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Décès de Sanda en 2018 à Louvain: le jugement des 18 étudiants impliqués dans le bizutage fatal est tombé

La cour d'appel d'Anvers a décidé vendredi d'évoquer l'affaire Sanda Dia et de statuer elle-même sur le fond de l'affaire. Les 18 membres du cercle estudiantin Reuzegom de la KU Leuven sont coupables d'homicide involontaire, de traitement dégradant et d'infractions à la législation sur le bien-être animal. Ils sont condamnés à entre 200 et 300 heures de travaux d'intérêt général et à 400 euros de dommages et intérêts.

Les deux avocats des membres du cercle estudiantin Reuzegom ont qualifié ce verdict d'"équitable" et d'"équilibré" après que la cour a prononcé des peines de travaux d'intérêt général à l'encontre de 18 prévenus pour la mort de Sanda Dia en 2018.
Me John Maes, avocat de deux prévenus, a qualifié l'arrêt "d'équilibré et bien motivé". Il salue le fait que les peines de travail n'hypothèquent pas le casier judiciaire des prévenus. "Les débats se sont déroulés dans la plus grande sérénité", a-t-il encore souligné.   De son côté, Me Jorgen Van Laer, avocat d'un autre prévenu, a évoqué un arrêt "juste". En passant, il s'en est pris à la presse qui, selon lui, aurait donné des "proportions démesurées" à l'affaire.

Les faits

Abruti par l'alcool, incapable de réagir, Sanda Dia n'avait pas survécu à une surdose de sodium liée à l'ingestion d'huile de poisson. Une cour d'appel belge se prononce vendredi sur le sort de dix-huit camarades de cet étudiant de 20 ans jugés pour son bizutage fatal.

Le drame remonte à décembre 2018. Il avait suscité une vive émotion en Belgique, où les "baptêmes estudiantins" sont une tradition bien ancrée, avec leurs soirées alcoolisées et leur lot de dérapages.

Il est toutefois rare qu'ils finissent devant les tribunaux, comme pour ce rite d'intégration organisé par la fraternité flamande Reuzegom, à la réputation de "club élitiste" aux idées conservatrices, bien implantée à l'Université catholique de Louvain (KU Leuven).
La mort de Sanda Dia, un Anversois né de père mauritanien, a conduit au renvoi en correctionnelle de dix-huit membres du groupe, poursuivis, selon les cas, pour "traitements dégradants", "administration de substance nocive ayant entraîné la mort", "négligence coupable" voire "homicide involontaire".


Vendredi, la procédure pourrait connaître son dénouement avec l'arrêt que la cour d'appel d'Anvers (nord) doit prononcer en fin de matinée.
Entamé à l'automne 2021 à Hasselt (nord-est), le procès en première instance avait été suspendu au printemps 2022. Le tribunal correctionnel de cette ville ne s'estimait pas compétent pour juger l'ensemble du bizutage, qui s'est déroulé sur 48 heures en plusieurs endroits. Une appréciation contestée par les parents de la victime, parties civiles au procès, pour qui "l'horreur" devait être abordée "dans son entièreté".

Conséquence: le dossier a été repris et entièrement rejugé en mars à Anvers, où la cour d'appel devrait statuer sur la responsabilité de chacun des 18 suspects sur toute la séquence.

Séjour dans l'eau glacée

Des peines allant de 18 à 50 mois de prison ont été réclamées par le parquet il y a deux mois, assorties d'amendes s'élevant jusqu'à 8.000 euros et de cinq ans de privation des droits civiques.

Le 4 décembre 2018 à Louvain, où il suivait des études d'ingénieur, Sanda Dia avait dû ingurgiter une quantité phénoménale d'alcool, au lendemain d'une épreuve de vente de roses dans la rue dont il était ressorti moins bien classé que deux autres camarades bizutés.
L'enquête a montré qu'après plusieurs bières, il avait bu à lui seul une bouteille de gin, et que l'objectif était de ne pas le laisser désaoûler. Le robinet du lavabo de son appartement avait été scellé au ruban adhésif pour l'empêcher de s'hydrater.

Le lendemain, les épreuves s'étaient poursuivies autour d'un chalet isolé de la périphérie d'Anvers. Cette fois, le "bizut" devait séjourner dehors dans le froid dans un trou rempli d'eau glacée, après avoir avalé une mixture salée à base d'huile de poisson.
Quand Sanda Dia avait été admis le 5 décembre au soir aux urgences d'un hôpital proche, la température de son corps était tombée à 28,7 degrés, une hypothermie rendant "toute prise de sang impossible", a raconté lors du premier procès en 2021 un des médecins l'ayant examiné.

Il avait rapidement été transféré en soins intensifs dans un autre hôpital, mais les médecins n'étaient pas parvenus à le réanimer.
Son décès est constaté le 7 décembre. Le dossier conclut qu'il a succombé à un oedème cérébral consécutif à des teneurs en sodium anormalement élevées dans son corps.

Au cours du second procès en mars, plusieurs prévenus ont dit avoir pris conscience de la gravité des faits et présenté des excuses à la famille pour n'avoir pas su stopper cet enchaînement fatal.

Ces regrets n'ont pas apaisé la colère d'Ousmane Dia, le père de la victime. "On prétend ici que Sanda était un ami de ces messieurs (...) Ce n'est pas vrai! On ne laisse pas tomber un ami", a-t-il lancé à la cour.
La mère, Annemie De Vel, veut croire que la décision de vendredi mettra "un point final" à ce long combat judiciaire. "Même s'il nous restera des questions", lâche à l'AFP son avocate Nathalie Buisseret.

 

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Commentaires

3 commentaires

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  • Puisse le poids de leur crime les empêcher de dormir paisiblement et cela pour leur vie durant..!!

    Gérard G
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  • je trouve cette sentence très (trop) légère.merci la justice Belge.

    jean-pierre lanhove
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  • ce procès est aussi le procès de l'alcool, encore une fois !

    roger rabbit
     Répondre