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8 avril 2023. Les fils d'Isabelle âgés de 13 et 16 ans s'apprêtent à réaliser leur rêve: voir un match du prestigieux championnat de football anglais, la Premier League. Southampton - Manchester City. S'il ne s'agit pas de la plus grosse affiche du week-end, c'est avant tout l'occasion de voir deux joueurs belges, Roméo Lavia et surtout, Kevin De Bruyne. L'après-midi commence bien pour la petite bande. La maman raconte: "Nous nous sommes rendus au stade, mon fils a eu l'occasion de prendre une photo près du car de Manchester, il était tout content."
Les enfants, qui ne veulent pas en perdre une miette, convainquent les adultes d'entrer dans l'enceinte du St Mary's Stadium à l'avance pour voir l'échauffement. "Mon fils adore les maillots, il portait un maillot de Manchester et il avait une veste entrouverte par-dessus parce qu'il ne faisait pas très chaud", cette précision d'Isabelle peut sembler anecdotique, mais elle ne l'est pas, au contraire. Elle continue: "Nous avons passé tous les contrôles de sécurité et, une fois arrivés dans les gradins, un steward a vu le maillot bleu ciel de mon fils. Il nous a dit de faire demi-tour et de repartir."
"Une catastrophe morale"
Un autre steward a tenté de calmer le jeu en demandant simplement au jeune d'enlever son maillot, ce qu'il a fait. "La situation n'était pas simple parce que sur un groupe de huit personnes, seulement deux maîtrisent bien l'anglais", se souvient la mère de famille. Le hic? Le premier agent de sécurité n'a pas changé d'idée, le groupe doit quitter le stade. "Ils ont haussé le ton, c'est devenu plus hostile et je ne suis pas parvenue à me défendre correctement en anglais", regrette-t-elle. À l'accueil, même constat, le parcage visiteur est complet et les supporters de Manchester ne peuvent pas rester dans la zone neutre.
Il n'y a pas d'autre choix possible, ils doivent se résoudre à sortir. Le rêve tourne au cauchemar, la petite famille est contrainte de voir le match, la victoire de Manchester et la symbolique centième passe décisive de Kevin De Bruyne depuis un bar près du stade. Les parents n'en reviennent toujours pas, Isabelle est émue en se remémorant: "Ça a été une catastrophe morale pour les enfants, les pleurs, tout. On n'aurait jamais imaginé que ça se passerait comme ça. On nous a traités comme des hooligans." Elle est désespérée: "Comment peut-on être aussi méchants avec des enfants?"
Cette mésaventure est aussi financière. Aller voir un match de football ça a un coût. Le groupe va tenter d'obtenir un remboursement, même si, "ça n'enlèvera rien à la valeur morale". Nous avons tenté de contacter le club pour obtenir une réaction, en vain.
Qu'en est-il chez nous ?
Est-il possible d'aller voir un match de Pro League, en zone neutre, avec le maillot de l'équipe visiteuse? Il est compliqué d'obtenir une réponse claire. Nous avons contacté plusieurs clubs belges qui ne donnent pas tous les mêmes éléments de réponse. Certains affirment que c'est interdit et que c'est stipulé dans le règlement quand d'autres ne sont pas au courant d'une quelconque règle relative à cette question. Dans le règlement d'ordre intérieur, on peut lire ceci: "Pour des raisons de sécurité, l'organisateur se réserve le droit de refuser l'accès au stade", sans plus de précision.
Selon Stijn Van Bever, porte-parole de la ligue, la question ne se pose pas: "Le mélange des supporters n'est pas admis par la police." La même règle est valable dans nos stades et selon lui, elle est respectée. Il va même plus loin: "La zone neutre n'existe pas vraiment." Elle servirait simplement à séparer les familles des groupes de supporters.
Si dans certains cas, il est tout de même possible de voir une personne avec le maillot de l'équipe visiteuse dans les tribunes dites "neutres", c'est que l'agent de sécurité a été clément. Dans l'absolu, il vaut mieux éviter. La règle ne s'applique, en revanche, pas pour les matchs de coupe du monde ou autres compétitions qui mettent en scène les équipes nationales dans un pays donné. Quant à Isabelle, on ne l'y reprendra plus.
Un peu de respect, s'il vous plaît. Cette dame raconte son histoire si elle veut. Soit vous mettez un commentaire de manière respectueuse et intelligente, soit vous n'avez rien à faire là. C'est des gens comme vous qu'on se fout.
Byron Raskin