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2.700 policiers à travers le monde portent le "coup le plus dur" à la mafia calabraise: l'enquête belge a joué un rôle majeur

Une opération de police de grande envergure menée simultanément dans plusieurs pays d'Europe a ciblé mercredi la mafia calabraise, la puissante 'Ndrangheta prééminente dans le trafic de drogue. Résultat: 132 arrestations. Il s'agit du "coup le plus dur infligé à ce jour à l'organisation criminelle italienne", a souligné Europol, l'agence de l'Union européenne pour la coopération policière.

Les pays concernés par cette opération, baptisée Eureka, sont en Europe l'Italie, l'Allemagne, la France, l'Espagne, le Portugal, la Slovénie, la Roumanie et la Belgique, et en Amérique latine le Brésil et Panama, a précisé Europol, qui a coordonné les différentes polices impliquées lors de cette opération coup de poing ayant donné lieu à 150 perquisitions. "Les arrestations de membres de la 'Ndrangheta effectuées en Italie et à l'étranger (...) représentent un autre résultat important dans la lutte contre les organisations criminelles", s'est félicité le ministre italien de l'Intérieur Matteo Piantedosi.

Plus de 2.700 policiers ont été mobilisés sur le terrain pour ce coup de filet lancé mercredi à l'aube, dont 1.400 rien que pour l'Italie.

Les opérations en Belgique

En Belgique, les perquisitions ont été lancées dès 5h du matin, notamment à Genk, Maasmechelen, Hasselt, Bilzen et Pelt. Un juge d'instruction du Limbourg a demandé ces opérations dans la zone. "En Belgique, on a engagé 150 policiers ce matin pour une bonne vingtaine de perquisitions, avec plus d'une dizaine de personnes qui sont interpellées à l'heure où je vous parle", nous a indiqué Eric Snoeck, directeur général de la police judiciaire fédérale.

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Le parquet fédéral et le parquet du Limbourg ont indiqué mercredi que 13 personnes avaient été interpellées en Belgique. Des sources judiciaires ont confirmé que l'un de ces suspects est Lucio Aquino, un membre d'une famille limbourgeoise qui a déjà eu plusieurs fois affaire à la justice pour des délits liés à la drogue.  Trois des suspects interpellés seront remis à l'Italie. Pour les autres suspects, le parquet fédéral n'a encore donné aucune information.

Le rôle de l'enquête belge

Les arrestations sont le fruit d'une longue enquête lancée par le parquet fédéral belge en juin 2018 suite à des informations obtenues dans le Limbourg. C'est donc la Belgique qui a servi de point de départ et d'amplificateur à l'enquête. Comme indiqué ci-dessus, l'enquête a abouti à l'arrestation de plus d'une centaine de suspects.

Trafic de drogue, trafic d'armes, blanchiment d'argent...

La 'Ndrangheta domine le marché de la cocaïne sur le Vieux Continent, où elle est aussi impliquée dans des affaires de blanchiment d'argent, de corruption et de violence. 

L'enquête a d'ailleurs confirmé d'importants flux de drogues entre l'Amérique du Sud et l'Europe, gérés notamment par le clan de San Luca en Calabre, la pointe de la Botte italienne. Les familles à la tête de ce réseau criminel sont aussi impliquées depuis des décennies dans des violences pour se disputer ce juteux marché, qui ont culminé avec le massacre de Duisbourg en Allemagne, en 2007.

Selon le parquet italien, des sociétés et biens immobiliers ont en outre été saisis pour un montant de 25 millions d'euros. Dans le cadre de ces investigations, dont le volet italien a débuté en juin 2019, les autorités italiennes et belges ont pu attribuer à la 'Ndrangetha l'importation et le trafic de plus de six tonnes de cocaïne sur la période allant d'octobre 2019 à janvier 2022.

Le chemin de la drogue et de l'argent

La cocaïne sud-américaine transitait par les ports de Colon (Panama), Gioia Tauro (Calabre) et Anvers (Belgique) mais aussi d'autres ports en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas (Rotterdam), grâce aux accords noués par la 'Ndrangheta avec l'organisation criminelle colombienne du Clan del Golfo et un autre groupe criminel de souche albanaise opérant en Equateur et en Europe.

Les enquêteurs ont aussi mis au jour une proposition de fournir à une organisation paramilitaire brésilienne, Primeiro Comando da Capital (PCC), un conteneur rempli d'armes de guerre par l'intermédiaire de criminels pakistanais en échange de l'acheminement d'énormes quantités de drogues au port de Gioia Tauro.

L'argent issu de ces trafics a été réinvesti, entre autres, dans le secteur immobilier, des hôtels, des restaurants et des supermarchés, notamment en Allemagne, en Belgique, en Italie, au Portugal, au Brésil, en Uruguay et en Argentine.

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