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Rugby à XIII: les Dragons Catalans seuls dans la tempête

Une reprise à huis clos, un protocole drastique et cinq matches de suite en Angleterre, qu'ils doivent rallier avec leurs propres deniers: les Dragons Catalans, dernière équipe étrangère de Super League, le championnat anglais de rugby à XIII, se battent seuls pour survivre à la crise sanitaire.

"On est heureux de reprendre même si ça n'a pas été facile", résume le capitaine Rémi Casty. C'est sûr, le pilier et la star Israel Folau vont faire quelques jaloux en France et même en Europe: dimanche face à St Helens, le champion en titre, leur équipe sera la première à retrouver un rugby de compétition, toutes disciplines confondues (VII, XIII, XV), cinq mois après l'interruption brutale du sport professionnel par la pandémie.

Ce sera à Leeds, sans public, sur un terrain neutre choisi par la Ligue anglaise (RFL) et avec un protocole très strict qui doit permettre aux joueurs de rester dans leur "bulle rouge", selon le code couleur en vigueur, c'est-à-dire d'éviter ainsi tout contact avec une personne extérieure à leur club.

- De Ryanair au jet privé -

Les Dragons, qui s'envolent d'habitude de Barcelone via les compagnies aériennes à bas coût, doivent donc passer de Ryanair à un jet privé et faire l'aller-retour dans la journée pour atténuer l'addition du déplacement. Qui coûtera tout de même 30-50.000 euros au minimum, soit "entre 5 et 10 fois plus cher qu'un voyage classique", selon le responsable de la communication Yannick Rey.

Mais la formation de Perpignan ne s'en plaint pas: elle aurait tout aussi bien pu ne jamais repartir. Et imiter ainsi le Toronto Wolfpack, l'autre club étranger de ce championnat anglais, qui a jeté l'éponge en évoquant des "défis financiers écrasants".

"Les choses ont vraiment bien évolué car on n'a plus de quarantaine quand on va en Angleterre", explique Yannick Rey. Mais c'est surtout l'autorisation de rejouer début septembre au stade Gilbert-Brutus, alors que les clubs anglais doivent eux jouer jusqu'en octobre à huis clos et sur terrain neutre, qui permet aux Dragons de tenir.

Sur un budget avant crise de 12 millions d'euros, le sponsoring privé pèse pour quasiment la moitié (5 millions). Les 5.000 abonnés (1 million) et les 400 entreprises partenaires sont vitaux pour l'équilibre économique du club présidé par Bernard Guasch, grossiste en viandes. "Si on jouait à huis clos, c'était synonyme de fin de saison comme Toronto", résume Yannick Rey.

Même conséquents, les droits télé (2,5 millions) ne font pas tout, surtout à une époque où la faiblesse de la livre sterling face à l'euro pénalise les Dragons. La RFL a bien obtenu de Londres une aide de 16 millions de livres, mais seuls les clubs anglais en ont bénéficié. Les Dragons ont dû se contenter du chômage partiel offert par le gouvernement français.

- "Très isolés" -

"Tous seuls, c'est le bon terme. Nous nous sentons très isolés", acquiesce le manager Alex Chan qui garde un peu de rancune envers la RFL. "Même sur le travail administratif concernant les protocoles, nous avons dû en faire plus parce que nous sommes un club français", peste ce Néo-Zélandais, ancien joueur du club. "Ils nous ont dit que c'était notre travail de tout traduire."

Bien partis en début de saison (3 succès pour 1 revers), renforcés par le controversé Folau, les Dragons doivent désormais négocier le redémarrage dans des conditions extraordinaires et un calendrier resserré --15 matches de phase régulière en 3 mois et demi-- qui fait craindre pour la santé des joueurs.

La phase finale est au prix suivant: limiter la casse après 5 déplacements de suite afin d'aborder la dernière ligne droite en position de force, avec 7 matches à domicile entre septembre et novembre. Au bout du marathon, les demi-finales... si la Super League va à son terme.

Car les Anglais "ont pris des mesures extrêmement poussées" pour lutter contre la propagation du Covid-19, redoute Yannick Rey. "Si un joueur contracte le virus, c'est l'arrêt à nouveau du championnat." Qui pourrait porter un coup fatal aux Dragons Catalans.

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