Le jury et la Cour, réunis en collège, sont parvenus vendredi, après cinq jours de délibération, à un verdict concernant les peines à infliger aux huit hommes reconnus coupables de terrorisme dans le cadre du procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, qui ont fait 35 morts et des centaines de blessés. Notre journaliste Dominique Demoulin était sur place.
C'est l'aboutissement de 9 mois de procès, la fin de "l'une des pages les plus sombres de l'histoire récente du pays", décrit Dominique Demoulin. Les huit accusés reconnus coupables des attentats du 22 mars 2016 connaissent maintenant leurs peines. "Un verdict modéré et très personnalisé", analyse-t-elle. Des circonstances atténuantes ont été retenues pour plusieurs accusés, mais aucune déchéance de nationalité n'a été prononcé.
Les circonstances atténuantes ont été retenues pour Mohamed Abrini, en raison de sa condamnation de Paris. Le collège a tout de même retenu la gravité des faits et sa dangerosité. Il n'est pas déchu de sa nationalité belge. "L'homme au chapeau" écope de 30 ans de prison et la mise à disposition du TAP durant 5 ans.
Pour Salah Abdeslam, les circonstances atténuantes ont aussi été retenues, pour la même raison. "La Cour souligne un début de remise en question et la place qu’il commence à reconnaître aux victimes. Les 20 ans de prison qu’il a pris pour la fusillade de la rue du Dries sont suffisants, dit la Cour", explique notre journaliste sur place, Dominique Demoulin. La Cour souligne aussi le fait qu'il n'a pas participé à la fabrication d'explosifs ou d'achats. Il n'a pas de peine supplémentaire. Il s'est par contre vu déchoir de son droit de vote en Belgique (aux élections communales et européennes), ainsi que de ses droits civiques et politiques.
Osama Krayem, n'a pas de circonstances atténuantes. La Cour a évoqué la gravité des faits et son implication dans l'achat et la confection des explosifs. Il est condamné à la perpétuité et est mis à la disposition du TAP durant 10 ans. Le Suédois, qui avait renoncé à se faire exploser dans le métro bruxellois, a été reconnu coupable d'être co-auteur des attentats du 22 mars 2016. Il a notamment été l'un des membres de la cellule terroriste les plus actifs dans la fabrication des bombes.
Les circonstances atténuantes ont aussi été retenues pour Sofien Ayari, car il avait déjà été condamné à 30 ans de prison à Paris en 2022 et à 20 pour la fusillade de la rue du Dries. Il n'a pas de peine supplémentaire à celle de la fusillade de la rue du Dries. Le Tunisien n'est pas co-auteur des attentats du 22 mars 2016, mais il avait par contre été reconnu coupable d'avoir fait partie de la cellule terroriste responsable de ces attaques.
Ali El Haddad Asufi a été condamné à une peine de 20 ans de prison et à une mise à disposition du tribunal de l'application des peines (TAP) pendant 10 ans. Cet homme a été reconnu coupable d'être co-auteur des attentats du 22 mars 2016. Il était l'un des plus proches amis du kamikaze Ibrahim El Bakraoui et avait, selon le jury, "renoncé à acquérir une connaissance plus précise" de ce que fomentait son comparse.
Bilal El Makhoukhi n'a pas de circonstances atténuantes. Il est condamné à la réclusion à perpétuité. Il sera mis disposition du TAP, mais la déchéance de nationalité n'est pas prononcée. L'ancien combattant de l'État islamique en Syrie, où il a été grièvement blessé, a été reconnu coupable d'être co-auteur des attentats du 22 mars 2016. Il était "l'homme de confiance" de la cellule terroriste à l'origine de ces attaques, jouant le rôle à la fois de "recruteur dans la logistique" et de "coordinateur des déplacements urgents de membres de la cellule terroriste".
Hervé Bayingana Muhirwa, reconnu coupable de participation aux activités d'un groupe terroriste dans le cadre du procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, a été condamné à 10 ans d'emprisonnement, soit le maximum encouru pour ce chef d'accusation, et 3.000 euros d'amende. Le Rwandais d'origine n'a, par contre, pas été déchu de sa nationalité belge.
Oussama Atar a été condamné par défaut à la réclusion à perpétuité et à une mise à disposition du tribunal de l'application des peines (TAP) pendant 14 ans. L'homme, qui est présumé mort, a été reconnu coupable d'avoir coordonné les attentats du 22 mars 2016 depuis la Syrie.

C'est pas assez.