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Attaque antisémite et violences politiques pourraient mobiliser les électeurs américains

La pire tuerie antisémite de l'histoire des Etats-Unis, une série de colis piégés adressés à des personnalités démocrates: la dernière ligne droite de la campagne électorale américaine a été secouée par de violents événements qui devraient avoir un effet mobilisateur, surtout du côté démocrate.

"Je vais voter quoi qu'il arrive", confie Linda Cardimen, une orthophoniste à la retraite venue se recueillir devant un mémorial improvisé, près de la synagogue de Pittsburgh où onze fidèles ont été abattus samedi.

Elle est venue avec son époux depuis leur région en majorité républicaine de McCandless, à une trentaine de minutes au nord de Pittsburgh. Très émus, les sexagénaires se décrivent comme des électeurs indépendants qui, avant la tuerie déjà, avaient décidé de voter démocrate lors des élections parlementaires du 6 novembre.

L'attaque antisémite "ne va pas changer mon vote mais j'espère que cela va pousser les gens à prendre conscience qu'il faut s'élever contre l'intolérance et la haine (...) Et qu'il faut dénoncer ceux qui encouragent cela, que ce soit directement ou indirectement", déclare Gary Schermer, enseignant et avocat retraité.

Un témoignage qui va dans le sens de l'analyse de certains experts.

La fusillade de Pittsburgh et l'envoi, la semaine dernière, de colis piégés à de hautes personnalités démocrates, dont Barack Obama et Hillary Clinton, "ne va pas modifier l'équilibre" du vote, estime Terry Madonna, professeur en affaires publiques à l'université Franklin & Marshall. Mais ces événements vont en revanche "renforcer" la décision des électeurs.

"Nous nous attendons toujours à une très forte participation, peut-être même un record pour des élections de mi-mandat", explique-t-il à l'AFP.

C'est la première fois que les Américains sont appelés aux urnes depuis l'élection de Donald Trump en 2016. Ils vont notamment décider de la majorité au Congrès, détenue aujourd'hui par les républicains.

Si les démocrates reprennent au moins la Chambre des représentants, le président affrontera deux dernières années de mandat extrêmement difficiles.

- "Stratégie" de la division -

La Maison Blanche l'admet donc sans difficultés: pas question de baisser la garde.

"Le président cherche évidemment, dans un moment où notre pays souffre, à trouver le moyen de nous rassembler. (...) Le président va cependant continuer à souligner les différences entre les deux partis, d'autant plus que nous sommes dans les derniers jours des élections", a déclaré lundi sa porte-parole Sarah Sanders.

Pas surprenant, estime le politologue américain Larry Sabato. "Donald Trump est le président qui divise le plus depuis (Richard) Nixon". "C'est cela, sa véritable stratégie: diviser, et non pas rassembler, puisque cela permet de maintenir l'ardeur de sa base", déclare-t-il à l'AFP.

"Très peu d'électeurs peuvent encore être persuadés" de changer leur choix de parti, souligne-t-il. En revanche, dans une élection où la "mobilisation et l'enthousiasme" sont clés, les derniers événements auront un effet sur la participation, analyse aussi Larry Sabato.

Si l'intense campagne démocrate contre la confirmation du juge conservateur Brett Kavanaugh, à la fin de l'été, et l'avancée ces jours-ci d'un cortège de migrants d'Amérique centrale vers la frontière américaine "ont motivé les républicains, la violence et les bombes motivent, elles, les démocrates. Nous allons avoir une forte participation, avec des électeurs de chaque parti au paroxysme".

Après de premiers mots graves, Donald Trump est rapidement repassé en mode électoral avec un meeting de campagne dès samedi.

La réaction du président américain "a été honteuse", réagit Dena Grayson, une stratège démocrate.

Mais elle non plus n'estime pas que les évènements, ou l'attitude du président républicain, changeront le sens du vote.

"Les gens à gauche trouvaient déjà le discours de Donald Trump très dérangeant", dit-elle. Quant aux Américains de droite, elle n'envisage pas que cela les motive à aller voter s'ils n'avaient pas déjà décidé de le faire.

Pas question cependant de se contenter de critiquer le milliardaire si les démocrates veulent reprendre le Congrès dans une semaine, explique la stratège à l'AFP.

"Les démocrates doivent aussi marteler notre message: +nous avons un plan pour plus d'égalité, de justice, pour la santé, améliorer l'éducation et offrir des opportunités à tous les Américains, peu importe leurs revenus (...) car ce sont ces questions qui, au final, importent vraiment aux électeurs".

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