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Andrzej Duda, président fidèle au pouvoir conservateur et nationaliste

Le chef de l'Etat polonais sortant Andrzej Duda, qui fait figure de favori du premier tour de la présidentielle de dimanche, est un homme clef du parti conservateur nationaliste au pouvoir.

Sa victoire, malgré les compétences restreintes d'un chef d'Etat en Pologne, assurerait la stabilité au projet politique du parti Droit et Justice (PiS) pendant les cinq prochaines années.

Or, depuis l'échec d'organisation du scrutin dans les délais initialement prévus, le 10 mai, à cause de la pandémie et des doutes légaux, la cote d'Andrzej Duda a faibli au long de sondages.

Le président peut compter désormais sur environ 40% des intentions de vote, face à son principal rival, le maire centriste de Varsovie, crédité d'environ 30% des voix. Leurs chances au second tour paraissent égales.

M. Duda, juriste conservateur de 48 ans, élu pour son premier mandat en 2015, a rarement contredit aux initiatives du parti de Jaroslaw Kaczynski, souscrivant pleinement à sa politique de généreux transferts sociaux accompagnée de mise à l'épreuve de l'Etat de droit.

"C'est un homme du parti, qui exécute ses ordres", déclare à l'AFP le politologue Stanislaw Mocek, le recteur de l'université Collegium Civitas à Varsovie.

- Héritier spirituel -

Diplômé de droit de l'Université Jagellonne de Cracovie (sud) en 1996, Andrzej Duda se rapproche du PiS vers 2005, au moment où la formation de Jaroslaw Kaczynski monte son premier gouvernement. Le pouvoir du chef du PiS est renforcé alors par celui de son frère jumeau, le président Lech Kaczynski, mort dans une catastrophe aérienne cinq ans plus tard.

Andrzej Duda se déclare héritier spirituel de ce dernier.

Elu en 2011 député du PiS puis, en 2014, député européen, Duda n'est pas vraiment connu du grand public quand Jaroslaw Kaczynski, maître incontesté du PiS, le désigne comme candidat à la présidence de la République.

Sourire facile et silhouette sportive, M. Duda condamne sévèrement la Convention européenne sur la violence domestique, la fécondation in-vitro et "l'idéologie LGBT" qui est pour lui "plus destructrice que le communisme". Cette dernière déclaration a provoqué des protestations en Pologne et à l'étranger.

Affichant volontiers sa foi catholique, il se déclare favorable au durcissement de la loi anti-avortement, déjà parmi les plus restrictives en Europe.

- Système judiciaire -

M. Duda a appuyé une longue série d'avantages sociaux promus et introduits par le PiS, notamment celle de ramener de 67 à 65 ans l'âge de la retraite et de distribuer une allocation mensuelle de 500 zlotys (110 euros) pour chaque enfant.

En politique étrangère, Andrzej Duda oeuvre depuis le début au renforcement des liens avec l'Otan et les Etats-Unis. Il a pu ainsi se féliciter des décisions de l'Alliance et de Washington de déployer leurs troupes dans la région, en réaction à la politique agressive de Moscou en Ukraine voisine.

A quatre jours de l'élection, M. Duda a rendu visite à Donald Trump, qui n'a pas tari d'éloges sur son "ami" polonais, premier dirigeant étranger invité à la Maison Blanche depuis les mesures anti-Covid-19 aux Etats-Unis.

Sans se déclarer ouvertement eurosceptique, M. Duda a en revanche traité l'Union européenne de "communauté imaginaire dont on a peu à tirer".

Ses adversaires et critiques, en Pologne et à l'étranger, lui reprochent particulièrement son engagement à la mise au pas du Tribunal constitutionnel et d'autres institutions judiciaires. Elle a conduit Bruxelles à saisir la Justice européenne et à déclencher des procédures inédites.

Originaire de Cracovie, issu d'une famille de professeurs à l'Académie des mines, enfant de choeur et boy scout dans son enfance, bon skieur, Andrzej Duda est marié à une enseignante d'allemand, Agata, et père d'une fille.

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