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"On a tendance à diaboliser les magasins franchisés": Alexander De Croo défend la décision de Delhaize

La direction de Delhaize a annoncé cette semaine qu'elle souhaite que tous ses magasins deviennent franchisés. Réagissant à cette annonce, le personnel a indiqué passer à l'offensive en lançant une pétition pour le maintien des magasins en gestion propre. Le mouvement de grogne s'est poursuivi ce week-end: une centaine de supermarchés étaient encore fermés ce samedi en raison d'actions du personnel.

Sur le plateau de l'Invité de Pascal Vrebos, le Premier ministre Alexander De Croo s'est exprimé ce dimanche sur cette décision. "Il faut que les droits des travailleurs soient préservés. Delhaize a dit qu'elle le ferait, donc il y a assez de garanties par rapport à ça. Je trouve qu'on a tendance à diaboliser les magasins franchisés. Je ne suis pas d'accord avec ça. J'en connais des dizaines dans la région où j'habite, avec des gens motivés qui aiment bien travailler là." 

 

Mais quelles sont les différences entre les différents supermarchés du groupe?

En Belgique, Delhaize compte 764 points de vente. 636 magasins sont franchisés sous les noms AD, Proxy et Shop and go. Par contre, 128 supermarches sont gérés par le groupe et sont concerné par la décision que la direction a annoncé aujourd'hui. "Le personnel est une force de Delhaize", indiquait Xavier Piesvaux, CEO de Delhaize Belgique. "Ce qui manque à ces magasins en gestion propre, c'est le dynamisme qu'apporte l'entreprenariat, l'ancrage locale, la réaction par rapport à la clientèle locale et le service supplémentaire qu'on peut amener."

 

De nombreuses différences

Ces magasins du groupe sont moins rentables et perdent des parts de marché au contraire des magasins franchisés. Ceux-ci proposent des horaires différents avec des ouvertures le dimanche et les jours fériés par exemple, des surfaces souvent plus petites avec des stocks moins importants, du personnel plus flexible, nottament des étudiants, et des directeurs indépendants plus performants. "Ils vivent dans ces zones", expliquait Xavier Piesvaux. "Ils ont grandi dans ces zones. Ils s'assurent que les options commerciales sont parfaitement alignées avec les attentes des clients. Et ils ont une façon d'opérer leur magasin qui est plus simple et plus efficace."

Aujourd’hui, Delhaize fait vivre plus de 23.000 personnes, dont 9000 dans les magasins du groupe qui demain doivent changer de patron. Avec des garanties selon la direction. "Le contrat de travail de chaque collaborateur est préservé", précisait le CEO. "S'il ne travaille pas le dimanche, il n'y a pas d'obligation de travailler le dimanche. Notre partenaire affilié devra trouver des solutions s'il souhaite ouvrir le dimanche."

La direction ne prévoit aucune fermeture de magasin. Ce plan de transformation va s’étaler sur plusieurs mois voire plusieurs années.

"Crainte des syndicats partiellement justifiée" 

Pierre-Alexandre Billiet, économiste et CEO de Gondola, groupe spécialisé dans le secteur de la distribution, analyse la situation. "La crainte des syndicats partiellement justifiée", dit-il. "Delhaize donne quand même des garanties. Mais le changement est tellement important, du jamais-vu en Belgique, qu'il faudra voir comment ça va évoluer dans les jours et les semaines à venir."

L'UCM dénonce l'action des syndicats envers les indépendants

L'Union des classes moyennes a vivement critiqué une action syndicale menée dimanche matin devant un AD Delhaize à Bruxelles. Selon l'organisation de défense des indépendants, le commerce a dû rester portes closes pendant une vingtaine de minutes en raison d'un piquet mis en place par des représentants du SETCa. "Une pression syndicale d'un autre temps et un chantage à la liberté d'entreprendre inacceptables" même dans le cadre des négociations actuelles, estime l'UCM dans un communiqué.

Les syndicats digèrent mal l'annonce faite mardi par les responsables de la chaîne de supermarchés Delhaize de faire passer sous gestion indépendante les 128 magasins intégrés. Dans la foulée de cette communication, une centaine de supermarchés sont restés fermés chaque jour. Jusqu'à ce dimanche, les syndicats ne ciblaient pas les enseignes du groupe déjà sous modèle de franchise.    

Dimanche matin cependant, plusieurs représentants du syndicat socialiste se sont postés devant l'entrée de l'AD Delhaize Reyers à Evere. L'action a forcé la venue de la police locale qui a confirmé, auprès de l'agence Belga, être intervenue pour un piquet de grève. Tout est rentré dans l'ordre après l'arrivée des forces de l'ordre.  

"Les syndicats se trompent clairement de cible. Les franchisés feront, fort probablement, partie de la solution", clament l'UCM et Aplsia, l'association professionnelle francophone du libre-service indépendant en alimentation, dans un communiqué.  

Les organisations craignent que les indépendants à la tête d'une enseigne Delhaize ne souffrent encore prochainement des conséquences de la mobilisation syndicale. D'après l'UCM, les syndicats ont l'intention de bloquer tous les jours des magasins AD et de faire le siège de l'entrepôt de Zellik (Brabant flamand), lequel alimente également les surfaces franchisées.  

Le syndicat socialiste n'a pas l'intention d'exposer son plan d'actions dans les médias, a répliqué la présidente du SETCa, Myriam Delmée, auprès de l'agence Belga. Le blocage du dépôt de Zellik est "une éventualité comme une autre", ajoute-t-elle, prédisant aussi que l'AD de Reyers ne sera pas un cas isolé. "Ce sont des mouvements spontanés", précise-t-elle. "Il faut se rendre compte de la violence de l'annonce de la direction. Après avoir fait le tour des différents piquets samedi encore, j'ai rarement vu dans ma carrière des gens aussi déterminés."  

Les clients doivent-ils s'attendre à voir les Delhaize affiliés restés portes closes lundi? "C'est fort possible. La question est plutôt de savoir quand ils vont rouvrir. La direction est persuadée que le mouvement va se tarir. Mais elle va en fait créer des réactions qu'elle n'imagine même pas", commente la responsable du SETCa.    

Un prochain conseil d'entreprise est programmé mardi. Les syndicats mèneront une action ce jour-là à l'entrepôt de Zellik.

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Commentaires

4 commentaires

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  • Malheureusement, pour un ménage travaillant depuis 30 ans pour le lion, il faut compter une perte net de minimum 1200€ (sans compter les chèques repas).... Mais rien ne change....

    Clythia
  • Malheureusement, pour un ménage travaillant depuis 30 ans pour le lion, il faut compter une perte net de minimum 1200€ (sans compter les chèques repas).... Mais rien ne change....

    Clythia
  • Les franchisés Mestdagh repris par Intermarché n'ont connu aucune modification. Le seul impact est au niveau du stock et des marques vendues. Si quelqu'un devait se plaindre, c'est le consommateur, alors que c'est lui que les syndicats osent emm... avec leurs grèves stupides.

    roger rabbit
     Répondre
  • T'irais bosser, toi, Alexander Decroo, dans un magasin franchisé ? Et si on franchisait aussi le taf de premier ministre ? Avec des avantages sociaux moindres ?ça te plairait ça, Sire Alexander ?

    Gregory Roulez
     Répondre