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"C'était très difficile": Philippe a perdu sa sœur dans les attentats de Bruxelles, il a découvert les photos des corps mutilés et brûlés au procès ce jeudi

Un silence de plomb régnait dans la salle d'audience ce jeudi au procès des attentats à Bruxelles du 22 mars 2016, alors que des photos, parfois très dures à voir, des victimes décédées étaient diffusées par les enquêteurs. Des témoignages interpellants ont également été exposés. "Deux policiers se relayent au micro. D'abord, ils racontent le moment où ils arrivent dans cet aéroport, le 22 mars, vers 9h, le chaos total qui y règne. Il n'y a aucune coordination, il n'y a plus de moyens de communication, tout le monde court dans tous les sens", raconte notre journaliste Dominique Demoulin dans le RTL INFO 19h. Elle a assisté à l'audience ce jeudi. 

Les policiers montrent d'abord des schémas, avec des zones. Ils montrent où chaque objet, chaque pièce à conviction, chaque victime se trouve. "Puis, tout à coup, des schémas, on bascule vers les photos", explique Dominique Demoulin. Ces derniers ont chaque fois pris le soin d'avertir les personnes présentes dans la salle de l'apparition prochaine de clichés difficiles. "Une première photo de corps, c'est Gail, elle s'apprêtait à prendre un vol pour New York. Elle n'a plus de jambes. Il y a Bruce, Sacha, Jennifer... Il y a un frère et une sœur qui ne sont jamais arrivés au mariage à New York auquel ils devaient assister."

Parmi les victimes, il y a aussi Fabienne. Son frère était dans la salle d'audience ce jeudi. "C'était très difficile cet après-midi, quand on donne les caractères des personnes, ça m'a encore plus touché que les images, car je suis directement connecté avec ma soeur. C'est comme je l'ai connue, elle restera dans ma mémoire à vie", confie Philippe Vansteenkiste, frère d'une victime des attentats de Bruxelles. 

16 corps au total

En tout, 16 corps ont été montrés. La cour a pu y voir les corps mutilés et brûlés des victimes décédées après la première explosion, survenue à 7h58 près du guichet d'enregistrement de la compagnie américaine Delta Airlines. Certains avaient parfois perdu une partie de leurs vêtements à cause du souffle de l'explosion. Les images du buste, d'un bout de doigt et d'une partie du bras du kamikaze, Ibrahim El Bakraoui, ont étalement été montrées à la cour.

Outre les clichés des victimes et de l'auteur, de nombreuses images du chaos créé par l'explosion ont été diffusées, avec des débris partout, des impacts de projectiles sur les murs, des sièges ayant littéralement volé en l'air et un plafond effondré dans lequel ont été retrouvés des morceaux de vêtements et même des bagages.

Dans leur témoignage, les enquêteurs sont notamment revenus sur la découverte du corps sans vie d'une femme, dont il s'est avéré ensuite que les deux enfants jouaient dans une zone qui leur est dédiée dans le terminal où a eu lieu la première détonation. Le père de famille était allé aux toilettes juste avant la déflagration et a ensuite retrouvé son épouse agonisante. Il s'est alors mis à la recherche de ses filles et les a retrouvées, l'une en état de choc dans les bras d'une autre femme, l'autre en train d'être soignée parmi les blessés.

Les enquêteurs ont encore expliqué avoir rencontré, durant leur travail, qui n'a pu commencer qu'aux alentours de 11h30, au moins 10 à 20 personnes passant encore sur les lieux en panique. Certains venaient d'un autre étage, d'autres s'étaient cachés dans les bandes de transport des valises et n'en sont sortis que bien après, une fois qu'ils se pensaient en sécurité, ont-ils raconté. "Ce n'était pas une situation idéale." Les deux enquêteurs disent, enfin, avoir dû prendre, avec leurs équipes, "des risques" pour effectuer leurs premières constatations, ne sachant pas si une bombe était encore enfouie sous les décombres.

Dernier jour d'audience

C'était la dernière journée d'audience de l'année, et sans aucun doute la plus éprouvante. En janvier, l'autre scène de crime, celle de Maelbeek, sera décrite par les enquêteurs. "Probablement dans le même silence qu'aujourd'hui, un silence de mort", a conclu notre journaliste. 

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