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Clés pour comprendre: c'est quoi un "compteur qui tourne à l'envers" ?

Des compteurs qui "tournent à l'envers", l'électricité "IN" et "OUT", le tarif "prosumer", ce sont des termes que nous entendons quotidiennement. RTL info vous donne des clés pour comprendre les systèmes électriques des panneaux photovoltaïques.

Combinés aux panneaux photovoltaïques, les vieux compteurs mécaniques semblent parfois "tourner dans l'autre sens". Qu'est-ce que cela signifie ? Pourquoi la consommation d'électricité semble baisser à ce moment-là ? Est-ce que les nouveaux compteurs produisent le même phénomène ? Vont-ils être obligatoire dans le futur ? Explication.

Pourquoi un compteur tourne à l'envers ?

Lionel Boembeke est responsable projet électricité et automation industrielle dans un bureau d'études en électricité et automation. Il explique que "les anciens compteurs enregistrent l'électricité consommée en faisant tourner mécaniquement un disque". Ils tournent donc progressivement à mesure que la quantité d'électricité est consommée, le nombre de kilowatts affichés sur des petits chiffres en plastique noir et blanc augmente dans la même proportion, servant à calculer les relevés annuels, par exemple. Cependant, il arrive qu'un compteur "tourne à l'envers" ; c'est ce qu'il se produit "lorsque des panneaux solaires produisent plus d'électricité que nécessaire". De l'électricité traverse le compteur dans l'autre sens, la roue et les chiffres tournent "à l'envers". 

Ce mécanisme posait un problème puisque "le relevé étant inscrit annuellement sur un index unique, il est donc impossible de différencier l'électricité produite, de celle consommée". Avec ce type de compteur, il est impossible de savoir exactement ce que vous avez produit et consommé. Donc, techniquement, l'électricité "produite" est "rachetée" au prix de l'électricité "consommée".

Le principe de compensation

On appelle ça le "principe de compensation" Anne-Elisabeth Sprimont, responsable communication de la Commission wallonne pour l'Énergie (CWaPE), explicite ce dernier : "Tout ce qui est produit est effacé de la facture et si ce n'est pas auto-consommé, l'électricité produite servira sur la facture finale à effacer tout ce qui a été consommé". 

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Elle précise que "ce principe va disparaître dès 2024, avec les nouveaux compteurs" dit "communicants". Le prix total sur la facture d'électricité sera calculé différemment.

Qu'est-ce qui va changer avec les nouveaux compteurs communicants ?

En ce qui concerne ces nouveaux compteurs, Lionel explique que "contrairement aux anciens compteurs, les nouveaux compteurs calculent distinctement l'électricité produite et consommée", c'est ce qu'on appelle l'électricité "IN" et l'électricité "OUT". Désormais, vous devrez consommer directement l'électricité que vous produisiez, ou alors elle sera "perdue". Vous ne pouvez plus la stocker, comme avec les compteurs mécaniques.

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En effet, comme le précise Anne-Elisabeth, "l'électricité est auto-consommée directement et ce qui n'est pas utilisé ne pourra pas être utilisé plus tard". Quelle solution pour cette électricité perdue ? "On propose de racheter cette partie qui n'est pas auto-consommée à un tarif de rachat ou d'injection", affirme la CWaPE. Il s'agit cette fois, de l'électricité que vous "injectez dans le réseau" et que vous "vendez" à votre fournisseur d'énergie.

Le tarif de "rachat"

Pour le consommateur, ce qui change, c'est que "l'électricité consommée est facturée au tarif normal, tandis que l'électricité produite est rémunérée à un tarif spécifique, généralement inférieur au prix d'achat", dit Lionel, responsable projet électricité.

Avec ce type de compteur, vous paierez les kilowattheures que vous n'aurez pas consommés au moment de leur production. Cela au tarif de votre fournisseur et lui vous paiera le "rachat" des kilowattheures que vous avez produits en trop via vos panneaux photovoltaïques, mais à un moindre prix. Donc, techniquement, l'électricité "produite" est "rachetée" moins cher que le prix de l'électricité "consommée".

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Pourquoi le prix de rachat est souvent moins cher que le prix de base ?

Actuellement, les fournisseurs ne rachètent pas encore l'électricité, mais certains ont déjà mis en ligne les fiches prévues pour cela, comme Engie. Ils vendent actuellement l'électricité à 16,176 €/kWh et la rachètent à 5,592 €/kWh.

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Comment expliquer cette différence de prix ? La CWaPE analyse cela : "Lorsque le fournisseur rachète l'énergie, c'est quand elle est produite en masse et donc la désirabilité de l'électricité à ce moment-là n'est pas dingue. De plus, ils rachètent au particulier, donc sans savoir quand ils vont produire, sans stabilité, donc cela a peu de valeur au niveau du rachat".

Toutes les nouvelles installations après le 1er janvier 2024 et les installations non certifiées avant cette date n'auront donc plus droit au "principe de compensation" et passeront au "tarif d'injection". Exception faite pour la Wallonie : "Tous ceux qui ont installé des panneaux, mais qui n'ont pas encore reçu leur certification continuent avec le premier principe" clarifie Anne-Elisabeth Sprimont

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