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2022, une "très grosse" année à guêpes? Anthony, destructeur de nids, multiplie les interventions et appelle à la vigilance

Destructeur de nids de guêpes, Anthony tient à mettre en garde les citoyens à la suite de la multiplication des interventions ces dernières semaines.

Originaire de la région de Visé, cet infirmier de formation a lancé son entreprise de destruction de nids de guêpes et frelons en 2020. Ce métier, Anthony le pratique depuis maintenant deux ans en tant qu'activité professionnelle complémentaire. "Je suis également infirmier dans le secteur pharmaceutique. Quand je rentre chez moi à 17h, je prends la camionnette et je pars pour une intervention nid de guêpes". 

C'est en étant pompier volontaire qu'il a eu l'idée de développer ce projet. "Avec les pompiers, ce genre d’intervention me plaisait déjà. Partir en intervention et aller détruire des nids de guêpes chez les gens, j’aimais bien ça", confie-t-il. 

"Sachant que les zones de secours préfèrent ne plus trop faire ce genre d’interventions et augmentent leurs tarifs et qu’ils expliquent aux gens qu’ils doivent faire appel à une société privée car c’est bien moins cher… Il y avait un filon à prendre et j’ai sauté sur l’occasion. Dans ce genre d’entreprise, les gérants sont d'ailleurs généralement pompiers de formation", confie-t-il.

Les pompiers laissent donc de plus en plus ce genre d'interventions à des acteurs privés. "Il y a parfois de longues listes d’attente chez les pompiers, parfois par manque de personnel etc… Maintenant, les zones de secours augmentent tellement leurs prix… Dans la zone germanophone, du côté d’Eupen, l'intervention était à 45 euros l’année passée, elle coûte à présent 108 euros. Pour la zone de Liège, c’est plus ou moins 90 euros. On est à un doublement du prix, voire presque un triplement du prix à certains endroits, pour tout simplement faire basculer ça vers les entreprises privées, qui tournent à un montant entre 50 et 70 euros, pour les plus raisonnables. On se dirige vers un système dans lequel les entreprises privées vont faire ce travail-là."

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Anthony a contacté notre rédaction après avoir été témoin de comportements à risque. Ces derniers jours, deux situations l'ont interpellé et l'ont incité à appuyer sur le bouton orange Alertez-nous pour appeler les Belges à faire preuve de vigilance.

Une intervention peut sauver une vie

"Deux clients se sont fait piquer par des guêpes en voulant détruire un nid. Une personne a fait un choc anaphylactique... Je préfère prévenir que nous allons avoir une très grosse saison, et je pense qu'il serait utile de mettre les gens en garde", estime-t-il.

"Il faut rester vigilant et absolument ne rien entreprendre. Quand on connaît le coup relativement peu élevé d'une intervention professionnelle... Une intervention peut sauver une vie", souligne-t-il.

Le Visétois, âgé de 33 ans, s'attend donc à un été très chargé. "Le nombre d’interventions est difficile à quantifier, mais pour les grosses entreprises, on parle de milliers d’interventions durant la saison des guêpes, qui va du mois de mai au mois d'octobre. On sait que, quand une saison est chaude, il y a énormément de nids de guêpes", dit-il.

J’ai 2 voire 3 nids chez moi à la maison 

Les interventions ont commencé cette année à la mi-mai, mais depuis quelques jours, ça s'accélère. 

"Il est complexe de donner un chiffre du nombre de nids détruits lors d'interventions, et la particularité de cette année, c'est que des gens appellent pour dire ‘J’ai 2 voire 3 nids chez moi à la maison’. Quantifier le nombre de nids est compliqué car on fonctionne par adresse de facturation et on fonctionne avec un tarif unique. On ne demande pas un prix différent quand il y a plusieurs nids par exemple. D’un point de vue statistique, il faudrait aussi inclure qu’il y a des gens qui essayent d’exterminer les nids eux-mêmes et ceux qui ne savent pas qu’ils ont un nid de guêpes chez eux."

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Anthony raconte aussi des anecdotes, qui expliquent aussi pourquoi il souhaite à ce point sensibiliser les citoyens. Le professionnel les invite à la plus grande prudence. Si vous repérez un nid, surtout n’intervenez pas et ne prenez pas de risque. 

Il faut absolument éviter de brûler les nids de guêpes

"Je veux sensibiliser les gens car, pas plus tard que mi-juin, dans le Limbourg, il y a eu un incident. Une dame qui était en train d’arranger sa haie a remarqué qu’il y avait un nid de guêpes. Elle n’a rien trouvé de mieux que d’y mettre le feu. Toute sa haie a brulé et les pompiers sont intervenus. Des gens qui brûlent des nids de guêpes, ça arrive quelques fois par an. Il faut absolument éviter", insiste-t-il.

Il conclut avec une histoire "insolite", qui illustre que ces insectes s'installent partout, dans chaque recoin, et même, jusque dans une voiture. "C'était dans une voiture au niveau de l’appui-tête. La voiture d’une dame est restée immobilisée sur son carport un certain temps avec la fenêtre un peu ouverte. Des membres de sa famille ont finalement remarqué qu’il y avait un fameux nid de guêpes dans la voiture au moment de la vendre..."

>J'ai trouvé un nid de guêpes chez moi, que dois-je faire ? Les conseils de Natagora

 

2022, une très grosse année à guêpes?

Pour tenter de répondre à cette question, nous avons contacté François Verheggen, docteur en entomologie à la faculté de Gembloux Agro-Bio Tech.

L'expert indique qu'il n'existe pas de chiffres officiels sur les populations de guêpes. "Il n’y a, à ma connaissance, aucun organisme qui en fait le suivi. Il y a les praticiens, comme celui qui vous a contacté, qui peuvent donner une impression, en disant s’il y a un nombre de commandes plus important."

Les conditions météorologiques sont selon lui favorables à la prolifération des hyménoptères.

"On a eu un temps plutôt chaud, assez tôt dans la saison. Résultat: on a des populations et des colonies de guêpes qui ont pu se développer peut-être plus rapidement que les autres années. A part ça, je ne peux pas confirmer ou infirmer quoi que ce soit, car je n’ai pas accès à des relevés sur les abondances de guêpes", précise-t-il.

"Les conditions sont favorables pour une prolifération car les reines sont sans doute sorties de leur hibernation au printemps ou un peu plus tôt que d’habitude. Elles ont commencé la construction de leur nid au tout début du printemps. J’ai en tête des conditions climatiques fin mars début avril plutôt bonnes. Plus il fait bon, plus il y a aussi de la nourriture abondante. Cela fait que les colonies se développent plus rapidement, plus abondamment", conclut-il. 

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