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Décès sur la Volvo Ocean Race: il fallait "slalomer" entre les bateaux de pêche, a dit Cammas

La flotte de la Volvo Ocean Race a dû "slalomer" au milieu d'un "nombre incalculable" de bateaux de pêche à l'approche de Hong Kong, a relaté samedi à l'AFP le marin français Franck Cammas après une collision tragique en fin de course.

Alors qu'il occupait la deuxième position, le voilier américano-danois Vestas 11th Hour Racing a percuté un bateau de pêche à 30 milles de l’arrivée samedi à 01h23 locale (17h23 GMT vendredi). Un pêcheur chinois a péri.

Vestas était à la bagarre pour conserver sa deuxième place derrière le vainqueur Team Sun Hung Kai/Scallywag, tandis que le voilier chinois Dongfeng, à bord duquel se trouvait Franck Cammas, poussait pour revenir, "à moins d'une dizaine de milles" (moins de 16 km) derrière.

"Quand on a su qu'il y avait l'accident ils sont apparus un peu en avant de notre travers, donc on n'était pas loin", a raconté celui qui possède l'un des plus grands palmarès de la voile française, et qui avait rejoint Dongfeng comme navigateur pour une "pige" exceptionnelle sur cette quatrième étape de la Volvo entre Melbourne et Hong Kong.

"On était au milieu d'un nombre incalculable de bateaux de pêche", a relaté l'Aixois de 45 ans, qui rentrera en France dans les prochains jours et rendra sa place à Pascal Bidégorry, "titulaire" du poste à bord de Dongfeng.

"Il y avait eu deux zones auparavant qui étaient de la même densité et ça c'était la dernière zone avant d'arriver sur Hong Kong", à une trentaine de milles.

- 'Dépendant du matériel' -

"Il fallait un peu slalomer, les bateaux étaient à vitesse maximale quasiment pour ces bateaux, autour de 20 noeuds (37 km/h) avec des bateaux où tout le monde est aux écoutes à contrôler les voiles avec pas mal d'eau sur la figure aussi."

"Donc ça va vite, ça fait du bruit, la communication entre celui qui est à la table à carte et celui qui barre n'est pas simple non plus", a-t-il poursuivi.

"Il y a une fatigue générale. On est dans des conditions où ça fait 15 jours qu'on se bat et l'arrivée est proche et on se bat à plusieurs bateaux à quelques milles."

Quand un +mayday+ (appel de détresse) a été lancé après la collision, Dongfeng a d'emblée proposé son assistance, a raconté Cammas.

"Le navigateur à bord a dit qu'il n'avait pas besoin de nous sur le moment parce qu'il y avait déjà d'autres bateaux sur zone et le +race control+ aussi, que l'on a contacté immédiatement, a dit de continuer la course pour ne pas rajouter de la confusion à la confusion qui existait déjà j'imagine."

Les accidents de ce genre sont "extrêmement rares", a rappelé Franck Cammas, en raison de la présence à bord d'instruments comme l'AIS (Automatic Identification System/Système d'identification automatique) qui permet de repérer les autres bateaux, si tant est qu'ils en sont dotés.

"On a tout ce qu'il faut", a estimé le marin qui avait remporté en 2012 la Volvo Ocean Race en tant que skipper de Groupama IV.

"C'est comme sur la route: il y a des accidents alors qu'il y a tout qui est en place pour ne pas avoir d'accident. Il faut suivre les règles pour que ça n'existe pas. Comme on est dépendant du bon fonctionnement du matériel, il faut que ce matériel fonctionne", a-t-il poursuivi en insistant sur l'importance d'une "veille forcément très attentive" de tous les bateaux.

Patron du Team France lors de la 35e Coupe de l'America, Franck Cammas est engagé dans une course contre la montre pour réunir les financements nécessaires à l'inscription d'ici juin à la prochaine édition de la prestigieuse course.

"Il nous reste quelques mois", a-t-il expliqué. "On met notre énergie vers cet objectif et on espère que la France sera représentée en Nouvelle-Zélande en 2021."

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