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Mondiaux d'athlétisme: Warholm reprend sa marche en avant

Freiné dans son implacable marche en avant sur 400 m haies l'été dernier, le Norvégien Karsten Warholm a reconquis l'or mondial à Budapest mercredi. Il devient le premier triple champion du monde de la spécialité.

Avant sa victoire dans la capitale hongroise, célébrée casque de viking sur la tête, Warholm (27 ans) avait été sacré champion du monde une première fois à Londres en 2017, à 21 ans seulement, et avait conservé le titre en 2019 à Doha.

Il y a un an en revanche, il avait dû abandonner la couronne au Brésilien Alison dos Santos (5e mercredi), trop retardé par une blessure musculaire aux ischio-jambiers survenue pour sa rentrée estivale et avait fini septième à Eugene (Oregon, Etats-Unis).

Dans la touffeur hongroise mercredi soir, le puissant Norvégien, fort des quatrième et cinquième meilleurs temps de l'histoire (46.51 et 46.52) courus plus tôt dans l'été, n'a pas rendu complètement fou le chronomètre, comme ça avait été le cas en finale olympique à Tokyo avec un ahurissant record du monde en 45 sec 94.

Il s'est néanmoins imposé en 46 sec 89, devant l'athlète des Iles vierges britanniques, Kyron McMaster (47.34), et l'Américain Rai Benjamin (47.56). Et a proposé une nouvelle démonstration de force, dans son style agressif caractéristique, qui repose sur un départ pied au plancher.

"C'est une manière de courir difficile, très lactique, c'est dur pour le corps. Je ne suis pas sûr de pouvoir courir comme ça jusqu'à mes 40 ans !", souriait Warholm début juillet auprès de l'AFP.

- "Pas de note artistique" -

Mais "c'est un atout", considère-t-il. "Avant, il était plus question d'élégance, mais il n'y a pas de note artistique sur 400 m haies, il s'agit purement de lancer le chrono, et de l'arrêter. Et je pense que la manière la plus agressive est la meilleure pour courir vite. Il faut le courir comme un sprint".

Il faut entendre résonner les puissantes claques et autres tapes qu'il se donne à lui-même avant de prendre place dans les starting-blocks pour mesurer la violence de l'effort qu'il se plaît à s'infliger.

Dès le début de leur fructueuse collaboration, son entraîneur de longue date Leif Olav Alnes comprend que c'est ce schéma de course qui fera la force de son élève.

"Quand j'ai commencé à m'entraîner avec coach Leif, beaucoup de gens lui ont dit: +Tu dois changer sa foulée et sa manière de courir+. Il a répondu: +Certainement pas.+, raconte Warholm. Ca a été très intelligent de garder ça."

"Il faut jouer avec les cartes que vous avez en main", confirme l'entraîneur norvégien à l'AFP.

"Je sais que ma manière de courir n'est pas orthodoxe, elle ne conviendrait pas à tout le monde, mais c'est la plus naturelle pour moi, reprend celui qui est aussi double champion d'Europe (2018 et 2022). Au début, je n'étais pas assez bon pour tenir jusqu'au bout, alors tout le monde disait qu'il fallait faire l'inverse."

"Mais on est arrivé à la conclusion que ce n'était pas les 300 premiers mètres qui étaient trop rapides, mais les 100 derniers qui étaient trop lents, on a essayé de changer ça, ajoute-t-il. Et je crois qu'on a trouvé la meilleure façon de gérer le 400 m haies, et qu'elle est partie pour durer."

- Bis repetita pour Ingebrigtsen -

"Après Tokyo, je lui ai donné trois choix: arrêter sa carrière car il avait tout gagné, je lui ai déconseillé jusqu'à ce qu'il ait trouvé quelque chose dans lequel il pourrait s'abandonner avec passion autant que dans l'athlétisme. Deuxième choix: chasser l'argent. Mais la performance va baisser petit à petit. Ou continuer", énumère Alnes. Warholm a visiblement choisi la troisième option.

Son compatriote Jakob Ingebrigtsen, lui, va se mettre à cauchemarder en anglais. Comme en 2022, le champion olympique du 1.500 m et détenteur du record d'Europe, a vu un adversaire britannique le surprendre dans la dernière ligne droite et le priver d'or mondial: après Jake Wightman il y a un an, Josh Kerr cette fois (3:29.38 contre 3:29.65).

Ingebrigtsen (22 ans) a même failli être coiffé sur la ligne d'arrivée par un autre Norvégien, Narve Gilje Nordas, finalement médaillé de bronze (3:29.68).

L'amertume a fait quitter la piste illico presto au fondeur scandinave, qui a disparu dans dans les coursives du stade hongrois, où il a évoqué un mal de gorge qui le tracasse depuis deux jours.

Comme il y a un an, il aura l'occasion de prendre une revanche sur 5.000 m, dont les séries sont programmées jeudi.

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