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Coupe Davis: Lucas Pouille, taille patron

Exemplaire à Gênes, Lucas Pouille a endossé l'habit de patron de l'équipe de France de Coupe Davis en domptant ses adversaires et sa nervosité au cours d'un weekend qui peut lui servir de base pour élever son niveau.

Jusqu'à ces victoires face à Andreas Seppi et (surtout) Fabio Fognini, le costume semblait mal ajusté.

Pouille était devenu le N.1 français au classement, et a même effectué une incursion dans le top 10 (10e) le mois dernier. Mais sous la tunique bleue, il n'avait pas encore confirmé ce statut.

A 24 ans, le Nordiste ne présentait pas non plus les atouts de l'assurance tous risques. Avant le voyage en Ligurie, il avait à chaque fois chuté contre des N.1 adverses: en 2016 face au N.3 mondial Marin Cilic (alors 11e) à Zadar et en novembre face au Belge David Goffin (alors 7e).

Mais c'est surtout sa défaite contre le modeste serbe Dusan Lajovic, l'an passé en demi-finales, qui laissait planer le doute quant à sa fiabilité en Coupe Davis.

- Nerfs solides -

Allait-il mieux gérer le stress, qui l'avait envahi l'an passé à Roland-Garros au cinquième set face à l'Espagnol Albert Ramos (3e tour)?

A Valletta Cambiaso, il a eu "un peu peur" vendredi quand Seppi est revenu de 2-0 à 2 sets partout mais il a su réagir. Contre Fognini, il a élevé son niveau d'un cran, s'offrant sa première victoire contre un membre du top 20 - et ancien 13e mondial (meilleur classement en 2014) - sous le maillot national. C'était, qui plus est, à l'extérieur et sur une surface, la terre battue, censée avantager le Transalpin.

"J'imagine que cela commençait à lui revenir un peu aux oreilles les commentaires comme +Lucas Pouille ne gagne pas souvent contre des membres du top 30+ ou +A chaque fois, il perd contre les N.1 en Coupe Davis+", commente l'ancien capitaine Arnaud Clément.

"Ce qu'il nous a montré, c'est beau. Il fallait remporter ce match (face à Fognini) très important car un éventuel cinquième match, derrière aurait été aussi équilibré (et incertain). Il a répondu de belle manière au niveau mental."

Les nerfs sont restées solides mais au niveau tennistique, le Nordiste a encore une marge de progression, si l'on en croit ses propos. En Italie, il n'a pas "joué (son) meilleur tennis".

"C'est toujours nerveusement difficile de jouer contre Fabio parce qu'il a des hauts et des bas. Il s'arrête, se remet. Mais j'ai su rester calme et consistant tout au long du match", a-t-il expliqué.

"Le bilan est très positif", a-t-il souligné sans vouloir parler de déclic. "J'ai obtenu mes deux premières victoires de la saison sur terre dont j'attends beaucoup", en particulier à Roland-Garros (27 mai - 10 juin).

- "Leader dans l'attitude" -

En Coupe Davis, la demi-finale à domicile face à l'Espagne (14-16 septembre en France) lui donnera l'occasion de hausser son niveau voire de tenter de relever un immense défi si Rafael Nadal est bien de la partie.

"Leurs N.2 (Pablo Carreno, 12e mondial) et N.3 (Roberto Bautista, 17e) sont mieux classés que Fognini (20e). Ce ne sera pas évident même en cas d'absence de Nadal", estime Arnaud Clément, séduit aussi par le comportement de Pouille à Gênes.

"Il a été leader aussi dans l'attitude avant la rencontre en faisant l'impasse sur le tournoi de Miami pour se préparer sur terre."

Une preuve de son attachement pour cette compétition qu'il n'a cessé de défendre en Ligurie en réaffirmant son opposition à la réforme voulue par la Fédération internationale.

Il s'est même dit prêt à boycotter l'épreuve si celle-ci est bien transformée l'an prochain.

Avant l'assemblée générale, mi-août à Orlando, qui doit valider ou non le projet, Pouille voulait mobiliser le maximum de joueurs avec l'espoir, peut-être vain, de peser sur le choix des membres de l'ITF.

Et devenir aussi un leader dans la contestation.

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