien lui qui a servi de modèle aux nombreux compatriotes qui ont tenté l'aventure après lui: Nicolas Batum, Evan Fournier et Rudy Gobert notamment.

Sous la baguette de son mentor, l'entraîneur Gregg Popovich, Parker a joué un rôle déterminant, aux côtés de l'Argentin Manu Ginobili et de l'Américain Tim Duncan, dans la trajectoire des Spurs, devenus dans les années 2000 l'une des franchises marquantes de la NBA. Ce trio est l'un des plus dominants de l'histoire de la ligue nord-américaine.

Ce n'est donc que justice de voir Parker, qui a mis fin à sa carrière de joueur en 2019 après une ultime saison anecdotique aux Charlotte Hornets, rejoindre Duncan et Ginobili au "Hall of Fame".

Parker éblouissait surtout par son exceptionnelle vélocité balle en main, ses démarrages fulgurants et ses slaloms funambulesques au milieu des défenses, souvent conclus par son fameux "teardrop" (larme en anglais), un tir en cloche indispensable à ce joueur de 1,88 m.

Toujours soucieux de progresser, Parker s'est ensuite amélioré dans la gestion du jeu, puis il s'est doté d'un tir plus fiable à longue distance avec l'aide d'un "shot doctor" (un conseiller spécial sur la technique de tir), au prix d'un travail rigoureux: jamais moins de 200 tirs par jour.

- Sportif et homme d'affaires -

Homme d'affaires, Parker s'enorgueillissait de l'être avant même la fin de sa carrière. Il est devenu l'un des sportifs français les plus riches grâce à son salaire aux Spurs qui atteignait les 12 millions de dollars par saison lors de ses grandes années - loin toutefois des sommes que perçoivent les vedettes actuelles de la ligue - et à de nombreux contrats publicitaires.

Depuis sa retraite sportive, c'est à ces activités économiques qu'il a depuis consacré une grande partie de son temps, ainsi qu'à la présidence de l'Asvel, le club de Villeurbanne, qui dispute l'Euroligue depuis 2019 et a remporté les trois derniers championnats de France.

Chanteur de rap à ses heures perdues, acteur et producteur de cinéma, vivant à l'époque de sa gloire sportive à San Antonio dans une luxueuse villa dotée d'un terrain de basket couvert, d'un court de tennis, d'une salle de jeux vidéo... et d'une superbe cave à vin, Parker a aussi été un "people". Son fastueux mariage dans un château au sud-est de Paris, puis son divorce au bout de deux ans avec l'actrice américaine Eva Longoria ont fait le bonheur des journaux.

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