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16 combats, 16 victoires: voici Ryad Merhy, le grand espoir de la boxe belge

Depuis qu'il est passé professionnel, Ryad Merhy a remporté 16 victoires en autant de combats. En ligne de mire de ce jeune Bruxellois de 22 ans: le titre de champion du monde. Nous avons rencontré ce grand espoir de la boxe belge sur les lieux de son entraînement. Il nous a raconté ses épreuves et un apprentissage de la vie qui l'ont conduit sur les rings. Son premier combat de la saison est prévu pour le 26 septembre au Hall Omnisports de Rebecq (Brabant-Wallon). Il y aura du KO dans l'air!

Septembre 2012. L'île huppée de Saint-Barthélemy dans les Antilles françaises. Dans les cuisines d'un grand restaurant, Ryad, alors âgé de 19 ans, a troqué ses gants de boxe pour un tablier. Sur l'île la plus prisée des Caraïbes où de nombreuses stars passent leurs vacances, le boxeur en herbe deviendra tour à tour commis de cuisine, plongeur, agent de sécurité. "J'ai décidé de partir huit mois à l'étranger avec ma copine, parce que ça n'allait plus trop en Belgique", nous raconte Ryad Merhy. "On a mis le cap sur Saint-Barth parce que son père habite là-bas. On est parti pour établir une vie professionnelle. Notre but, c'était de travailler et de gagner de l'argent pour revenir en Belgique et commencer une nouvelle vie: prendre notre appartement et vivre ensemble". En traversant l'Atlantique, ce jeune bruxellois de 22 ans a aussi voulu fuir ses problèmes. "J'ai arrêté mes études en 5e secondaire. Je voulais faire l'infographie mais il n'y avait plus de place. Et moi, je ne voulais pas faire autre chose. Après, je n'avais plus la force ni la motivation de continuer et j'ai eu des problèmes avec ma maman. Comme toutes les mères, elle voulait que son fils termine ses études."


Miami, un autre monde

Avant de rentrer en Belgique, Ryad fait un détour par Miami, aux Etats-Unis. "Pour pas dire de rentrer sans avoir fait un peu de boxe car à Saint-Barth, je n'ai fait qu'un peu de football". Ces trois semaines passées dans la célèbre ville portuaire de Floride représentent un tournant dans la vie et la carrière de Ryad. "J'ai retrouvé goût à la boxe. Miami, c'est un autre style, un autre monde. Tu manges boxe, tu vis boxe, tu dors boxe." Après trois semaines, il rentre à Bruxelles. Mais c'est pour prendre ses affaires et retourner immédiatement à Miami. Pendant trois mois, Ryad se découvre, s'entraîne, se perfectionne. "J'avais déjà mon petit style mais il était trop brouillon. J'ai réussi à canaliser ma boxe et à la façonner".




"A la base, je suis quelqu'un d'hyperactif"

Un mot à retenu notre attention: canaliser. Canaliser, le fougueux adolescent devait l'être. "C'est pour ça que j'ai commencé la boxe à 14 ans. Car à la base, je suis quelqu'un d'hyperactif. Ma mère n'arrivait plus à me canaliser. Elle cherchait un sport pour moi. Elle m'a amené au judo que je n'ai pas aimé car on ne faisait que tomber. Je ne transpirais pas assez de toute façon. Moi, j'avais besoin de transpirer et de me défouler". C'est alors qu'un ami lui parle d'un club de boxe près de Woluwe, le Kyrios Vitalis. C'est là qu'il a débuté. "C'est le seul sport qui me mettait hors-service après une heure. Je me défoulais comme je le voulais. J'ai tapé dans le sac comme un fou. Je n'ai même pas pu écrire mon nom pour l'inscription tellement j'étais vidé. C'est comme ça que j'ai accroché". Ryad a tellement aimé qu'après un an, il voulait déjà faire des combats. "Mais le coach m'a dit d'attendre. Donc j'ai attendu et je me suis encore plus entraîné". A 16 ans, il commence par des combats amateurs. "Mon tout premier combat, je l'ai gagné contre un gars plus âgé", sourit-il.


"Grâce à ma copine si j'en suis là aujourd'hui"

Si sa maman est importante, une autre personne a une place particulière dans le cœur de Ryad: sa copine avec qui il est depuis plus de 6 ans. "Après l'entraînement, je rentre chez moi, elle est là et on passe la soirée ensemble. On va de temps en temps au cinéma. C'est ce qu'il faut, je crois. Quelqu'un qui te donne une ligne de vie". Une vie pas facile pour ce couple qui vient d'emménager à Ixelles depuis moins d'un an. En effet, les primes de combats ne suffisent pas à payer le loyer. "Je n'ai pas de petit boulot sur le côté. Ma copine joue un rôle important dans ma carrière. Avec son boulot de vendeuse, elle arrive à rapporter de l'argent pour nous deux. C'est grâce à elle que je peux me concentrer sur ma boxe et ma carrière".




Un solitaire qui sait s'entourer

Si Ryad sait où il va, il sait aussi d'où il vient. Né d'un père libanais et d'une mère ivoirienne, il a débarqué avec celle-ci en Belgique à l'âge de 3 ans dans la commune flamande de Zellik. "Ma famille et mes amis sont importants pour moi. Ils me soutiennent moralement. Même si j'ai toujours été quelqu'un de solitaire". C'est "au quartier" qu'il fait ses premières expériences ("mes premières chutes à VTT, mes matches de foot avec mes potes") et qu'il se rend compte que le sport collectif, ce n'est pas pour lui. "Je me sens mieux seul. Comme ça, quand tu perds, c'est de ta faute. Perdre parce que quelqu'un n'est pas motivé ou pas assez bon, m'a toujours énervé. La boxe, c'est un sport individuel mais il ne faut pas oublier qu'il y a toute une structure derrière toi". Son manager Alain Vanackère, son homme de confiance Marc Duvinage ou encore son préparateur physique qui composent sa "team". "Si t'as pas ton staff, tu n'as rien. Tu ne peux pas avancer seul. T'as besoin d'une équipe derrière toi qui te pousse. Elle est super importante ma team. Sans ça, tu ne peux pas évoluer dans ton sport. Chaque personne à son rôle à jouer".


Une figure pour la Côte d'Ivoire?

Le père est absent. Depuis toujours. "Je ne l'ai jamais connu", nous coupe d'emblée Ryad. "C'est ma grand-mère qui m'a élevé en Côte d'Ivoire. Il m'a recontacté quand j'avais 12-13 ans. Mais au téléphone, à cet âge-là, tu prends pas ça vraiment au sérieux. En plus, j'ai vécu avec mon beau-père toutes ces années. C'est lui mon papa". Cependant, il ne rejette pas l'idée d'aller lui rendre visite en Côte d'Ivoire où il n'est jamais retourné. "Oui, ça va se faire. Je prends mon temps. Je fais d'abord attention à ma carrière, c'est le plus important". La piste ivoirienne est tout de même quelque chose à exploiter nous souffle Ryad. "Pourquoi pas? Il faut voir ce qu'il y a moyen de développer là-bas. Peut-être qu'ils peuvent m'offrir un soutien financier pour arriver plus rapidement au sommet. Car, on est toujours à la recherche de sponsors pour faire évoluer ma carrière".




D'un calme et d'une détermination exemplaire

Et ça passera par des combats et des victoires. Sur le ring, accompagné de son staff, celui qui est considéré par beaucoup comme l'un des plus grands espoirs de la boxe belge étonne les spécialistes par son calme et sa détermination. "Ma concentration et mon analyse de la situation, ce sont mes principales forces. J'arrive à rester calme. Ce n'est pas parce que je prends un coup, que je m'énerve. Le défaut d'un boxeur, c'est ça: réagir spontanément après avoir pris une droite. Tu dois poser ton jeu et aller crescendo. Analyse ton combat, la situation, ton adversaire, ses défauts et tu en fais tes armes. Oui, il y a toujours une part de stress mais elle n'est pas énorme chez moi. Déjà, quand je sais que je suis prêt physiquement, c'est bon. Après, je me focalise sur mon combat, je fixe mon adversaire, je fais ma bulle et je boxe".

"Tout peut arriver sur le ring. Prendre des coups fait partie du métier, j'ai signé pour. Tu peux mener jusqu'au 10e round et te prendre une droite qui te touche au mauvais endroit. Tout peut arriver en une fraction de seconde et c'est fini. T'as perdu. Toujours resté focus, du premier au dernier round. C'est dur mentalement, mais c'est pour cela que j'ai choisi la boxe. Pour me forger un mental".


16 victoires en 16 combats professionnels!

Après être devenu champion de Belgique dans sa catégorie, cette "belle bête" d'1m81 pour 89kg s'attaque au monde professionnel du noble art. En deux ans et 16 combats, l'ouragan bruxellois a tout balayé sur son passage: 16 victoires dont 14 KO et 2 décisions aux points. Mais ne veut pas s'emballer pour autant. "J'ai encore tout à prouver. Ce n'était que l'échauffement là. Maintenant, on va passer au gros". Prochaine date? Son premier combat de la saison est prévu pour le 26 septembre au Hall Omnisports de Rebecq (Brabant-Wallon). Une chose est sûre, il y aura du KO dans l'air!

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