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Roland-Garros: Dans la course au "GOAT", ça se resserre

C'est le débat qui n'en finit pas d'animer les discussions entre fans de tennis: qui de Roger Federer, Rafael Nadal ou Novak Djokovic méritera le plus le titre de "GOAT", comprendre le meilleur joueur de l'histoire ? Il est trop tôt pour trancher, mais les écarts se resserrent dans leur course-poursuite effrénée.

Quand Andy Murray et Novak Djokovic en discutaient en direct sur Instagram, en plein confinement, le GOAT ("greatest of all time"), c'était "une combinaison des Grand Chelem, des Masters, des semaines passées à la place de N.1 mondial", énumérait le Serbe. "Et des face-à-face", complétait le Britannique. "Et je dirais que les Grand Chelem se détachent", reprenait "Djoko".

Où en sont les chiffres cardinaux du tennis après ce treizième sacre de Nadal à Roland-Garros ?

En termes de Grand Chelem, Federer et Nadal sont désormais à égalité, avec vingt trophées. Djokovic en reste à 17.

Pour les semaines au sommet du tennis mondial, c'est Federer qui mène la danse, avec 310 semaines, mais Djokovic entamera sa 290e lundi. Nadal est pour l'instant bloqué à 209.

Quant au Masters, c'est la principale faiblesse de l'Espagnol. Il ne s'y est jamais imposé, quand Federer a triomphé six fois et Djokovic cinq.

- Question de surface -

Le temps ne joue évidemment pas en faveur du Suisse, qui a fêté ses 39 ans en août. Nadal (34 ans) est de cinq ans plus jeune, Djokovic de six (33 ans).

A titre d'exemple, pour illustrer la dynamique de leur progression parallèle, entre 2018 et 2020, Federer n'a remporté qu'un Grand Chelem (Open d'Australie 2018), quand le Majorquin et le Serbe en ont respectivement gagné quatre et cinq. Au contraire, Federer avait déjà empoché quatre Majeurs avant l'avènement de Nadal en 2005 et, quand Djokovic a gagné son premier en 2008, le Bâlois en comptait douze et l’Espagnol trois.

Au rayon statistiques toujours, il faut mettre au crédit de Djokovic d'être le seul du trio à avoir détenu en même temps les quatre trophées majeurs, entre Wimbledon 2015 et Roland-Garros 2016.

C'est aussi le Serbe qui est le mieux placé dans ses confrontations directes avec ses deux rivaux (27-23 contre Federer et 29-27 contre Nadal).

S'il est encore impossible de se prononcer définitivement, Murray a apporté sa contribution au débat lors de sa conversation avec "Djoko" sur les réseaux sociaux. Son argument: tout est question de surface.

"En fait, les trois meilleurs joueurs de l'histoire jouent en même temps, donc on peut les comparer", avance-t-il.

"Parce qu'on joue sur différentes surfaces, quand on me demande qui est l'adversaire le plus redoutable, je réponds que j'ai le sentiment de jouer contre le meilleur joueur de tous les temps sur terre battue, le meilleur joueur de tous les temps sur herbe, et le meilleur joueur de tous les temps sur dur", explique le Britannique.

- "Moi contre le reste du monde" -

Il y a donc les records, mais il y aussi le reste, non-quantifiable, mais néanmoins perceptible: la cote d'amour. Dans ce domaine, Djokovic lui-même le reconnaît, dans une autre conversation confinée sur Instagram, cette fois avec Stan Wawrinka: il est à la traîne.

"Roger est sans doute le meilleur joueur de l'histoire, il est adoré partout dans le monde, tant qu'il jouera je ne m'attends pas à avoir la majorité du public de mon côté dans la plupart des cas, mais ça va, parce c'est Roger. Et la situation est très similaire avec Rafa", explique-t-il.

"Est-ce que j'y contribue ? s'interroge Djokovic. Je ne crois pas. C'est plus (le fait de) l'envergure exceptionnelle de Federer et Nadal, pas juste comme champions de tennis, mais comme personnes, très charismatiques, sympas, humbles, et qui laissent une empreinte énorme dans notre sport."

Wawrinka a sa théorie: "Dans un film, il ne peut pas y avoir trois gentils".

"Ce sont des champions extraordinaires, comme toi, mais quand tu étais jeune, tu étais un peu différent, comme tout le monde, et ils avaient déjà pris cette place, du type sympa, humble, fair play et tout. Ca joue encore maintenant", expose le Suisse.

"Au début de ma rivalité avec eux, j'avais le sentiment que c'était moi contre le reste du monde, résume Djokovic. J'étais ce jeune joueur qui avait confiance en lui, et qui disait, je respecte Roger et Rafa, mais je peux les battre, gagner des grands titres, être N.1, et ça a créé cette situation où les gens se sont dit: +C'est qui ce type qui défie Roger et Rafa ?+"

Face à ça, tous les trophées du monde risquent de ne pas suffire.

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