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"De nombreux paysans sont trop pauvres": la reine Mathilde réclame un revenu décent pour les cacaoculteurs

         La reine Mathilde a appelé, lundi, tous les acteurs prenant part au sommet international sur le cacao (World Cocoa Conference) à Bruxelles à tout mettre en oeuvre pour assurer un revenu décent aux agriculteurs locaux. Outre les raisons sociales et économiques plaidant en faveur d'un climat prospère pour les producteurs, la Reine estime que "l'argument le plus fort est peut-être d'ordre moral".

Notre monarque a rappelé la part dérisoire de la valeur du chocolat acheté par les consommateurs qui parvient finalement aux cacaoculteurs. Les commerçants, les industriels, les chocolatiers, les distributeurs se partagent 90 à 95% du prix final, souligne-t-elle. "L'équité plaide pour une augmentation du prix payé aux cacaoculteurs."

Forte de l'expérience de son déplacement début mars en Côte d'Ivoire, premier pays producteur de cacao, la Reine a rappelé que cette nécessité d'une juste rémunération des producteurs locaux rencontrait plusieurs Objectifs de Développement Durable "auxquels tous les Etats ont souscrit dans le cadre des Nations unies".

Le consommateur devra payer plus

Pour l'Organisation internationale du cacao (ICCO), il sera difficile de donner une part plus importante de la tablette de chocolat aux cacaoculteurs : "Les collecteurs, les broyeurs, les traders, les distributeurs... tous vous diront qu'ils perçoivent une faible marge", explique Michel Arrion, directeur exécutif de l'ICCO. Selon lui, une meilleure rémunération des paysans devra donc passer par une augmentation du prix du chocolat pour le consommateur final.

Pour la reine Mathilde, il s'agit certes de réduire la pauvreté, mais les enjeux sont aussi sociaux et environnementaux. "Les prix et la durabilité sont les deux faces de la même médaille", relate la Reine. "Tous les parents du monde veulent donner la meilleure éducation possible à leurs enfants, tous les paysans du monde savent combien ils dépendent de la nature et de la biodiversité. Mais beaucoup sont trop pauvres et se voient obligés d'envoyer leurs enfants aux champs plutôt qu'à l'école, ou de déboiser plutôt que de protéger la forêt", illustre-t-elle.

La place des femmes

Mathilde entrevoit également de nombreux domaines où le rôle et les compétences des femmes "pourraient être mieux reconnus et valorisés, que ce soit dans la production même du cacao, dans les traitements post-récolte ou dans la commercialisation".

Événement de premier plan dans l'industrie du cacao et du chocolat, la conférence mondiale sur le cacao se tient jusqu'à mercredi à Bruxelles. Elle réunit un millier de professionnels du secteur: cacaoculteurs, coopératives, exportateurs, négociants, fabricants, marques, détaillants... L'Organisation internationale du cacao (ICCO) a intitulé cette cinquième édition "Payer plus pour un cacao durable". 

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