La cour d'assises du Hainaut a prononcé son verdict jeudi, dans le cadre du procès de Madissone Massy (29 ans), poursuivie pour coups portés à son fils et l'assassinat de ce dernier.
Pour les faits du 18 juillet 2019, commis dans la chambre d'hôpital de Hornu, il s'agit d'un assassinat.
Les jurés motivent leur arrêt sur base de plusieurs éléments. D'abord, le 15 juillet, la maman a fait des recherches sur Internet avec comme mots-clés "bébé étouffé" ou "étouffement d'un enfant".
Le jour des faits, elle a placé une couverture sur le petit Enzo, alors que la température du mois de juillet était caniculaire. Elle a veillé à réclamer son plateau-repas afin d'être seule dans sa chambre, tandis que les infirmières distribuaient les plateaux chez les autres patients.
Elle a également débranché les électrodes placées sur l'enfant, alors que celui-ci dormait, ce qui explique que le système d'alarme ne s'est pas enclenché.
Juste avant de passer à l'acte, elle s'est promenée dans les couloirs de l'hôpital avec son fils dans les bras, afin de montrer qu'il allait bien et de donner l'excuse de la mort subite.
Enfin, les jurés ont basé leur décision sur l'exposé des médecins légistes, qui ont déclaré que la cause de la mort était une asphyxie mécanique. L'accusée a en effet avoué avoir fait pression sur le thorax de son fils, ce qui a provoqué sa mort.
Pour les faits du 16 juillet 2019, qui ont eu lieu dans le domicile familial à Wihéries (Dour), les jurés ont déclaré Madissone Massy coupable de coups portés à son fils, en état de vulnérabilité.
Le débat sur la peine a lieu ce jeudi.
Le syndrome de Münchhausen pas retenu dans le cadre du verdict
Laura Danneau, avocate des parties civiles, s'est exprimée à notre micro cet après-midi pour évoquer le verdict: "Le jury a repris exactement les propos que nous avons tenus lors de notre plaidoirie. Il y a notamment la couverture qui a été utilisée. Elle a aussi pris le soin de fermer la porte d’entrée de la chambre avant d’appuyer sur le torse de son fils. Elle a refusé qu’on place les électrodes sur le corps de son enfant dans la matinée et qu’elle se promène dans les couloirs avant de commettre son acte. Je ne pense pas que le syndrome de Münchhausen a été considéré comme une circonstance aggravante. On n’en a pas tenu compte dans le débat sur la culpabilité. Par contre, dans le débat sur la peine, j’imagine que la défense parlera de ce syndrome. La suite sur la peine ne nous appartient pas."
Me Guttadauria, avocat des grands-parents paternels d’Enzo, a également réagi après le verdict: "Les éléments qui ont permis au jury de retenir la préméditation sur le meurtre étaient des éléments avancés par les parties civiles. Notamment l’utilisation de la couverture et le fait qu’elle ait enlevé les électrodes à son enfant le matin même des faits, ce qui a empêché tout signal d’un arrêt respiratoire. Trois jours avant les faits, elle a fait des recherches sur Google, avec des mots qui étaient particulièrement interpellant, comme ‘Comment étouffer un bébé de 8 mois’. Le jury n’avait plus aucun doute sur la préméditation. Le syndrome de Münchhausen n’a pas été retenu dans le cadre du verdict car les experts psychiatres ont considéré que ce syndrome n’entraînait pas une déresponsabilisation de madame Massy sur le plan pénal. Elle a cette maladie, mais elle devait mettre en place les choses pour éviter que ce drame humain se produise."
