Accueil Sport

Avant même son envol, Roland-Garros en zone de turbulences

Pas encore lancé, déjà chahuté: Roland-Garros, exceptionnellement reporté du printemps à l'automne à cause du Covid-19, a connu ses premières turbulences avant même de vivre ses premiers échanges, avec cinq joueurs et une joueuse exclus des qualifications avant qu'elles ne débutent.

C'est dimanche soir, à une douzaine d'heures seulement des premiers matches des qualifications du simple messieurs, que le Grand Chelem parisien a confirmé que "deux joueurs ont été testés positifs au Covid-19 et trois autres joueurs déclarés +cas contacts+ de leur entraîneur testé positif au Covid-19".

"Conformément au protocole sanitaire, ces cinq joueurs ont été écartés du tableau des qualifications (...) et resteront isolés pendant sept jours", a alors indiqué le tournoi.

Ce rebondissement a toutefois généré incompréhension et interrogations.

Parmi les cinq joueurs concernés, le Bosnien Damir Dzumhur, ex-top 30 retombé au-delà de la 100e place mondiale, paie les conséquences d'un test positif de son entraîneur Petar Popovic, avec lequel il partage sa chambre d'hôtel. Or ce dernier a déjà eu le nouveau coronavirus il y a quelques temps, ce qui pose question sur la fiabilité du test.

"Nous sommes sûrs que c'était un faux positif car mon entraîneur a des anticorps, se désole Dzumhur sur Instagram. Il n'a pas été autorisé à faire un deuxième test. Je suis effondré."

Même scénario pour l'Américain Ernesto Escobedo, 172e mondial, éjecté du tableau après le test positif de son entraîneur Lalo Vicencio, qui, lui aussi, explique pourtant avoir "développé des anticorps contre le virus après avoir eu le Covid-19 il y a quelques mois".

Selon la presse espagnole, les trois autres joueurs concernés seraient l'Ouzbek Denis Istomin, l'Espagnol Bernabe Zapata Miralles et le Serbe Pedja Krstin.

"On définit des règles, on décide de les suivre, on essaie de tenir des protocoles stricts", répond-on à la Fédération française de tennis (FFT), organisatrice du tournoi.

- 900 tests effectués -

Lundi soir, au tour d'une joueuse, dont l'identité n'a pas été précisée, de connaître le même sort: testée positive, elle a été exclue du tableau des qualifications du simple dames qui s'ouvrent mardi. C'est désormais une semaine à l'isolement qui l'attend.

Au total, quelque 900 tests ont été pratiqués sur les joueurs et les joueuses, ainsi que leur entourage - réduit, Covid-19 oblige -, depuis jeudi.

Au-delà de la question des tests, les ennuis risquent de ne pas s'arrêter là pour Roland-Garros.

Depuis Strasbourg, où elle est engagée cette semaine, Alizé Cornet a estimé auprès de l'AFP que joueuses et public "pourraient être mieux séparés" et espéré que "ce soit mieux fait à Roland-Garros car il y aura plus de public, plus de joueurs, donc plus de risques".

"C'est complètement paradoxal: nous, on nous enferme dans un hôtel, on nous empêche de sortir, on prend tout le protocole hyper à la lettre, et à côté de ça, on va côtoyer des gens" qui se massent et "ne respectent pas du tout la distanciation sociale. Il y a quelque chose qui cloche", s'étonne-t-elle.

"Avec tous les documents que je dois remplir pour Roland-Garros, il y a intérêt à ce qu'il n'y ait pas un fan à moins de deux mètres de moi", ironisait le joueur américain Noah Rubin (230e) sur Twitter il y a une semaine.

Et si, face à la dégradation de la situation sanitaire, le spectre du huis clos ressurgissait?

La "limitation du nombre de participants aux grands événements sportifs" fait partie des "nouvelles mesures, forcément plus contraignantes" à l'étude "en fonction de l'évolution de la situation dans les prochains jours", a esquissé le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France Aurélien Rousseau dans le Journal du Dimanche.

Depuis début septembre, Roland-Garros a été rattrapé deux fois en l'espace de dix jours par la réalité du Covid-19, avec une jauge d'abord resserrée à 11.500, puis à 5.000 spectateurs par jour au maximum.

À lire aussi

Sélectionné pour vous