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Mondial de rugby: les Bleus doivent "faire fi de l'atmosphère", lance Dusautoir

Thierry Dusautoir et le Mondial, c'est une belle histoire: trois participations, des performances éblouissantes, un essai en finale en 2011... Pour l'ancien capitaine, le XV de France doit "faire fi de l'atmosphère" qui entoure les Bleus avant le début de la Coupe du monde au Japon.

Rencontré en marge de la web-série "Terrain Favorable" (sortie le 12 septembre), le détenteur du record des capitanats français (56) brandit l'objectif: "Leur problème doit être de gagner, gagner ce premier match", samedi face à l'Argentine, vraisemblablement décisif dans la course à la qualification pour les quarts de finale.

Q: La Coupe du monde 2019 débute dans quelques jours. Quel est votre meilleur souvenir?

R: "Malgré la défaite, c'est la finale de 2011. On était proche d'être champion du monde. Peu de joueurs ont l'opportunité de jouer un Mondial, encore moins de jouer une finale. Mais ce qui m'a le plus plu, ce sont les trois semaines de la phase finale. C'était une aventure humaine exceptionnelle."

Q: Justement, dans cette finale de 2011 (perdue 8-7 contre les All Blacks), vous marquez un essai...

R: "C'est sympa parce qu'on me le rappelle souvent (sourire). Mais, sur l'instant, c'est juste la conclusion d'un gros effort collectif. J'ai juste traduit la domination que l'on avait à ce moment-là du match. Je n'ai pas fait le gros du boulot. On me retient parce que je passe la ligne mais bon... Je ne fais pas d'exploit particulier. Je suis heureux de marquer parce que j'en ai pas mis beaucoup dans ma carrière (rires), à plus forte raison contre les All Blacks."

Q: La Nouvelle-Zélande, c'est aussi votre fameux match à 38 plaquages en 2007. Ce record peut-il être battu?

R: "Tous les records sont amenés à être battus. Ca fait quoi? Douze ans? Il tient encore! Mais vu l'évolution du rugby, certainement. En revanche, on n'avait pas trop touché le ballon donc je ne souhaite pas vraiment à une autre équipe de vivre ça, ce régime offensif, parce que c'est dur à gérer physiquement et nerveusement."

Q: A contrario, quel est votre pire souvenir en Coupe du monde?

R: "Mon dernier match, où on prend 60 points contre les Blacks (défaite 62-13 en quart du Mondial-2015, NDLR). C'est un très mauvais souvenir. Au-delà de la défaite, c'est notre attitude sur ce match-là qui m'a énormément déçu. Ca m'a marqué."

Q: Un mot sur les Bleus, dont le Mondial commence samedi...

R: "Beaucoup de choses ont été dites, il y a eu beaucoup de changements. Maintenant, il faut qu'ils comprennent que c'est leur aventure et que nous, journalistes, anciens, on n'est bons qu'à faire des commentaires. On n'est que spectateurs de leur performance. Eux sont les acteurs de leur propre aventure. Ils ont les clés en main pour faire quelque chose de positif. Pour ça, il faut qu'ils y aillent avec enthousiasme et qu'ils fassent fi d'une atmosphère qui n'est pas forcément porteuse ou positive autour du XV de France. Ce ne doit pas être leur problème. Leur problème, ce doit être gagner, gagner ce premier match en croquant dedans. Jouer une Coupe du monde n'est pas donné à tout le monde. Il y a des très grands joueurs qui n'en ont pas joué. Ce sont des efforts énormes pour y arriver. Maintenant, qu'ils prennent le plaisir qu'ils méritent!"

Q: Les Bleus débutent leur Mondial contre l'Argentine. Comme vous en 2007...

R: "Ce n'est pas un bon souvenir parce qu'on le perd (17-12 au Stade de France) mais ce n'est pas un calque fidèle de ce qu'on a vécu en 2007: le contexte est différent, les équipes n'ont pas le même background. En 2007, tout le monde s'attendait à la victoire de l'équipe de France. Aujourd'hui, tout le monde s'attend à une défaite de l'équipe de France. Les favoris ne sont pas les mêmes avec douze ans d'écart. J'espère que les Français arriveront à faire ce que les Argentins sont arrivés à faire ce jour-là."

Q: Quels sont vos favoris pour ce Mondial?

R: "Après un Rugby Championship, pas décevant il ne faut pas exagérer, mais pas à la hauteur de ce qu'on attend des Blacks, ils restent les favoris. Je mettrais une pièce sur les Sud-Africains qui ont gagné en confiance sur cette compétition. En Europe, les Anglais et les Gallois ont leur mot à dire. Il faut être objectif, les Anglais sont impressionnants. Ils construisent leur équipe depuis quatre ans, avec les performances qui vont avec. Ils arrivent sur la compétition avec des certitudes énormes. C'est une force. C'est ce que nous on n'a pas et c'est peut-être notre plus gros point faible. On a de très bons joueurs mais est-ce qu'on va arriver à construire en équipe en si peu de temps?"

Propos recueillis par Nicholas Mc ANALLY

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