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Ils sont inséparables: Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar n'ont pas réussi à se départager dimanche à Saint-Gervais où Wout Poels s'est imposé. Dix secondes séparent toujours les deux grands favoris du Tour avant un contre-la-montre qui pourrait être décisif mardi à Combloux.
Au lendemain de la deuxième journée de repos lundi, le duel entre les deux favoris, qui tient en haleine la planète vélo, va se poursuivre à distance lors d'un chrono en côte de 22,4 km qui s'annonce irrespirable.
En attendant, c'est ensemble que les deux frères siamois du Tour de France ont franchi la ligne, épaule contre épaule, isolés du reste du peloton, seuls au monde.
Devant, le Néerlandais Wout Poels, le plus fort d'une échappée qui comptait presque quarante coureurs à son acmé, avait rallié l'arrivée depuis six minutes déjà, bras levés et bouche grande ouverte.
Derrière, les ambitieux du classement général ont une nouvelle fois dû s'incliner, regard dans les socquettes, face à la toute puissance de Pogacar et Vingegaard que personne n'arrive à suivre dans ce Tour.
Il n'y a pas eu de bagarre au sommet cette fois. Pogacar, qui avait laissé son lieutenant Adam Yates prendre de l'avance pour s'approcher du podium, a bien tenté une attaque peu après la flamme rouge.
Mais le maillot jaune n'a pas cédé un centimètre, collé aux basques du Slovène qui s'est encore dressé deux fois sur les pédales, avant de se résoudre au match nul à Saint-Gervais, pour la 15e étape.
"Aucun de nous deux n'a réussi à prendre du temps à l'autre", a constaté Vingegaard qui n'avait, pour sa part, "pas pour plan" d'attaquer dimanche, estimant qu'il n'avait "pas grand-chose à y gagner".
- Encore deux étapes dans les Alpes -
"Mais ça reste une bonne journée", a ajouté le Danois, malgré une nouvelle grosse chute collective qui a envoyé trois de ses équipiers au tapis en début d'étape, à cause d'un spectateur qui s'est avancé sur la route pour capturer l'instant avec son smartphone.
Cet incident regrettable a au moins permis à l'échappée de prendre le large après un début de Tour au pain sec pour les baroudeurs. Des grimpeurs galonnés comme Thibaut Pinot, Guillaume Martin, Mikel Landa ou Giulio Ciccone ont ainsi pu goûter à l'ivresse d'ouvrir la route.
Mais ils ont été surpris par les deux "Wout", Poels et Van Aert, ainsi que l'Espagnol Marc Soler, qui leur ont faussé compagnie dans le magnifique col des Aravis pour se jouer la victoire à Saint-Gervais.
Poels a déposé Van Aert, moins aérien qu'en 2022, dès le pied de la dernière ascension pour aller décrocher, à 35 ans, son premier succès dans un grand Tour.
C'est la deuxième victoire dans ce Tour pour son équipe Bahrain, endeuillée par la mort de son coureur suisse Gino Mäder lors d'une chute au Tour de Suisse à la mi-juin.
"J'ai commencé à y croire dans le dernier kilomètre. L'émotion m'a rattrapé avec ce qui est arrivé à Gino. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il n'est plus là", a réagi Poels, vainqueur de Liège-Bastogne-Liège 2016.
Pour départager Pogacar et Vingegaard, il reste encore deux journées dans les Alpes, avec d'abord le chrono en pente empruntant la côte de Domancy et l'étape-reine avec le col de la Loze le lendemain.
- Vingegaard assure ne pas se doper -
"Mardi et mercredi seront décisifs. Je pense qu'il y aura des écarts sur le chrono et mercredi on va faire l'une des ascensions les plus dures du monde", a estimé le Slovène. Il a dit beaucoup aimer le tracé du chrono qui lui "convient très bien" et qu'il ira une nouvelle fois reconnaître lundi, tout en passant du temps avec ses parents, sa petite soeur et sa fiancée qui l'accompagnent dans les Alpes.
Vingegaard aura exactement le même programme, profiter de sa femme et de sa fille, avant d'aller rouler dans la fameuse côte où Bernard Hinault avait écoeuré la moitié de l'Italie aux Mondiaux en 1980.
"J'aime bien les chronos courts comme ça avec beaucoup de changement de rythme", a souligné le Danois, toujours "confiant dans les plans" de son équipe Jumbo-Visma, même si Sepp Kuss, accablé par les chutes, est en train de perdre le match des sherpas avec Adam Yates.
Détendu, le tenant du titre a même pris le soin de développer sa réponse sur la question du dopage. Le Danois a dit "comprendre tout à fait les questionnements à ce sujet à cause du passé de notre sport" et parce qu'avec Pogacar, ils vont "plus vite" que d'anciens champions convaincus de dopage.
"C'est bien d'être sceptique car sinon cela se reproduira", a-t-il même avancé, avant d'assurer: "tout ce que je peux dire, c'est que je ne prends rien".